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La Naissance de la tragédie

Publié le 05/04/2013

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La Naissance de la tragédie est dédié à Richard Wagner, que Nietzsche admira beaucoup durant sa jeunesse : l'opéra wagnérien lui apparaît comme un retour génial à cette oeuvre d'art totale qu'était la tragédie grecque. La Naissance de la tragédie est le premier texte important de Nietzsche ; il fut écrit en 1870- son auteur avait vingt-six ans !

« Nietzsche a révolutionné les thèses classiques sur la tragédie ; devant la réaction de ses collègues professeurs, il déclara : « J'ai fusillé ma carrière ! » «J'entends par esprit scientifique la croyance, venue au jour avec Socrate, que la nature peut-être connue jusqu'en ses fondements et que le savoir possède en soi une vertu salutaire universelle.

» EXTRAITS~ ~~~~~~ - Pour Nietzsche, l'essentiel de la tragédie comme de tout art reste le pôle dionysiaque Tout notre monde moderne est enfermé dans le réseau de la civilisation alexandrine et a pour idéal l'homme théorique doué des facultés intellectuelles les plus hautes, mises au service de la science ; le type et l'ancêtre en est Socrate.

Toutes nos institutions péda­ gogiques se sont proposé d'abord cet idéal, les autres formes de l'existence ont dû conquérir de haute lutte le droit d'être tolérées, n'ayant point été prévues.

Il est ef­ frayant de constater, à quel point, pendant longtemps, on ne s'est représenté l'homme cultivé que sous les espèces du savant.

La Naissance de la tragédie est l'occasion pour son auteur de définir, de juger son époque L'art dionysiaque lui aussi cherche à nous persuader de l'éternelle volupté d'exister ; cette volupté, toutefois, nous avons à la chercher non dans les phénomènes mais au-delà des phé­ nomènes.

Il nous faut d'abord reconnaître que tout ce qui naît doit se préparer à périr dans la douleur, nous sommes contraints de plonger le regard dans les terreurs de l'existence individuelle, sans en être figés d'horreur, une consolation métaphysique nous arrache momentanément au tourbillon des formes changeantes.

Nous nous identi­ fions vraiment, pour de brefs instants, à l' Être originel dont nous éprouvons la soif insatiable d'exister.

La lutte, le tourment, la destruction des phénomènes nous parais- sent à présent nécessaires, vu la surabon­ dance des formes innombrables qui se pres­ sent et se bousculent dans l'existence, vu la fécondité débordante du vouloir universel.

Nous nous sentons transpercés par l'ai­ guillon furieux de ces maux, à l'instant même où nous nous sommes pour ainsi dire identifiés avec l'incommensurable volupté qui est à l'origine del' existence, au moment où nous pressentons dans l'extase diony­ siaque l'éternité indestructible de cette volupté.

Cette réflexion sur la tragédie permet à Nietzsche de développer une esthétique étrangement moderne Il me faut ici me lancer hardiment dans une métaphysique de l'art et répéter mon premier principe, que l'existence et le monde ne sont justifiables qu'en tant que phénomènes esthétiques.

Le mythe tragique doit nous convaincre que même la laideur et la dissonance sont un jeu artiste que le vouloir joue avec lui-même, dans l'éternelle profusion de son plaisir.

Traduit de l'allemand par G.

Bianquis « Cette heureuse nécessité du rêve, les Grecs l'ont en quelque sorte exprimée dans leur Apollon : Apollon, dieu des énergies qui façonnent, est en même temps le dieu des prophéties.

» NOTES DE L'ÉDITEUR «La Naissance de la tragédie est l'éclatant début d'un grand écrivain.

C'est un de ces livres dont la littérature est si riche : ils sont sa force et sa faiblesse.

Un jeune helléniste de vingt-six ans s'attaque à l'un des problèmes les plus délicats et les plus controversés de la philologie grecque, l'origine de la tragédie.» Geneviève Bianquis, préface, Gallimard,1949.

« Cette totalité de la réalité artistique, Nietzsche l'a toujours en vue, de quelque manière qu'il parle de ce dans quoi l'art parvient à son essence( ...

), le grand style est le suprême sentiment de puissance.

D'où il apparaît clairement que( ...

) l'art est une structure de la Volonté de puissance( ...

), l'art de grand style est le simple calme avec lequel s'exerce la maîtrise préservatrice sur la suprême abondance de la vie.

» Martin Heidegger, Nietzsche, Gallimard, 1971.

«On n'a jamais compris, selon Nietzsche, ce qu'était le tragique: tragique= joyeux.

Autre façon de poser la grande équation : vouloir= créer.( ...

) Tragique est l'affirmation: parce qu'elle affirme le hasard et, du hasard, la nécessité( ...

), 1 VIP I Sipa-lcono 2, 3, 4 dessins de Maja I D.R.

tout le reste est nihilisme.

» Gilles Deleuze, Nietzsche et la philosophie, PUF, 1962.

NIETZSCHE 03. »

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