La Terre de Zola
Publié le 31/03/2013
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Zola commence la rédaction de La Terre en juin 1886 et termine le livre le 18 août 1887. La Terre paraît en feuilleton dans le journal Git Blas dès le mois de septembre. L' ouvrage est mal accueilli par les critiques qui dénoncent son indécence et sa grossièreté. Ils y voient une oeuvre immorale, donnant une image fausse des campagnes. Le public au contraire accueille avec faveur le nouveau volume des Rougon-Macquan.

«
« ••• on ne voyait que
les taches rondes et
blanches des petits
bonnets.
»
Louis Fouan raconte à la veillée
son histoire
d'amour avec la terre
Alors, en quelques mots lents et pénibles, il
résuma inconsciemment toute cette his
toire :
la terre si longtemps cultivée pour
le seigneur, sous le bâton
et dans la nudit é de
l'esclave, qui
n'a rien à
lui, pas même sa peau ;
la terre, fécondée de son
effort, passionnément
aimée et désirée pendant
cette intimité chaude de
chaque heure, comme
la femme d'un autre que
l'on soigne, que l'on
étreint et que l'o n ne peut
posséder;
la terre, après
des siècles de ce tour
ment de concupiscence,
obtenue enfin, conquise,
devenue
la chose, sa
jouissance, l'unique sour
ce de sa vie.
Et ce désir
séculaire, cette posses
sion sans cesse reculée,
expliquait son
amour
pour son champ, sa pas
sion de la terre, du plus
de terre possible, de la
motte grasse, qu'on touche, qu'on pèse au
creux de la main.
Combien pourtant elle
était indifférente et ingrate,
la terre!
Buteau, ivre de possession,
veut
à la fois les deux sœurs, Lise
et Françoise, et la terre
Depuis les couches de Lise et la bataille
avec Jean, Buteau s'était de nouveau en
ragé après Franço
ise.
Il avait attendu que
son bras cassé fût solide, il sautait sur elle,
maintenant, dans tous les coins de
la mai
son, certain que
s'il l'avait une fois, elle se- rait
à lui
tant qu'il voudrait.
N'était-ce pas
la meilleure façon de reculer le mariage, de
garder
la fille et de garder la terre ? Ces
deux passions arrivaient
même à se
confondre, l'entêtement
à ne rien lâcher de
ce qu'il tenait,
la possession furieuse de ce
champ,
le rut inassouvi du mâle,fouetté par
la résistance.
Sa femme devenait énorme,
un tas
à remuer ; et elle nourrissait, elle
avait toujours Laure pendue aux tétines ;
tandis que l'autre, la petite belle-sœur,
sentait bon
la chair jeune, de gorge aussi
élastique etferme que les pis d'une génisse .
D'ailleurs , il ne crachait pas plus sur
l'un e que sur l'autre: ça lui enferait deux,
une molle et une dure,
chacune agréable dans son
genre .
Il était assez bon coq
pour deux poules , il rêvait
une vie de pacha, soigné,
caressé, gorgé de
jouis
sance.
Pourquoi n'aurait-il
pas épousé les deux sœurs,
si elles y consentaient.
Un
vrai moyen de resserrer
l'amitié
et d'éviter ce par
tage des biens, dont il
s'épouvantait, comme si on
l'avait menacé de lui couper
::-~
un membre!
Lise, enragée, blesse
mortellement sa sœur
Mais Lise poussa un hurle
ment, Françoise lui enfon
ç ait les ong les dans
le cou ;
et, alors, elle vit rouge , elle
eut
la pensée nette, aiguë, de
tu er sa
sœur.
A gauche de celle-ci, elle avait
aperçu
la faux, tombée le manche en travers
d 'une touffe de chardons,
la pointe haute.
Ce fut comme dans un éclair, elle culbuta
Françoise , de toute
la force de ses poignets.
« Il chercha du regard
un peu d'ombre , n'en
trou va pas.
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
«Comme le voulait ! 'écr ivain, la terre est
pré sente tout
au long du roman.
Les
nombreu ses description s en rendent
sensible la permanence, sous la succe ssion
des apparences qu
'elle revêt à chaque
saison.
Caractérisée par l'immensité et le
mouvement, qu'impliquent de fréquentes
comparaisons à la mer, la terre est au ss i
!'objet d'une personnification, qui en fait
une figure féminine.
»Préface à La Te rre,
Hachette , 1984.
« Ce roman m'épouvante moi-même, car il
sera certainement un des plus chargés de
matière, dans sa simplicité.
J'y veux faire
tenir tous nos paysans, avec leur histoire,
leur s mœurs, leur rôle ; j'y veux poser la
question sociale de la propriété ; j
'y veux
montrer où nous allons , dans cette crise de
l 'agric ulture,
si grave en ce moment.
«D'après le premier plan détaillé , Bute au
tuait Françoise
à l'insu de Lise: dans La
Terre, c'est Lise elle-même qui est
responsable de la mort de sa sœ ur, Zola
ayant ainsi opté pour ce qui pourrait
sembler le plus monstrueux.
Fouan devait
mourir de mort naturelle ; au cours de la
rédaction du premier plan, Zola songe que
Buteau pourrait hâter la fin de son père
(invention qu'il justifie en ces termes :
Toutes les
fois maintenant que j'entreprends
une étude,
je me heurte au socialisme.
Je voudrais faire pour le paysan avec
La
Terre ce que j 'ai fait pour l'ouvrier avec
Germinal.
» Émile Zola, lettre à un ami ,
27 mai 1886.
1 détail du portrait de Zola par M an e1 ( 1868), mu sée d'Orsay I Edimédia 2.
3.
4.
5 gravure s de Tim I D.R.
"Pousser les choses à l'extrême de la
logique").
» Préface à La Terre, Hachette ,
1984.
ZOLA Il
t.
»
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