Devoir de Philosophie

La Pharisienne de Mauriac (résumé & analyse)

Publié le 24/11/2018

Extrait du document

La Pharisienne

 

La Pharisienne (1941) témoigne de la sensibilité de Mauriac, en tant que chrétien, en tant qu’écrivain.

 

Brigitte Pian, la pharisienne, représente tout ce contre quoi il n’a cessé de lutter : une religion de conformité à la lettre et non à l’esprit de l’Evangile, un conformisme altérant la charité du Christ en un rigorisme pointilleux, oubliant « que ce n’est pas de mériter qui importe, mais d’aimer». La vertueuse intransigeance de Brigitte Pian, « ce tissu serré de perfection et de mérite dont elle s’enveloppait tout entière », bride constamment Louis Pian, son beau-fils; multiplie les obstacles à l’amour de Michèle, sa belle-fille, et de Jean de Mirbel; dénonce l’abbé Calou à ses supérieurs; mène avec machiavélisme son mari à une déchéance mortelle; accule à une misère fatale le couple M. Puybaraud/Octavie. La mort de celle-ci révèle à Brigitte Pian combien elle est coupable, mais elle ne parviendra — et non sans sursauts — à la véritable humilité qu’au soir de sa vie.

« « tout entier à tous et à chacun>> , pour sauver l'amour vieilli du couple Michèle/Jean de Mirbel et confier le petit Roland, enfant de l'Assistance, à Dominique.

Xavier est l'incarnation même de 1'« esprit du Christ >>, celui qui a choisi entre « tuer ce que nous aimons ou mourir pour ce que nous aimons»; c'est l'ami­ pharisienne par excellence.

Mauriac et la liberté de ses personnages Si, dans Dieu et Mammon (1929), titre dG à André Gide, Mauriac s'interroge surtout sur le problème moral, religieux, du romancier catholique, romancier et catholi­ que, sa réflexion, dans le Roman ( 1928) et dans le Romancier et ses personnages ( 1933), concerne les aspects théoriques du genre romanesque, considéré comme point de rencontre de deux exigences : «d'une part, écrire une œuvre logique et raisonnable -d'autre part, laisser aux personnages l'indétermination et le mys­ tère de la vie >>.

« Singe de Dieu >>, le romancier crée des hommes et des femmes vivants, empruntés au réel, mais qu'il resti­ tue après avoir usé de son « formidable pouvoir de défor­ mation et de grossissement >>.

Amplifiées.

simplifiées, ses créatures « forment une humanité qui n'est pas une humanité de c:1air et d'os, mais qui en est une image transposée et stylisée>> : «des planches d'anatomie morale>> .

Tant il est vrai (raison essentielle du refus par Mau­ riac, plus tard, du Nouveau Roman «qui ne comporte ni caractères, ni types, ni figures dessinées d'un trait appuyé>>).

Mais pour que vivent ces personnages du roman, encore faut-il que le romancier n'intervienne pas arbitrairement dans leur destinée; que ces êtres, comme chez Dostoïevski, entretiennent l'inquiétude; qu 'ils aient de la résistance et se défendent âprement, obligent l'écri­ vain à changer la direction du livre vers des horizons non entrevus.

Ainsi seulement seront conciliées «la liberté de la créature et la liberté du Créateur >>.

Or.

c'est précisément à l'application de ces idées dans la Fin de la nuit que Sartre s'en prit en son article fameux « M.

Mauriac et la liberté >>, dans /a Nouvelle Revue française de février 1939 (repris dans Situations 1, 1947).

Tous les reproches -temps du lecteur non captivé, technique théâtrale «plus tragique que romanesque>>, « va-ct-vient de Thérèse-sujet à Thérèse-objet >> partici­ pant d'une lucidité divine du romancier, de l'omnis­ cience de Dieu ...

- s'organisent autour de la conception même de la liberté de Thérèse : pour Sartre, «M.

Mau­ riac assassine la conscience de ses personnages >>; ; «en ciselant sa Thérèse sub specie cetemitatis [il] en fait d'abord une chose>> .

Pour Sartre, Mauriac enferme son personnage dans un Destin « qui représente, au sein de la Nature [ ...

] la puissance du Surnaturel >> : «Thérèse est prévisible jusque dans sa liberté>>, laquelle «diffère de la servitude par sa valeur, non par sa nature>>.

«Est libre toute intention dirigée vers le haut, Yers le Bien; est enchaînée toute volonté vers le Mal ».

« Ainsi la Fin de la nuit, qui, dans la pensée de M.

Mauriac, doit être le roman d'une liberté, nous apparaît surtout comme l'histoire d'une servitude >).

Ce réquisitoire émut fortement Mauriac.

Pour lui, qui avait cru manifester « le pouvoir départi aux créatures les plus chargées de fatalité -ce pouvoir de dire non à la loi qui les écrase >>, cet article apparut comme le constat d'échec de toute son activité de romancier.

Mauriac n'entretint pas la polémique ...

mais il tint compte de ces remarques dans sa production romanesque ultérieure (cf.

la Pharisienne).. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles