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Mort le ROI Artu (la) du cycle du Lancelot-Graal (analyse détaillée)

Publié le 23/10/2018

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lancelot

Mort le ROI Artu (la). Roman anonyme en prose, composé vers 1230, et constituant la dernière partie du cycle du Lancelot-Graal.

 

Le Lancelot en prose (anonyme, vers 1215-1220) consacre en son finale l'harmonie, la joie plénière qui unissent, au sein de la cour d'Arthur, le roi, la reine et Lancelot. Soumettant le héros et la chevalerie « terrienne » à la gloire rayonnante de l'élu de la *Quête du saint Graal, le Graal met en question l'univers arthurien et ses valeurs. Ultime épisode du cycle, la Mort le roi Artu est le rédt de la dispersion dans l'espace, du désenchantement, et de la dissonance du monde.

 

Après avoir achevé les Aventures del Seint Graal, maître Gautier Map (le fictif narrateur) s’est remis à la tâche, à la demande du roi Henri, son seigneur, et a composé cette Mort le roi Artu, qui relate la disparition du monde arthurien et de son roi.

 

De retour à la cour, Bohort raconte le dénouement de la Quête et les clercs du roi mettent par écrit l’ensemble des aventures. Lancelot et la reine Guenièvre retombent bientôt dans leur péché et sont démasqués par Agravain, le frère de Gauvain. qui dénonce Lancelot au roi. Le chevalier cependant participe incognito au tournoi de Wincestre (Winchester). Blessé par Bohort, il est soigné par la demoiselle d’Escalot qui s’éprend de lui et révèle son amour à Gauvain ; ce qui rassure Arthur, mais excite la jalousie de Guenièvre. Peu après, le roi découvre au château de Morgain les fresques dans lesquelles Lancelot a peint et décrit ses prouesses et son amour pour la reine. Il jure de se venger, tandis que la demoiselle d’Escalot sûre de ne pouvoir se faire aimer de Lancelot meurt de douleur. À la cour, Guenièvre, toujours persuadée de finfi-délrté de son amant refuse de le revoir. Lancelot quitte la cour, désespéré Mais la reine est bientôt accusée d’avoir empoisonné un chevalier et doit trouver un champion dans un délai de quarante jours. Une nef porte à la cour le corps de la demoiselle d’Escalot Une lettre, déposée dans la

nef, révèle à la reine la fidélité de Lancelot Celui-ci apprend peu après la menace qui pèse sur elle et se présente, irt extremis, pour la défendre et la sauver.

 

La passion des amants devient si manifeste qu’Agravain reformule son accusation et persuade Arthur de leur tendre un piège. Lancelot parvient à s’échapper et délivre la reine, condamnée à être brûlée vive ; mais il tue au cours du combat Gaheriet le frère bien-aimé de Gauvain. et s'attire ainsi la haine du neveu d'Arthur. Poussé par Gauvain. le roi met le siège devant la Joyeuse Garde où Lancelot a emmené la reine Après de longs combats, et sur intervention du pape, Arthur accepte de reprendre sa femme ; mais il exige que Lancelot quitte le royaume de Lognes et se retire en Gaule, dans sa terre de Benoyc. Toujours poussé à la vengeance par Gauvain, Arthur passe à son tour en Gaule, confiant son royaume à Mondret, qui va bientôt tomber amoureux de la reine et chercher à s'emparer du trône. Arthur assiège Lancelot et ses compagnons dans la cité de Gaunes. Gauvain refuse les offres de paix et de réparation de Lancelot, qui le blesse cruellement au cours du terrible combat judiciaire qui oppose les deux hommes.

 

Alors qu’il a décidé de retourner en Logres, Arthur apprend que les Romains ont envahi la Bourgogne. Il fait face et tue l'empereur de Rome, mais il apprend presque aussitôt la trahison de Mordret Sentant que sa mort approche -il mourra en arrivant i Douvres -, Gauvain conseille à Arthur de se réconcilier avec Lancelot et de lui demander son aide. Mais le roi ne peut s'y résoudre, tout comme il décide peu après d'affronter Mordret en dépit des deux songes où l'ombre de Gauvain puis la Fortune lui prédisent les « mescheances » qui le menacent et l’imminence de sa chute. Sur le champ de bataille de Salesbieres, où meurent la plupart de ses chevaliers, Arthur cependant met en déroute les Saxons, alliés de Mordret et tue son fils incestueux ; mais il est lui-même mortellement blessé. Rendu inconscient par son immense douleur, il étouffe Lucan. son « bouteillier », puis, après avoir enfin obtenu de Girflet qu’il jette dans un lac son épée Escaiibur - une main mystérieuse sort de l'eau et vient s'en saisir -, il entre dans la nef où l'attend sa sœur Morgain. Mais Girflet trois jours après, découvre sa tombe à la Noire Chapelle.

 

Réfugiée dans une abbaye, Guenièvre meurt peu après. Lancelot revient en Grande-Bretagne pour mettre à mort les fils de Mordret Après la

lancelot

« bataille, égaré dans une forêt où il pleure la mort de la reine, il retrouve dans un ermitage l'arche­ vêque de Logres et Bliobléris, son cousin.

Hector, son frère, l'y rejoint bientôt.

Durant quatre ans, Lancelot fait pénitence.

Avant de mourir, réconcilié avec Dieu, il demande que son corps soit enseveli à la joyeuse Garde, dans la même tombe que son ami Galehaut.

Maître Gautier Map conclut ici l'Estai re de Lan­ celot, le livre qu'il a mené à bien et auquel on ne saurait rien rajouter.

La Mort le roi Artu s'ouvre sur un constat : l'absence d'aventures, tandis que les rares événements qui survien­ nent, qualifiés de «mesaventures», de « mescheances >>, s'organisent autour de la trahison, de la blessure et de la mort, L'espace alors se décentre, au fil des déplacements du roi poursuivant Lancelot d'ouest en est, pour revenir enfin en Logres, et y trouver la mort.

La Mort le roi Artu, en son finale, refait un parcours déjà tracé par le *Roman de Brut de Wace et le Perceval en prose, de la marche sur Rome à la guerre contre Mordret.

Cependant ce n'est plus le désir de conquête qui mène ici le roi jusqu'aux portes de Rome, mais son désir de vengeance, attisé par la haine de Gauvain, toutes deux à la mesure de l'amitié trahie.

À la glorieuse trajectoire du Brut se substitue ainsi la poursuite de Lancelot qui, de la Joyeuse Garde à la cité de Gaunes, ne cesse de s'éloigner de la terre de Logres, de renoncer dou­ loureusement à la terre de l'amour et de l'exploit héroïque.

À Salesbieres (Salisbury) jadis (dans le Merlin en prose), Uter triomphait des Saxons et fondait son royaume.

À Salesbieres, dans l'affrontement d'Arthur et de Mordret, le monde arthurien s'effon­ dre.

Seuls restent, à Camaalot, au cen­ tre déserté du royaume, la tombe de Gauvain et l'écu de Lancelot.

Gueniè­ vre meurt dans une abbaye, Arthur est enseveli à la Noire Chapelle et Lancelot repose à la Joyeuse Garde.

Le décentrement systématique de l'espace est à l'image d'un texte qui s'écarte à la .fois des récits que, selon le Prologue, il complète et achève (le Lancelot en prose, la Quête), et de ses modèles implicites, le *Tristan, le Brut.

À travers la confusion des sentiments et l'exaspération des passions humai­ nes, l'auteur de la Mort le roi Artu met en évidence la fragilité de l'éthique chevaleresque et courtoise qu'avait déjà condamnée la Quête au plan reli­ gieux.

L'envie, la jalousie, la haine motivent le comportement des frères de Gauvain puis de Gauvain lui-même à l'égard de Lancelot.

Et il faut que le neveu d'Arthur soit sur le point de mourir pour qu'il reconnaisse enfin sa «folie», la valeur et la générosité de Lancelot, et pour qu'il lui pardonne.

Mais il est alors trop tard pour que le roi puisse demander l'aide du chevalier et sauver, peut-être, son royaume.

Malgré les reproches vigoureux et les tirades éloquentes de Bohort le juste, Guenièvre, reine vieillissante, ne peut plus croire à la fidélité de son amant et le chasse de la cour, tandis que les paroles sans équivoque de Lancelot tuent la demoiselle d'Escalot, qui s'est trop facilement laissée abuser par les subtilités du rituel courtois.

À la diffé­ rence du roi Marc, Arthur enfin refuse longtemps -le temps du Lancelot en prose -de croire à la « foie amour » de Lancelot et de Guenièvre.

Il lui faut cependant, au château de Morgain, céder à l'évidence de l'image et de l'écrit, à la lumière crue qui inonde brusquement la. »

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