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SAINT THOMAS D'AQUIN: La Somme théologique, Tome 1, question 83

Publié le 22/04/2010

Extrait du document

question

« L'homme est libre ; sans quoi conseils, exhortations, préceptes, interdictions, récompenses et châtiments seraient vains. Pour mettre en évidence cette liberté, on doit remarquer que certains êtres agissent sans discernement, comme la pierre qui tombe, et il en est ainsi de tous les êtres privés du pouvoir de connaître. D'autres, comme les animaux, agissent par un discernement, mais qui n'est pas libre. En voyant le loup, la brebis juge bon de fuir, mais par un discernement naturel et non libre, car ce discernement est l'expression d'un instinct naturel [...]. Il en va de même pour tout discernement chez les animaux. Mais l'homme agit par jugement, car c'est par le pouvoir de connaître qu'il estime devoir fuir ou poursuivre une chose. Et comme un tel jugement n'est pas l'effet d'un instinct naturel, mais un acte qui procède de la raison, l'homme agit par un jugement libre qui le rend capable de diversifier son action. «

Le thème : Le texte traite de l'existence nécessaire de la liberté.

La thèse : L'homme est libre parce qu'il agit selon des jugements issus de la raison.

Les enjeux : L'auteur défend l'idée d'un libre arbitre de l'homme. Mais ce libre arbitre résulte d'un pouvoir de connaître de l'homme. Ses actions sont libres quand elles résultent d'un jugement libre, c'est-à-dire issu de la raison. Il s'agit donc de comprendre le sens de ce libre arbitre et de mettre en question cette conception de la liberté. En quel sens peut-on entendre la liberté de l'homme ?

La structure : Le premier mouvement du texte propose la nécessité d'une liberté pour l'homme (« L'homme .. vains «).

Le second mouvement du texte montre ce que n'est pas cette liberté (« Pour mettre... animaux «).

Le troisième mouvement du texte indique le sens du libre arbitre de l'homme (« Mais... action «).

question

« soit n'est pas synonyme d'un simple choix.

C'est ainsi que l'auteur montre ce que n'est pas cette liberté. Deuxième partie Ce que n'est pas la liberté C'est la qualité du discernement ou du jugement qui est en cause dans la conception de la liberté.Ce discernement peut ne pas être libre, c'est le cas des animaux.

L'auteur nous montre à travers l'exemple du loupet de la brebis que le discernement est instinctif, naturel.

Ce n'est pas un choix, mais une réaction mécanique.Voltaire, dans Le Dictionnaire philosophique portatif, donne l'exemple du chien de chasse qui court nécessairementaprès le lièvre, montrant par là que la conduite animale est dictée par les constitutions physiologiques.

Les animauxne sont pas libres.

L'auteur nous montre donc que tout discernement qui relève d'une soumission aux lois de lanature ne peut être dit libre.

Ainsi il acquiesce uniquement à un déterminisme de la nature, car comme nous l'avonsmontré précédemment, l'homme ne subit pas ce déterminisme.

Néanmoins, Saint Thomas d'Aquin écrit que l'hommepeut ne pas être libre, comme « la pierre qui tombe », soumise aux lois de la chute des corps, s'il agit sansdiscernement.

Il s'oppose donc à une certaine conception du libre arbitre.

La liberté ne peut pas être la libertéd'indifférence.La liberté d'indifférence est la liberté de l'homme sans discernement.

En effet, cette liberté d'indifférence est cellequi révèle un choix laissé au hasard.

Dans Le Discours de la méthode, Descartes illustre cette liberté par l'exempledu voyageur égaré dans une forêt ; aucune raison ne le pousse à aller dans une direction plutôt que dans uneautre.

Néanmoins, son pouvoir de choix reste entier, même si aucune connaissance ne peut l'éclairer.

Cette libertétraduit un défaut de connaissance et non une quelconque perfection de la volonté.

Elle est, pour Descartes, unpouvoir de choix, un degré de liberté : le plus bas.

Or dans le texte, toute action immotivée ne relève pas de laliberté.

Donc, nous pouvons dire qu'il y a une conception du libre arbitre où le pouvoir des contraires est étendu àtoute la vie consciente.

Saint Thomas d'Aquin rejette cette conception car le pouvoir des contraires ne concerneque la vie de la raison.

Même si pour Descartes, le plus haut degré de liberté est un choix de la raison, une volontééclairée par la connaissance, une liberté de déterminer avec sagesse, la liberté est cependant choix absolu :l'homme est toujours plus ou moins libre.Or dans l'ignorance ou dans l'absence de jugement de la raison, il y a illusion de liberté.On pourrait rapprocher cette méconnaissance avec l'ignorance des causes de nos désirs que Spinoza indique dansL'Éthique (liv.

II proposition 49, liv.

III proposition 2).

En effet les hommes se croient libres parce qu'ils sontconscients de leurs actes, mais ignorants des désirs qui les déterminent.

Spinoza conçoit, contrairement à unvéritable système déterministe (pour qui la liberté n'existe pas), une liberté possible dans la connaissance descauses.Cependant, ce n'est pas en ce sens que Saint Thomas d'Aquin pense la liberté.

En effet, l'homme détient unepuissance positive d'affirmation, indépendante des lois naturelles de la causalité, cette indépendance n'existe paspour Spinoza.

Le texte défend l'idée d'un libre arbitre, à la condition que l'action soit issue d'un jugement de laraison. Transition : Accepter un libre arbitre pour l'homme, ce n'est pas étendre le pouvoir des contraires à toute la vie consciente, c'est affirmer, pour l'auteur, qu'une action libre naît d'un jugement de la raison.

Le pouvoir descontraires est un pouvoir de connaître. Troisième partie La liberté réside dans un jugement de la raison L'auteur s'interroge sur le sens de la liberté, en montrant le sens véritable d'une action libre.

Nous avons vu quel'action libre n'est ni un acte gratuit, ni un acte indifférent, ni un acte mécaniquement déterminé.

L'action libre n'estpas le mouvement naturel, celui d'une pierre qui tombe ; elle ne relève pas d'une explication naturelle, d'une sériecausale.

L'action libre est une action issue d'un jugement de la raison.

Ici le choix s'effectue selon un « pouvoir deconnaître ».

C'est le jugement rationnel qui peut apprécier diversement les choses et diversifier l'action.

Dès lors leproblème se situe dans la résistance de l'homme à sa sensibilité.

Il y a combat entre la raison et l'appétit sensible del'homme.

Agir par un jugement rationnel, c'est résister aux actions sans discernement.Pour qu'une action puisse être libre, le jugement qui la dirige est rationnel, il nous faut donc établir une séparationentre l'ordre de la nature et l'ordre de la liberté.

Cet ordre de la liberté est celui de la raison, et aussi celui de lamorale.

Une action libre est issue de la raison et est dans le même temps une action morale.

Si la raison implique laliberté, elle implique aussi la morale.

Il ne saurait y avoir contradiction entre la raison, la morale et la liberté.

C'est'en ce sens que Kant montre dans La Critique de la raison pure, à propos de l'acte volontaire, du mensonge, quenous pouvons rechercher les causes de cet acte dans la nature empirique de l'homme et penser que l'existence decauses au mensonge, détermine l'action.

Mais si nous examinons cet acte sous le point de vue de la raison, alorsl'action doit être attribuée au caractère intelligible de l'homme.

Quelles que soient les conditions empiriques parlesquelles un homme est déterminé, la raison est pleinement libre.

Non seulement l'homme est coupable demensonge, mais cet exemple nous montre que l'homme peut être déterminé du point de vue sensible et libre du pointde vue de la raison.

L'action libre ne peut être qu'une action de la raison. Conclusion C'est parce que l'homme est doué de raison qu'il est nécessaire qu'il soit doué de liberté.

La raison est condition. »

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