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L'Annonce faite à Marie de Claudel : Fiche de lecture

Publié le 20/11/2018

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L 'Annonce faite à Marie
 
C’est l’œuvre la plus célèbre de Claudel, la plus jouée, la plus goûtée du public religieux. L’histoire du texte est complexe, depuis les trois versions successives de la Jeune Fille Violaine, dont elle est issue, jusqu’aux versions faites pour la scène (1940, 1948). Le meilleur texte reste celui qui a été publié dans la Nouvelle Revue française en 1911-1912.
 
L'Annonce se passe au Moyen Age, mais dans un Moyen Age stylisé. « Je n’ai pas eu l’idée de faire un drame pour exposer telle ou telle situation historique, expliquera Claudel dans ses Mémoires improvisés, je me suis servi incidemment de tel ou tel événement historique pour servir au drame, mais en me réservant la possibilité de pas mal le modifier. » C’est une période de troubles politiques. C’est surtout une période de crise de l’Église : le maître de la ferme de Combernon, Anne Vercors, se scandalise de la situation de la chrétienté, mais, à la fin de la pièce, il se rend compte qu’il a eu tort de se scandaliser, car, comme le disait G.K. Chesterton, l’un des maîtres à penser de Claudel, la « folle vérité », « chancelante », est « encore debout ».
 
On caractérise souvent l’Annonce comme un drame de la jalousie. Ce n’est pas absolument exact. Mara défend avec acharnement son bien, ou ce qu’elle considère comme tel. Le partage fait par son père, pour le mariage de sa sœur, lui apparaît comme une injustice. De même après la résurrection d’Aubaine, l’enfant qu’elle a eu de Jacques Hury, Mara s’aperçoit qu’elle doit la partager avec cette autre mère, Violaine, dont la petite fille a reçu une seconde fois la vie, mais dont elle a également sucé le lait et dont elle a les yeux bleus. Aussi Mara ne peut-elle pas se contenter d’avoir chassé la lépreuse. Elle doit consommer le sacrifice, elle doit la tuer.

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« Powered by TCPDF (www.tcpdf.org) FICHE DE LECTURE: L'ANNONCE FAITE A MARIE de PAUL CLAUDEL Un mystère du XVe siècle.

A Monsanvierge, domaine d'Anne Vercors, qui s'apprête à partir pour la Terre Sainte,Violaine sa fille, qu'étreint la vocation de la mort, accepte de renoncer à son amour pour accomplir l'Amour.

Parcompassion, elle donne un baiser d'adieu au lépreux Pierre de Craon, maître d'oeuvre tourmenté, qu'elle guérit ainsien s'inoculant le mal.

Jacques Hury, son fiancé, alors la renie et épouse sa soeur Mara, sombre force terrestre...Huit ans après, Violaine, animal aveugle, abandonné en forêt, ressuscite, la nuit de Noël, l'enfant de Jacques et deMara.

Mais celle-ci, comprenant que son mari ne peut oublier Violaine, provoque sa mort.

Découverte par Pierre deCraon, Violaine apporte à tous la joie, vierge maternelle vouée à se sacrifier pour sauver autrui.

Et le fief deMonsanvierge, au coeur des royaumes enfin victorieux de Dieu et du Roi, recouvre la paix la plus féconde.Achevée à Prague en 1911, « L'Annonce » fut représentée pour la première fois en décembre 1912, au Théâtre del'Œuvre.

Accueillie triomphalement, la pièce, qui, sous le titre « La Jeune Fille Violaine », avait déjà connu deuxversions « modernes » (en 1892 et en 1898), en aura une quatrième, dite : version pour la scène, en 1948.

Au fil deces reprises, le miracle de Violaine émane toujours davantage de son renoncement à l'amour (celui de Jacques), deson sacrifice à l'amour (celui de Pierre de Craon) ; d'où le pouvoir symbolique du personnage, qui n'est pas sansrappeler celui de Jeanne d'Arc — d'ailleurs présente, comme en filigrane.Un des sommets du théâtre chrétien, l'oeuvre, admirable fresque médiévale, est aussi la plus accessible de ladramaturgie claudélienne.

Ce cantique inspiré, qui côtoie souvent le sublime, se lit sans impatience ni lassitude.

Né en 1869 à Villeneuve-sur-Fère (Aisne) d'une bourgeoisie rurale, Paul Claudel eut d'abord une enfance paysanne.Parisien à quatorze ans, il fit de solides études tout en commençant à écrire.

Matérialiste insatisfait, il allait êtremarqué par l'oeuvre de Rimbaud et, en la soirée de Noël 1886, touché par la grâce.

Sauvé alors du désespoir, ildevint le Poète qui chante la foi.

De « Tête d'Or » (1889) aux « Mémoires improvisés » (1954), par le drame, lapoésie et l'essai, P.

Claudel a donné vie à un hymne monumental, faisant de la nature et de l'homme la gloire deDieu.

Patriarche sans inquiétude, assuré dans sa vie, son être et sa croyance, dans son génie même, il peut paraîtreun homme d'un autre siècle, plus baroque que moderne.

Des funérailles officielles, en 1955, ont rendu un solennelhommage à l'écrivain, à l'académicien, à l'ambassadeur de France. Le mystère était un genre théâtral du Moyen Age.

Il représentait à la scène un sujet religieux, correspondantgénéralement au calendrier.

En considérant L'Annonce faite à Marie comme un mystère, Claudel renvoie donc à ladouble signification de ce terme : d'une part au genre théâtral et littéraire et d'autre part à la révélation de certainsdogmes religieux, comme la Trinité, l'Immaculée Conception, l'Eucharistie ou la Rédemption, que la raison ne peutsaisir. Transposée au Moyen Age, l'annonciation nous raconte l'histoire de la sanctification de Violaine et de la résurrectionde sa fille. La fatalité d'un geste ou l'appel de DieuL'action de ce drame en quatre actes se déroule dans un « Moyen Age de convention ».

Au cours du prologue de lapièce, un constructeur de cathédrales, Pierre de Craon, atteint de la lèpre, retrouve Violaine, jeune fille qu'il avaitdésirée, mais qui est maintenant fiancée à un certain Jacques Hury.

Au moment de se séparer, Violaine lui tient lamain et lui donne un baiser.

Ce beau geste est fatal.

Mara, amoureuse du fiancé, a surpris la scène et accusera sasœur Violaine d'infidélité.

Alors que son père part en Croisade (Acte I), Violaine devient elle-même lépreuse et,abandonnée par son fiancé, elle est contrainte de quitter sa famille pour aller se réfugier dans une grotte au cœurde la forêt (Acte II).

Mara épouse Jacques Hury.

Huit ans après, le soir de Noël, Mara va retrouver Violaine, portantdans ses bras sa fille morte.

Dans le calvaire de la lèpre, Violaine a rencontré Dieu.

Défiée par le désespoir de sasœur, elle ressuscite l'enfant, qui prend la couleur bleue de ses yeux (Acte III).

Guéri de la lèpre, Pierre de Craonporte Violaine chez elle.

Mara l'avait ensevelie sous un tas de sable.

Avant de mourir, Violaine demande à son ancienfiancé le pardon de sa sœur.

Le père revient de la Croisade pour l'enterrement de sa fille (Acte IV). Les mystères de l'Esprit et de l'AmourClaudel présente L'Annonce faite à Marie comme un mystère, dont il tire une parabole sur la présence ou l'absencedu divin sur Terre.

L'annonciation est donc transposée dans un drame médiéval, qui nous raconte l'histoire d'unerésurrection et d'une sanctification.

L'Angélus de l'aube résonne au début de la pièce et celui du soir à la fin.L'action dramatique est ainsi ponctuée par la résonance des cloches annonciatrices, qui révèlent l'incessanteactualité de la présence divine.

Violaine incarne cette présence : martyre de l'amour terrestre, elle devient la mèrespirituelle de l'enfant, elle lui insuffle la véritable vie que Mara, sa mère charnelle et trop terrestre, est incapable delui donner.

Ainsi Violaine, par la grâce de Dieu, réconcilie l'amour divin et l'amour humain à travers l'enfant du fiancéqui l'a abandonnée.

Violaine est consacrée comme une sainte et incarne, restitue même les mystères chrétiens del'Immaculée Conception et de la Rédemption.. »

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