Le Bruit et la Fureur 1929 William Faulkner (1897-1962)

« Le Bruit et la Fureur 1 15 «C'est une histoire que conte un idiot, une histoire pleine de bruit et de fureur, mais vide de signification».

Shakespeare, Macbeth Un chef-d'oeuvre Une structure complexe Nul ne l'a jamais nié, Le Bruit et la Fureur est une oeuvre diffi­ cile.

Cela s'explique sans doute par la structure qu'a imposée Faulkner: il a divisé son roman en quatre parties correspondant chacune à une journée, et le récit est chaque fois transmis par un narrateur différent.

Faulkner en outre n'a pas hésité à bousculer la chronologie des événements.

Enfin, la difficulté d'accès à l'oeuvre est encore exacerbée par le fait que la première partie du livre (la première journée, c'est­ à-dire le 7 avril 1928) est vue à travers les yeux de Benjy, l'idiot.

Son présent, son passé -sa castration, l'ivrognerie du père, le mariage de Caddy - il ne les raconte pas en réalité: l'incohé­ rence de ses propos, leur caractère discontinu nous les laissent seulement entrevoir.

Mais tout comme ces animaux qui, à l' appro­ che d'un séisme s'affolent, s'enfuient, Benjy sent les drames qui se préparent.

Son discours, c'est celui de l'angoisse, de la folie.

La seconde journée, celle vécue par Quentin, le frère, dix-huit ans plus tôt, c'est aussi un discours de folie, mais d'une folie maî­ trisée.

L'amour qu'il porte à Caddy rend cependant sa dernière promenade, ses fers à repasser sous le bras, émouvante et nos­ talgique.

Jason est le narrateur de la troisième journée, le 6 avril, veille du jour où Jason soliloque: c'est une vision haineuse mais cepen­ dant cohérente qui reflète bien toute l'insensibilité et la rudesse du personnage.

Le récit de la journée du 8 avril 1928 clôt le roman.

Faulkner y renonce à la technique du monologue et relate, à la troisième personne, d'une manière objective, l'épilogue de l'histoire: le vol de Quentin et sa fuite.

S'ouvrant sur les perceptions désordon­ nées et angoissées de Benjy, le roman s'achève sur une note d'apai­ sement relatif.. »