Le Maître et Marguerite
Publié le 27/03/2013
Extrait du document
La rédaction du Maître et Marguerite en 1928, dont le titre initial était le Conseiller au sabot, ne s'achève que quelque dix années plus tard, en 1940. Mais l'ouvrage ne paraîtra qu 'en 1966, dans une version tronquée.
«
EXTRAITS ~~~~~~~ ~
Intrusion du fantastique : un spectacle
de magie noire
A l'instant même, le plancher de la scène se
couvrit de tapis persans
sur lesquels se
posèrent d'énormes glaces éclairées de côté
« ••.
un chat énorme, aussi gros qu'un pourceau, ( ...
) avec de
terribles moustaches ...
»
par la lueur verdâtre de tubes lumines
cents.
Puis, entre les glaces, apparurent
des vitrines où les spectateurs, étonnés
et ravis, purent voir des robes pari
siennes de modèles et de coloris les plus
divers.
Mais d'autres vitrines apparu
rent, offrant des centaines de chapeaux
de dame, avec plumes ou sans plumes,
avec boucles ou sans boucles,
et des
centaines de souliers ( ...
) et des entas
sements de tubes oblongs
d'or ciselé
contenant du rouge à lèvres.
Alors une jeune fille rousse en toilette de
soirée noire, sortie
le diable sait d'où -
une
jeune fille qui eût été tout à fait
charmante si une cicatrice bizarre
n'avait abîmé son joli cou -, arbora
près
d'une vitrine un sourire aimable
de commerçante
ai;isée.
Marguerite est la reine d'un bal
satanique
Mais soudain, une sorte de craquement
se
fit entendre dans l'énorme cheminée,
et on vit jaillir de sa gueule
un gibet, où
pendaient les restes d'un cadavre à demi
tombé en poussière.
La chose se détacha
de
la corde et s'écrasa à terre, et aussi
tôt un homme en surgit, -
un bel homme
à cheveux noirs, en habit
et souliers
vernis.
De
la cheminée sortit alors un
cercueil de faibles dimensions, rongé de
pourriture ; son couvercle tomba, et il
vomit une autre dépouille informe.
Le
bel
hommes' en approcha galamment et lui
offrit son bras arrondi.
La dépouille
se reconstitua en une jeune femme vive et
remuante, chaussée
d'escarpins noirs et
coiffée de plumes noires.
Tous deux,
l'homme et
la femme, gravirent rapidement
l'escalier.
« Voici les premiers! s'écria Koroviev.
M.
Jacques et son épouse.
Je vous présente,
reine, un homme des plus intéressants.
Faux-monnayeur convaincu, coupable de
haute trahison, mais fort estimable alchi
miste.
S'est rendu célèbre - chuchota
Koroviev à l'oreille de Marguerite -en
empoisonnant
la maîtresse du roi.
Avouez
que ce
n'est pas donné à tout le monde !
Regardez comme il est beau !
»
( ...
) À· : :1.
~~ · Woland le magicien .,.
J 1-f
présente au Maître /Î ~~ }';;
Ponce Pilate, le , F/I{).
~ir.
f{
personnage manquant '1' de son roman '
Les cavaliers s 'arrêtè- 1 ·
rent.
l\!l,
« Ils ont lu votre roman,
dit Woland en se tournant
vers le Maître.
Ils ont seu
lement dit que, malheu
reusement, il
n'était pas
terminé.
Aussi ai-je voulu
vous montrer votre héros.
Voilà près de deux mille
ans qu'il est assis sur ce pla
teau, et qu'il
dort; mais quand
arrive
la pleine lune, comme vous
le voye z,
il est tourmenté par l'in
somnie.
»
Traduit du russe par Claude
Ligny.
Laffont, 1968
Les œuvres de
Boulgakov ( 1891-
1940) furent toutes
jugées
« contre
révo lutionnaires », à
l'exception de son
roman Les Jours des
Tourbine,
adapté pour
le théâtre .
C'est grâce à
Staline que la pièce put
être jouée.
I
« Coiffé d'un béret gris hardiment tiré s ur l'oreille , il portait sous le bras une canne de jonc ...
»
NOTES DE L'ÉDITEUR
Un ordre fantasmagorique
« Tout cela, commencé facilement, presque
comme une nouvelle de genre, tourne à la
fantasmagorie, devient presque
un rêve, un
cauchemar d'où toute logique est absente.
Le lecteur est dans l"' irrationnel" où tout
est permis à l'auteur.
» Sergueï Ermolinski,
introduction, Laffont, 1968.
deux
plans totalement opposés
l'un à
l'autre .
( ...
)Évoluant sur ces deux plans,
l
'auteur change radicalement de langage et
de rythme de l'un à l' autre .
On dirait qu 'il
jongle avec la contradiction des deux styles,
et ce qui est lointain et imaginaire devient
accessible
et authentique alors que ce qui
est
coutumier et réel se transforme en une
farce tragique et fabuleuse ...
» Sergueï
Ermolinski, op.cit.
l'intelligence et de la cu ltur e avec !'ordre
établi, tandis que Yeshua HaNotzri (Jésus le
Nazaréen) représente la négation absurde,
obstinée, paradoxale, mais
moralement
triomphante de la toute-puissance du mal.
Quant au diable, il apparaît moins comme
l'esprit du mal que comme un grand
mystificateur qui réalise le dessein
de la
Providence en faisant éclater l'ordre de la
bêtise et de la lâcheté.
» Michel
Aucouturier,
Écrivains soviétiques,
Larousse, 1978.
Un patchwork de styles
« Le roman Le Maître et Marguerite est
construit paradoxalement , il est écrit sur
1 Roger-Violl et 2 , 3 .
4 d essins de C yril Pe rrin / D.R.
Une hiérarchie de per sonnages,
une échelle des valeurs
« Ponce Pilate incarne la compromission de
BOULG AKO V 02.
»
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