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La naissance du jour (Colette)

Publié le 22/02/2012

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lette, auteur du XX e siècle, entame sa carrière d'écrivain et d'autobiographe par une série de livres relatant des souvenirs d'enfance. Déjà journaliste et romancière de renom, elle écrit, en 1928, une autobiographie, La Naissance du jour. L'extrait du corpus présente un passage où Colette parle de sa mère à partir d'une lettre dans laquelle cette dernière refusait une invitation de son gendre pour voir éclore une fleur rare. Cette lettre, que l'autobiographe avait conservée, lui sert de fil conducteur pour évoquer la personnalité de sa mère. Nous étudierons dans un premier temps la technique utilisée par l'autobiographe pour parler de sa mère, puis nous montrerons en quoi l'extrait s'inscrit dans les enjeux de l'autobiographie.

« la capacité d'aimer.

La description faite de cette femme aux multiples qualités d'ouverture sur les autres estcouronnée par sa comparaison à une fleur.

Une fleur au moment où elle est la plus belle, à son éclosion, tout au longde sa vie «qui ne cessa elle-même d'éclore, infatigablement». Si, au fil du texte, Colette fait l'éloge de la femme qu'était sa mère, elle parle aussi d'elle en insistant, parquatre occurrences de l'expression «je suis la fille de», qu'elle est sa génitrice.

Ainsi, par ce procédé d'anaphore, ellemontre sa fierté d'être la fille de quelqu'un comme sa mère.

Elle nous montre aussi qu'être sa fille, ce qui impliquehériter de certaines de ses qualités est, en plus d'une fierté, un certain apaisement pour l'autobiographe : «je puispourtant me redresser et me dire» qui trouve dans l'attitudede sa mère un modèle, qu'il lui est d'autant plus facile àsuivre qu'il fait partie d'elle.

A travers cet éloge de sa mère, c'est sa fierté et ses raisons de l'aimer et de l'admirerqu'elle développe.

L'envie de ressembler au modèle qu'était sa mère s'exprime aussi dans son souhait de ne pasoublier ses origines, «puissé-je n'oublier jamais que je suis la fille d'une telle femme».

Colette justifie son envie deressembler à cette femme remarquable en insistant sur le fait qu'en plus, elle soit sa mère. En faisant une présentation aussi élogieuse de la femme généreuse et attentionnée envers les autresqu'était sa mère, et surtout en lui consacrant une part de son autobiographie, Colette veut lui rendre hommage.

Eneffet, son désir de «n'oublier jamais» correspond à un des enjeux de l'autobiographie.

Elle immortalise, en l'écrivant,le mémoire de sa mère.

Son écrit reprend aussi un autre enjeu de l'autobiographique qui est la quête de soi.

Pourmieux comprendre qui elle est, Colette essaie, à travers le récit, de comprendre qui était sa mère.

Revenir sur sesorigines lui permet de s'affirmer, y compris dans les moments pénibles «au cours des heures où je me sens inférieureà tout ce qui m'entoure».

Le fait que sa mère soit à ce point impliquée dans la quête de soi de l'autobiographemontre l'importance qui lui était accordée et qu'elle avait dû avoir dans sa construction en tant qu'enfant puisadulte. Pour Colette donc, la place de la mère dans son oeuvre est importante.

Elle va jusqu'à donner au souvenirde sa mère une source de force mais aussi de sagesse.

En effet, Colette avoue se sentir fière et rassurée de serappeler comment était sa mère.

Elle admire aussi son attitude face à l'âge : à 76 ans, elle est encore émerveilléepar l'éclosion d'une fleur rare.

Elle est montrée comme une femme simple qui n'a pas peur de la mort.

Cette force etce calme dont Colette nous parle, elle voudrait, elle aussi, l'acquérir, au moment où elle a peur de vieillir : «menacéepar ma propre médiocrité, effrayée de voir qu'un muscle perd de sa vigueur».

Ainsi, Colette voit en sa mère lemodèle qu'elle doit suivre pour vieillir tranquillement, en restant émerveillée.

C'est cet émerveillement permanent queColette retient de sa mère : «qui ne cessa elle-même d'éclore, infatigablement, pendant trois quarts de siècle».C'est donc aussi, en plus de l'envie de ne pas l'oublier et de la quête de soi, le besoin de devenir comme elle quipousse Colette à donner une place à sa mère dans son oeuvre. L'autobiographe, qui ne part que d'une lettre, évoque grâce à elle des souvenirs antérieurs qui luipermettent de décrire sa mère en tant que femme admirable mais aussi en tant que mère, la plaçant ainsi commerepère.

Colette, en évoquant le souvenir de sa mère, cherche à l'immortalise dans sa mémoire et à se trouver.

Encomprenant mieux qui était sa mère, elle veut comprendre qui elle est.

Ce souhait de rendre hommage à sa mère parl'écriture tout en menant, à travers elle, une quête de soi, est une caractéristique de l'autobiographie que nouspouvons retrouver, énoncé plus ou moins clairement, dans les autres textes du corpus ou dans l' Africain de J.M.G. Le Clezio, qui a poursuivi la même démarche que son père.. »

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