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LANCELOT (cycle de)

Publié le 10/01/2019

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lancelot

LANCELOT (cycle de) [xiiie siècle]. Le Lancelot-Graal ou Cycle de la Vulgate est, de tous les cycles arthuriens, celui qui a eu jusqu’à la fin du Moyen Age la plus grande diffusion et connu la plus grande popularité. Publié, de 1909 à 1913, par H.O. Sommer sous le titre de the Vulgate Version of the Arthurian Romances, seule édition intégrale du corpus (une première et ample analyse avait été donnée de 1868 à 1877 par Paulin Paris sous le titre les Romans de la Table ronde), il est constitué de cinq textes qui retracent chronologiquement l’histoire du Graal, d’Arthur et de ses chevaliers.

 

L’Estoire del Saint-Graal (éd. Sommer, vol. I), centrée sur Joseph d’Arimathie et son fils Joséphé, le premier évêque, consacré par le Christ en personne, retrace, en amplifiant les données du Joseph de Robert de Boron, l’origine du Saint Graal, les aventures en Orient de Joseph et de ses compagnons, leur transfert miraculeux en (Grande-)Bretagne, la christianisation du pays et l'institution, avec Alain, de la lignée des rois pêcheurs, gardiens du Graal désormais conservé au château de Corbenic.

 

L'Estoire Merlin (éd. Sommer, vol. II) reprend, de la naissance de Merlin à l’avènement d'Arthur, le Merlin en prose de Robert de Boron et se poursuit par le récit des débuts difficiles du règne d’Arthur, de ses luttes contre les barons révoltés puis contre l’ennemi héréditaire, les Saisnes (les Saxons), et de son expédition contre Rome, relatant, pour finir, la naissance de Lancelot, de Bohort et de Lionel.

 

Le Lancelot propre (éd. Sommer, vol. III, IV, V), que l’on peut désormais lire dans l’édition d’A. Micha, sous le titre Lancelot, et, pour le début du texte, dans l’édition d’E. Kennedy, est consacré aux « enfances » puis aux aventures chevaleresques et sentimentales du meilleur chevalier du monde, lequel ne pourra cependant mener à bien la quête du Graal, à cause de son amour adultère pour Guenièvre. Cet honneur sera réservé au fils qu’il a eu de la fille du roi pêcheur, Galaad. La dernière partie du Lancelot propre (éd. Micha, t. IV-VI), qui est une préparation à la quête du Graal (naissance et enfance de Galaad, folie de Lancelot durant dix ans et quête de Lancelot, visites des chevaliers de la Table ronde à Corbenic où se multipliaient les apparitions du Graal), est souvent appelée l'Agravain.

 

Deux textes achèvent enfin le cycle : l’un au plan divin, la Quête du Saint-Graal, dont le héros est Galaad, entouré de Perceval et de Bohort, mais seul admis à contempler l’intérieur du saint Vase et les secrets de Dieu [voir Queste del saintgraal]; l’autre au plan terrestre, la Mort le roi Artu : ce dernier roman retrace les discordes qui, une fois dénoncé l'adultère de Lancelot et de la reine Guenièvre, opposent, à la cour du roi Arthur, Lancelot à Gauvain et à ses frères; la guerre, que mènent en Gaule Arthur et Gauvain contre Lancelot; l’ultime victoire sur les Romains, suivie par l’annonce de la trahison de Mordret, le fils incestueux d’Arthur. La grande bataille de Salesbieres (Salisbury) entre Arthur et Mordret entraîne la quasi-disparition de la chevalerie arthurienne. Grièvement blessé, Arthur est emmené par sa sœur, la fée Morgain, dans l’île d’Avalon [voir Mort LE ROI ARTU].

 

La Vulgate comprend encore, dans l'édition Sommer (vol. VII), un texte très intéressant, le Livre d'Artus, dont le contenu correspond en gros à celui de l'Estoire Merlin, avec de nombreuses amplifications.

 

L’ordre des textes dans l'édition Sommer (à l'exception du Livre d'Artus, conservé par un manuscrit unique et isolé) reproduit fidèlement l’ordre proposé par les manuscrits cycliques complets du Lancelot-Graal. Tout comme le cycle épique de Guillaume d’Orange, qui se développe, dans les manuscrits cycliques, de l'histoire de l’ancêtre à celle de ses ultimes descendants, le cycle romanesque du Lancelot-Graal a été copié et organisé, dans les manuscrits, selon une perspective chronologique. Mais ni dans un cas ni dans l’autre la disposition finale ne correspond à l’ordre réel de composition. Le noyau primitif à partir duquel s’est élaboré le cycle est le Lancelot propre, composé vers 1215-1225, sur lequel s’articulent étroitement la Quête (vers 1225-1230) et la Mort Artu (vers 1230-1235). Ces trois textes forment ce qu’on appelle souvent le Lancelot en prose. L'Estoire Merlin et l'Estoire del Saint Graal ont été composées ultérieurement (mais avant 1240) pour former un double prologue qui clôture le récit en amont. L’ensemble constitue ainsi un cycle complet de l'histoire du Graal et du monde arthurien, plus vaste encore que le cycle proposé dès le début du xme siècle par la trilogie en prose de Robert de Boron.

Dans son Étude sur le Lancelot en prose, Ferdinand Lot a essayé de démontrer aussi bien l’unité de plan, d’esprit et d’écriture du Lancelot en prose que celle du Lancelot-Graal, qui, « loin d’être un assemblage de pièces et de morceaux [...], apparaît comme une énorme cathédrale bâtie depuis les fondations jusqu’au faîte par un seul et même architecte ». Cette position extrême, qui exprimait en son temps une saine réaction contre les critiques trop prompts à mettre en pièces le roman, a été nuancée avec pertinence par J. Frappier dans son Étude sur la Mort le roi Artu, où s’énonce la thèse d’un architecte unique, sans doute l’auteur du Lancelot propre, responsable du plan d’ensemble du Lancelot en prose, chacune des trois œuvres étant due, cependant, à un auteur différent. Il semble même, à lire la version éditée par E. Kennedy sous le titre significatif de Lancelot do Lac, the Non-Cyclic Old French Prose Romance, qu’il y ait eu un premier état du Lancelot propre où n’étaient annoncées ni une quête du Graal par Galaad ni une Mort Artu et qui constituait une œuvre autonome. Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, il est indéniable que le cycle tel qu’il nous est parvenu, tel qu’il a été sans doute partiellement récrit et harmonisé par les copistes-remanieurs, témoigne d’un plan d’ensemble, peut-être imposé a posteriori, mais qui donne à l’œuvre sa cohérence thématique et idéologique.

 

Le point de départ de cette cohérence complexe — où subsistent des failles — est à chercher dans un transfert, dans le remplacement de Perceval, seul élu de la quête du Graal dans la trilogie de Robert de Boron, dans le Perlesvaus, dans l’ensemble du roman arthurien en vers après Chrétien de Troyes, par le couple Lancelot-Galaad. Dès la première page du Lancelot, il est dit en effet que le héros « avoit non Lancelos en sournon mais il avoit non en baptesme Galaaz » (éd. Micha, t. VII, p. 1 ) et que le conte expliquera plus loin la raison d’être de ce surnom et de la perte du nom, essentiel, de baptême. Ainsi, non seulement la mention du nom véritable, d'origine biblique, occulté à la génération du père, « crée » Galaad, personnage jusqu’alors inconnu du roman arthurien, mais surtout la relation nom/surnom, ultérieurement transposée et explicitée dans la relation charnelle père/fils, métaphorise la continuité nécessaire que l'architecte du Lancelot en prose va instituer entre la chevalerie « terrienne », représentée par Lancelot, et la chevalerie « célestielle », incarnée par Galaad. A partir de cette donnée initiale, de la progression historique et symbolique qu’elle impose à la figure du chevalier, le Lancelot en prose peut se lire comme un texte écrit à la gloire de la chevalerie arthurienne (emblématique de la classe chevaleresque) et définissant idéalement sa fonction au monde et son triple rapport à la prouesse, à l’amour et à Dieu.

 

Le Lancelot propre, dans cette perspective, apparaît comme le volet « mondain » de la trilogie. S’inspirant, dans sa première partie, d’un récit perdu sur les enfances de Lancelot, le Lanzelet (traduction en moyen haut allemand par Ulrich von Zatzikhoven de l’original français), récrivant le Chevalier de la charrette de Chrétien, à qui il doit la donnée fondamentale de l’amour de Lancelot et de Guenièvre, l’auteur donne d'abord à son héros une origine « historique » et sacrée. Lancelot est le fils du roi Ban de Bcnoïc, terre vaguement située dans l’ouest de la Gaule, et de la reine Hélène, descendante de la lignée de David... Dépossédé à trois ans de son futur royaume (son père meurt de douleur en voyant Claudas, l’usurpateur, brûler son dernier et son meilleur château), Lancelot, ravi à sa mère par la Dame du lac, Viviane, qui tient ses pouvoirs féeriques de Merlin, est élevé par celle-ci dans son domaine — une vaste forêt emplie de somptueuses demeures —, qui constitue un double parfait de l'univers chevaleresque. L’éducation pratique que

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« Joseph et de ses compagnons, leur transfert miraculeux en (Grande- )Bretagne, la christianisation du pays et l'institution, avec Alain, de la lignée des rois pêcheurs, gardiens du Graal désormais conservé au château de Corbenic.

L 'Estoire Merlin (éd.

Sommer, vol.

Il) reprend, de la naissance de Merlin à l'avènement d'Arthur, le Merlin en prose de Robert de Boron et se poursuit par le récit des débuts difficiles du règne d'Arthur, de ses luttes contre les barons révoltés puis contre 1' ennemi hérédi­ taire, les Saisnes (les Saxons), et de son expédition contre Rome, relatant, pour finir, la naissance de Lance­ lot, de Bohort et de Lionel.

Le Lancelot propre (éd.

Sommer, vol.

III, IV, V), que 1 'on peut désormais lire dans 1' édition d'A.

Mi cha, sous le titre Lancelot, et, pour le début du texte, dans l'édition d'E.

Kennedy, est consacré aux «enfances» puis aux aventures chevaleresques et sentimentales du meilleur chevalier du monde, lequel ne pourra cependant mener à bien la quête du Graal, à cause de son amour adultère pour Guenièvre.

Cet honneur sera réservé au fils qu'il a eu de la fille du roi pêcheur, Galaad.

La dernière partie du Lancelol propre (éd.

Micha, t.

IV- VI), qui est une préparation à la quête du Graal (naissance et enfance de Galaad, folie de Lancelot durant dix ans et quête de Lancelot, visites des chevaliers de la Table ronde à Cor­ benie otl se multipliaient les apparitions du Graal), est souvent appelée 1 'Agravain.

Deux textes achèvent enfin le cycle : l'un au plan divin, la Quête du Saint-Graal, dont le héros est Galaad, entouré de Perceval et de Bohort, mais seul admis à contempler l'intérieur du saint Vase et les secrets de Dieu (voir QUESTE DEL SAINT·GRAAL]; l'autre au plan ter­ restre, la Mort le roi Artu : ce dernier roman retrace les discordes qui, une fois dénoncé 1 'adultère de Lancelot et de la reine Guenièvre, opposent, à la cour du roi Arthur, Lancelot à Gauvain et à ses frères; la guerre, que mènent en Gaule Arthur et Gauvain contre Lancelot; l'ultime victoire sur les Romains, suivie par l'annonce de la trahi­ son de Mordret, le fils incestueux d'Arthur.

La grande bataille de Salesbieres (Salisbury) entre Arthur et Mordret entraîne la quasi-disparition de la chevalerie arthurienne.

Grièvement blessé, Arthur est emmené par sa sœur, la fée Morgain, dans l'île d'Avalon [voir MORT LE ROI ARTU].

La Vulgate comprend encore, dans l'édition Sommer (vol.

V fi), un texte très intéressant, le Livre d'Artus, dont le contenu correspond en gros à celui de l' Estoire Merlin, avec de nombreuses amplifications.

L'ordre des textes dans l'édition Sommer (à l'excep­ tion du Livre d'Artus, conservé par un manuscrit unique et isolé) reproduit fidèlement l'ordre proposé par les manuscrits cycliques complets du Lancelot-Graal.

Tout comme le cycle épique de Guillaume d'Orange, qui se développe, dans les manuscrits cycliques, de l'histoire de 1' ancêtre à celle de ses ultimes descendants, le cycle romanesque du Lancelot-Graal a été copié et organisé, dans les manu;crits, selon une perspective chronologi­ que.

Mais ni dans un cas ni dans l'autre la disposition finale ne correspond à l'ordre réel de composition.

Le noyau primitif à partir duquel s'est élaboré le cycle est le Lancelot propre, composé vers 1215-1225, sur lequel s'articulent étroitement la Quête (vers 1225-1230) et la Mort Artu (vers 1230-1235).

Ces trois textes forment ce qu'on appelle souvent le Lancelot en prose.

L'Estoire Merlin et l'Esloire del Saint Graal ont été composées ultérieurement (mais avant 1240) pour former un double prologue qui clôture le récit en amont.

L'ensemble constitue ainsi un cycle complet de l'histoire du Graal et du monde arthurien, plus vaste encore que le cycle pro­ posé dès le début du xm• siècle par la trilogie en prose de Robert de Boron.

Dans son Étude sur le Lancelot en prose, Ferdinand Lot a essayé de démontrer aussi bien l'unité de plan, d'esprit et d'écriture du Lancelot en prose que celle du Lancelot-Graal, qui, «loin d'être un assemblage de piè­ ces et de morceaux [ ...

], apparaît comme une énorme cathédrale bâtie depuis les fondations jusqu'au faîte par un seul et même architecte ».

Cette position extrême, qui exprimait en son temps une saine réaction contre les critiques trop prompts à mettre en pièces le roman, _a été nuancée avec pertinence par J.

Frappier dans son Etude sur la Mort le roi Artu, où s'énonce la thèse d'un archi­ tecte unique, sans doute l'auteur du Lancelot propre, responsable du plan d'ensemble du Lancelot en prose, chacune des trois œuvres étant due, cependa 111t, à un auteur différent.

Il semble même, à lire la version éditée par E.

Kennedy sous le titre significatif de Lancelot do Lac.

the Non-Cyclic Old French Prose Romance, qu'il y ait eu un premier état du Lancelot propre où n'étaient annoncées ni une quête du Graal par Galaad ni une Mort Artu et qui constituait une œuvre autonome.

Quoi qu'il en soit de cette hypothèse, il est indéniable que le cycle tel qu'il nous est parvenu, tel qu'il a été sans doute partiellement récrit et harmonisé par les copistes­ remanieurs, témoigne d'un plan d'ensemble, peut-être imposé a posteriori, mais qui donne à l'œuvre sa cohé­ rence thématique et idéologique.

Le point de départ de cette cohérence complexe-où subsistent des failles -est à chercher dans un transfert, dans le remplacement de Perceval, seul élu de la quête du Graal dans la trilogie de Robert de Boron, dans le Perlesvaus, dans l'ensemble du roman arthurien en vers après Chrétien de Troyes, par le couple Lancelot-Galaad.

Dès la première page du Lancelot, ii est dit en effet que le héros. »

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