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La Somme théologique de saint Thomas d'Aquin

Publié le 26/06/2012

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saint thomas

 

            Église, 1266-1273

La Somme théologique de saint Thomas d'Aquin fut écrite entre 1266 et 1273, en Italie et à Paris, où le grand théologien résida de 1269 à 1272. Elle tient une place capitale dans l'histoire de la pensée occidentale.

Thomas d'Aquin distingue entre la raison et la foi, mais affirme la nécessité de leur accord. La philosophie est le domaine de la raison, la théologie cherche son appui dans la révélation. Ni la raison, lorsque nous l'utilisons correctement, ni la révélation, qui vient de Dieu, ne sauraient nous tromper. Or, la vérité ne peut contredire la vérité. Toutes les fois qu'une affirmation philosophique contredit le dogme, c'est que la raison est défaillante : on peut alors rechercher la cause de son erreur; et la foi est alors un utile auxiliaire de la raison. En revanche, la raison peut aussi étayer la foi, car il vaut mieux, lorsque le choix nous en est laissé, comprendre que croire : la raison élabore la théologie naturelle, couronnement de toute philosophie.

Ce n'est qu'à la fin du XVIe siècle que l'immense construction théologique élaborée par saint Thomas d'Aquin a commencé à faire autorité dans l'enseignement ecclésiastique. En 1879, l'encyclique AEterni patris du pape Léon XIII en a fait la base de l'enseignement philosophique dans les séminaires et les universités catholiques.

 

Certaines oeuvres de Thomas d'Aquin sont directement philosophiques (comme l'Être et l'essence) ou apparemment plus accessibles (comme la Somme contre les Gentils) que ne l' est la Somme théologique (Le Cerf, 1994). Présenter celle-ci, c' est ten­ter de faire entrer le lecteur dans le mode de pensée de Thomas, tant du point de vue de l'articulation des savoirs qu'en ce qui concerne la méthode scolastique. Le prologue de la Somme théologique (1266 et 1274) la caractérise comme un ouvrage pour débutants. Non qu'elle soit d'accès facile, car l' oeuvre est monumentale (quatre gros volumes dans l' édition récente du Cerf), ni que son contenu soit simplifié ; mais parce qu' elle évite « la multiplication des questions inutiles », les répétitions ou les propos de circonstance, pour présenter son contenu « selon l'ordre même de la discipline » qu' est la « doctrine sacrée ».

Le plan de la Somme réalise ce projet : une introduction traite de la théologie comme science (au sens de l'époque : savoir raisonné et organisé), et la première partie s'attache à l'objet de ce savoir, Dieu lui-même, sujet et objet de la théologie, présenté en trois sections : le Dieu unique, la Trinité, Dieu créateur. La deuxième partie est d'abord consacrée à l'homme, en tant qu'image de Dieu, principe de ses propres oeuvres (il est donc un être moral). Après une ouverture sur la béatitude comme fin ultime de l'homme sont examinés les actes humains, la loi et la grâce. Puis l'auteur passe en revue les vertus et les charismes. Ensuite seulement sont abordés le contenu christologique de la foi et les sacrements, qui forment la troisième partie — c' est-à-dire les événements du salut, qui sui­vent ainsi l'exposé portant sur l'essence des acteurs du salut, Dieu et l'homme.

Nous présenterons ici la prima pars, centrée sur Dieu, ainsi que la première moitié de la deuxième partie dite prima secundœ (ou la He), consacrée aux actes humains.

1. LA THÉOLOGIE ET L'ESSENCE DIVINE

saint thomas

« B.

L'existence de Dieu t Dieu existe-t-il? La question ne part pas d'un doute sur l'existence de Dieu, et elle n'est pas une réfutation de l'athéisme ; elle réagit contre la position qui soutient que l'existence de Dieu est si évidente qu'il n'y a pas à l'établir en raison.

t L'existence de Dieu, en effet, est évidente en soi, mais elle n'est pas évidente pour nous.

Thomas propose donc cinq voies pour l'établir à partir de l'expérience créée, reprenant notamment l'argument dit« ontologique» de saint Anselme en le réinterprétant.

t Ensuite, comment est Dieu, ou plutôt -puisqu'il s'agit de Dieu que notre pensée ne peut saisir totalement-, comment n'est-Il pas ? Dieu est « connu comme inconnu », et nous ne pouvons savoir« ce qu'il est».

t La série des questions suivantes part de ce principe pour s'interroger sur la simplicité de Dieu, Sa perfection et Sa bonté, Son infinité et Sa présence dans les choses, Son immutabilité et Son éternité, Son unité.

t La question XIII porte sur les noms divins : elle examine comment Dieu nous est connu.

Aucun nom n'est adéquat, et pourtant les noms que nous utilisons pour parler de Dieu visent bien Dieu Lui-Même.

Nous parlons parfois par métaphores (cf Dieu est mon rocher), mais d'autres noms sont employés comme des termes spécifiques qui visent bien l'essence même de Dieu, mais ne peuvent le faire qu'à partir de l'expérience humaine -et des lois de son langage ; nous parlons donc de Dieu selon une analogie (d'attribution).« Celui qui est» (Exode 3) est un nom qui convient particulièrement à Dieu dont il souligne l'existence, l'universalité et l'éternité.

C.

L'activité de Dieu t La science et la manière dont Dieu connaît les choses, telle est la première forme de l'opération de Dieu: c'est la question des idées divines (transposition des Idées de Platon, à la suite d'Augustin), mais aussi celle de la vérité et des transcendantaux.

t La vie telle qu'elle est en Dieu, puis la volonté, telle que Dieu l'exerce, sont ensuite examinées, avant des questions plus précises sur Son amour, Sa justice, Sa miséricorde, Sa providence, Sa puissance et finalement Sa béatitude.

t Car Dieu est le premier et suprême détenteur de la béatitude.

Mais pourquoi ? C'est qu 'Il se connaît Lui-Même parfaitement, comme Être et Vérité, et qu 'Il s'aime comme étant le Bien en soi, source de tout autre bien.

Il est donc parfaitement heureux.

I&' Pour les« preuves» de l'existence de Dieu, voir la, question 2; pour la question des noms divins et de l'analogie, la, question 13.

2.

LES PERSONNES DIVINES A.

Procession et relations des personnes divines t La distinction de trois personnes en Dieu est une donnée de la foi chrétienne.

La pen­ sée spéculative ne peut prétendre, sous prétexte de rationalité, en établir la nécessité.

t Mais cette affirmation de foi peut être pensée, ce qui suppose de définir la notion de personne.

«Parmi les substances, les individus de nature raisonnable ont un nom spé­ cial, celui de personne.

»Ce nom est distingué des notions d'essence, de subsistance et d'hypostase, et l'article soutient, après discussion, la légitimité de l'attribuer à Dieu, si l'on précise le sens spécifique que prend alors le terme.

t Reste à préciser quelles sont les relations entre les trois personnes divines.

B.

Les personnes divines t L'examen de chacune des personnes est alors possible.

t Une question porte sur le Père, et la nature de sa paternité, deux sur le Fils en tant que Verbe et en tant qu 'Image du Père, et trois sur l 'Esprit-Saint.

Celui-ci est véritablement une personne dans la Trinité ; il y porte deux noms spécifiques, amour et don.

I&' Sur la conception thomiste de la personne, voir la, question 29.

105. »

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