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Le « Livre » — d'Igitur à Un coup de dés... - Mallarmé (résumé & analyse)

Publié le 24/11/2018

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Le « Livre » — d'Igitur à Un coup de dés...

 

Le « Livre », cet « Œuvre » que Mallarmé n’a pas écrit, il le rêvait « architectural et prémédité », comme « l’explication orphique de la Terre ». Considéré de cette façon, le « Livre » n’est que l’idée d’une somme idéale, chimère de tout grand écrivain, et « tenté à son insu par quiconque a écrit, même les Génies ». Mais Mallarmé, lui, essayait effectivement de réaliser l’idée, et il nous reste, de sa main, tant des réflexions sur la poétique du « Livre » (ce sont les essais « Quant au Livre ») que des notes éparses (publiées par Jacques Scherer), à quoi on peut ajouter le fragment d'Igitur (1869) et Un coup de dés jamais n 'abolira le hasard (publié en 1897).

 

L’idée d’une œuvre impersonnelle remonte aux années 1860, où, à la suite de son travail sur Hérodiade, l’auteur a la vision d’« une œuvre magnifique », d’« une cassette spirituelle ». Mais cette découverte le jette dans une crise métaphysique dont témoigne Igitur, sorte de conte relatant l’expérience du néant et l’abolition du hasard inclus dans toute vie indéfinie. Le texte décrit quasiment l’étape préliminaire à l’Œuvre, en particulier le processus d’abstraction par lequel celui-ci aurait dû être distingué du temps et de l’espace, processus symbolisé par le coup de dés jeté par le protagoniste, acte créateur qui fixe l’infini et établit l’absolu. Sans s’apercevoir que l'impersonnalité ainsi obtenue équivaut à une mort spirituelle, Mallarmé — à en juger d’après sa correspondance — persiste dans ses réflexions pendant de longues années.

« dans une orchestration inspirée de la musique (cf.

la Pré­ face), des «subdivisions prismatiques de l'Idée».

Une idée capitale (UN COUP DE ots JAMAIS N'ABOLIRA LE HASARD) est exposée sur un espace de douze pages doubles, les mots qui l'expriment sont scandés par des images sépa­ rées; le vers ne dicte plus rien, le tout est ordonné selon les étapes d'une pensée.

Les images essentielles de ces étapes figurent la Pensée et la Matière (un capitaine et la mer), la Conscience se voulant absolue et le Hasard de la condition de l'homme (ou «l'antagonisme du rêve chez l'homme avec les fatalités à son existence départies par le malheur », comme Mallarmé disait de Ham/et).

Conflit fondamental chez l'auteur, en même temps que témoi­ gnage sur le «Livre» lui-même qui devait vaincre le hasard « mot par mot».

La fin du texte énonce que « Toute pensée émet un coup de dés », en même temps que, parallèlement à la même page, se forme une « constellation », symbole cosmique de cette pensée.

On peut en conclure que ce Coup de dés n'est pas encore le « Livre », mais qu'il marque, comme Igitur, une réflexion avant sa réalisation définitive, une constellation attestant le magistère de la pensée et parfaitement en accord avec ce que Mallarmé se proposait dans l'essai « Solennité » : « Quelque chose de spécial et complexe résulte : aux convergences des autres arts située, issue d'eux et les gouvernant : la Fiction ou Poésie.

» BIBLIOGRAPHIE Texte du« Livre » et commentaires sur Mallarmé et le théâtre : Jacques Schercr.

le " Livre " de Mallarmé, Gallima rd , 1957.

Apportent des réflexions suggestives : Philippe Sollers, « Littéra­ ture et totalité », dans Logiques, Le Seuil, 1969, et Jacques Derrida, « la Dou ble Séance », Tel Quel, 41-42, 1970.

Sur lgitur et Un coup de dés ...

: Pierre Rottenberg, «Une lecture d'lgitur », Tel Quel, 37, 1969; Michel Makarius, , Revue d'esthétique, 1974, T; Anna Balakian, «Mallarmé et la liberté», Europe, avril-mai 1979; D.

Mouto te , Maîtres livres de notre temps, Corti 1988.. »

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