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La Peste de Camus (résumé & analyse)

Publié le 21/11/2018

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La Peste

 

Parue le 6 juin 1947, la Peste obtint immédiatement un immense succès et se vit attribuer, une semaine plus tard, le prix des Critiques. Pourtant, Camus n’était guère satisfait de son manuscrit, qu’il avait désespéré de jamais achever (« De toute ma vie, jamais un tel sentiment d’échec » — Carnets). Destiné à proposer une réponse au sentiment de l’absurde en faisant pendant à l'Homme révolté dans le cycle de la Révolte, le roman était en préparation depuis 1939; les circonstances de l'Occupation n’avaient fait qu’infléchir le projet initial, inspiré sans doute d’Artaud (« le Théâtre et la peste », repris en 1938 dans le Théâtre et son double), et qui prit forme sous l’influence de Melville — dont Camus admirait Moby Dick —, et du Journal de Tannée de la peste de Daniel Defoë.

 

Synopsis. — I. Le narrateur se propose de relater le plus fidèlement possible les « curieux événements » qui se sont produits «en 194., à Oran » : inexplicablement, les rats sont sortis de leurs cachettes et venus mourir dans les lieux publics; dans la ville où l'angoisse monte, les habitants sont frappés et meurent à leur tour, en nombre croissant. Le docteur Rieux, qui d’abord se refuse à croire à la peste, presse les autorités d’agir. L’état de peste est déclaré, la ville fermée.

 

II. Les Oranais étant tous confrontés au même drame de l’isolement et de la séparation, le narrateur peut témoigner pour eux tous. Le nombre des victimes ne cesse de croître; Rieux cherche à combattre le fléau de façon pragmatique, tandis que le journaliste Rambert tente de quitter la ville pour rejoindre sa femme. Le père Paneloux, dans un sermon qui clôture une semaine de prières collectives, voit dans le fléau I avertissement lancé par Dieu aux pécheurs. Quant à Tarroj, qui ne croit pas en Dieu, il organise des équipes sanitaires, au nom d’une morale de la « compréhension ».

 

III. En pleir été. le fléau redouble de violence. Les enterrements sont expédiés comme des formalités administratives. Dans la /ille sillonnée chaque nuit par des tramways emportant les cadavres vers les fours crématoires, on crée des camps d'isolement; des révoltes éclatent.

 

IV. Alors qje le travail des équipes sanitaires se poursuit dans la fatigue et l'accablement, Rambert, à qui s'offrait une chance de quitter la ville, décide de rester. Au terme d’une agonie pathétique, le jeune fils du juge Othon meurt de la peste. Rieux crie sa révolte à Paneloux qui, dans un second prêche, confus, formule la nécessité d'aimer Dieu sous peine d’avoir à le haïr, face au scandale de la mort; lui-même meurt peu après. Tarrou explique à Rieux son attitude : il a décidé de n'être jamais du côté des meurtriers, et recherche une forme de sainteté laïque. Un nouveau sérum, efficace, ayant été mis au point, la peste commence à reculer.

Dans une première version du récit, très proche du Mythe de Sisyphe, Camus s’était proposé de montrer « l’équivalence profonde des points de vue individuels en face du même absurde ». Il a progressivement abouti à une vision inverse : les personnages de premier plan représentent en effet, dans la version définitive, autant de réponses différentes au mal. Les fausses solutions sont du côté des deux ordres factices qui se conjuguaient déjà pour accabler Meursault : l’ordre social, représenté par le juge Othon, totalement désespéré par la mort de son fils — mais « comment aider un juge? » demandera Tarrou; l'ordre religieux, représenté par Paneloux

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« Cependant, le mythe reste vivant, et échappe au didac­ tisme de l'apologue, grâce au choix judicieux de la « chronique », explicite dès la première phrase du livre; rendant compte des événements successifs sans chercher à les réorganiser, le chroniqueur est le témoin par excel­ lence, celui pour qui l'ordre -ou le désordre -du réel s'impose avant l'ordre du langage.

De ce fait les tâtonnements de l'expression, explicables de la part d'un écrivain occasionnel comme Rieux, prennent une valeur essentielle : contre la tentation du lyrisme - que Camus se reconnaissait et voulait combattre -, et contre la fausse rationalité que tout langage crée, ils disent l'affrontement d'une conscience lucide et d'un monde qui se dérobe à toute signification rassurante.

Rieux ne dit-il pas aux responsables de la ville : «Ce n'est pas une question de vocabulaire »? Il comprendra plus tard qu'« on ne peut pas en même temps guérir et savoir ».

Si le narrateur se met en scène à la fin du récit, ce n'est donc pas, à la façon de Proust, pour fonder rétrospectivement l'œuvre écrite, c'est au contraire pour laisser au langage la part modeste qui est la sienne, et renvoyer le lecteur au réel, c'est-à-dire à l'action.

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