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Le bleu du ciel

Publié le 04/04/2013

Extrait du document

 
Achevé en 1935, Le Bleu du ciel ne paraîtra qu 'en 1957. Entre-temps ont explosé la guerre d'Espagne et la Seconde Guerre mondiale, confirmant l'aspect tragiquement prémonitoire du livre. Les trois personnages féminins du texte sont fortement caractérisés par leur nom : Dirty signifie « sale « en anglais, Lazare est le nom d'un homme ressuscité par Jésus et Xénie renvoie au grec « xenos «, qui signifie « étranger «.
 

« « Une quantité de danseuses à peu près nues étaient sur la piste.

» EXTRAITS Présentation de Dirty Dans un bouge de quartier de Londres , dans un lieu hétéroclite des plus sales, au sous­ sol, Dirty était ivre.

Elle l'était au dernier degré, j'étais près d'elle (ma main avait encore un pansement, suite d'une blessure de verre cassé).

Ce jour-là, Dirty avait une robe du soir somptueuse (mais j'étais mal rasé, les cheveux en désordre).

Elle étirait ses longues jambes, entrée dans une convulsion vio­ lente.

Le bouge était plein d 'hommes dont les yeux devenaient très sinistres.

Ces yeux d'hommes trou­ blés faisaient penser à des cigares éteints.

Dirty étrei­ gnait ses cuisses nues à deux mains.

Le réveil douloureux d'un débauché J'envoyai chercher une bouteille de mauvais cham­ pagne.

J'en bus un verre glacé : après quelques minutes, je me suis levé pour aller vomir.

Après le vomissement, je me suis recouché, j'étais légèrement sou­ lagé, mais la nausée ne tarda pas à revenir.

J'étais pris de tremblements et de claque­ ments de dents : j'étais évidemment malade, je souffrais d'une façon très mauvaise.

Je retombai dans une sorte de sommeil affreux : toutes choses commencèrent à se décro ch er, des choses obscures, hide u­ ses, informes, qu'absolument il aurait fallu fixer; il n'y avait aucun moy en.

Réminiscence solaire Je me rappelai avoir vu passer, vers deux heures de l'après-midi, sous un beau soleil, à Paris - j'étais sur le pont du Carrousel- , une camionnette de boucherie : les cous sans tête des moutons écorchés dépassaient des toiles et les blouses rayées bleu et blanc des bouchers éclataient de propreté : la camionnette allait lentement, en plein soleil.

Quand j'étais enfant, j'aimais le soleil: je fermais les yeux et, à travers les paupières, il était rouge.

Le soleil était terrible , il faisait songer à une explosion : était-il rien âe plus solaire que le sang rouge coulant ~ur le pavé, comme si la lumière éclatait et tuait ? Dans cette nuit opaque, je m'étais rendu ivre de lumière ; ainsi, de nouveau, Lazare n'éta it devant moi qu'un oiseau de mauvais augure, un oiseau sale et négli­ geable .

La scène du cimetière Ces étoiles, ces bougies étaient par centaines en flammes sur le sol : le sol où s'alignait la foule des tombes illuminées .

Je pris Dorothea par le bras.

Nous étions fascinés par cet abîme d'étoiles funèbres.

Dorothea se rapprocha de moi.

Longuement, elle m 'em­ brassa dans la bouche.

( ...

) Dorothea s'ouvrit, je la dénudai jusqu'au sexe.

Elle­ même , elle me dénuda .

Nous sommes tombés sur le sol meuble et je m'enfonçai dans son corps humide comme une charrue bien manœuvrée s'enfonce dans la terre.

La terre, sous ce corps, était ouverte comme une tombe, son ventre nu s'ouvrit à moi comme une tombe fraîche.

Gallimard, 1971 / I « Nous étions frappés de stupeur, faisant l'amour au-dessus d'un cimetière étoilé.» NOTES DE L'ÉDITEUR Francis Marmande, un critique contemporain spécialiste de Bataille , a consacré un livre au Ble u du ciel : « Ce n 'es t pas, dans Le Bleu du ciel, d'une histoire qu'il s'agit d'abord, d'une histoire à construire ou à relater avec son décor et ses personnages, mais d'une parole à nu qui échappe sans retenue au narrateur.

( ...

)Le narrateur se trouve submergé, incapable de faire la part du réel, accablé et débordé de l angages ( ...

).

Ce qui en fait un récit à bien des égards imprenable , c'est l'éga le distance ou l'égale proximité qu'il maintient vis-à-vis du rêve et de l'aveu très cru d'une réalité , du fantasme et du se ntiment aigu que la vie est un théâtre , du réel et de l'imaginaire, de la lucidité enfin et de la folie.

» Francis Marmande, L'indifférence d es ruines, Éditions Parenthèses, 1985.

personnage qui se dépense jusqu'à toucher la mort à force de beuverie s, de nuit s blanches et de couc herie s.

» Georges Bataille, prière d'insérer, Le Bleu du ciel, Gallimard, 1957.

Georges Bataille lui-même affirme : « Un 1 Edimedia 2, 3, 4 dess ins de C lo tild e Pasq uier.

L e Livre de Pa ris, Bagn eu x, 1977 Marguerie Duras est frappée, elle, par cette écritu re « co ntre le langage » : « Il invente, comme nt ne pas écrire tout en écrivant.

» Marguerite Dura s, citée par Michel Surya dans La Mort à l'œuv r e, Éditions Séguier, 1987 .

BATAILLE02. »

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