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Le Meilleur des Mondes d'Aldous Huxley

Publié le 22/02/2012

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La seconde période, que Le Meilleur des Mondes inaugure en 1932, sera celle d'une interrogation inquiète sur l'avenir de l'humanité et les chances de l'humanisme : menace des technologies génétiques, risque d'un conditionnement d'autant plus puissant qu'il prétend oeuvrer au plaisir de ceux qu'il assujettit, montée des totalitarismes, etc. Le Meilleur des Mondes, que la postérité retiendra comme l'oeuvre maîtresse de l'écrivain, prophétie géniale du monde à venir, évoque les dangers que les livres ultérieurs ne cesseront de dénoncer, ceux d'une société dont l'organisation rend impossible la liberté individuelle : La Fin et les Moyens (1937), Retour au meilleur des mondes (1959), La Situation humaine (posthume, 1977). Temps futur (1949) pointe le doigt sur les risques du conflit nucléaire et bactériologique : après une ultime lutte armée, les rares survivants américains forment une société démoniaque vouée au culte de Satan.

« s'installent en eux, on leur fait absorber du « soma », une drogue euphorisante.

Le chapitre 4 jette l'éclairage sur unhabitant d'un rare esprit critique, Bernard Marx.

Epris de Lenina, il lui propose de visiter la réserve du Nouveau-Mexique, où vivent des hommes à l'ancienne mode.

Bernard est ami d'Helmholtz Watson, un « Ingénieur en Émotions», qui ne peut produire que des oeuvres cinématographiques utiles, et rêve de créer de vrais films.

Le chapitre 5décrit l'Office de solidarité : dans ce rite religieux, les habitants surexcités, presque en transe, chantent, crient leurenthousiasme pour la cité parfaite et son fondateur, Ford, « notre Ford».

Chapitre 6 : Bernard Marx, de plus en pluscritique, est menacé d'être exilé en Islande par le C.D.I.C.

Celui-ci en veut d'autant plus à Bernard qu'il lui a révéléun secret déshonorant au cours d'un accès de faiblesse (durant une excursion dans une réserve indienne, il n'a puretrouver la jeune femme qui l'accompagnait, et l'a abandonnée.

Pire : dans un monde où la procréation naturelle esthonteuse, elle était enceinte).Chapitres 7, 8, 9 : Bernard Marx et Lenina visitent une réserve d'Indiens du Nouveau-Mexique.

Les « Sauvages »mènent la vie des hommes d'autrefois : la reproduction naturelle, le vieillissement, les jalousies amoureuses, lessentiments familiaux, l'amour réciproque des parents et des enfants, les tabous sexuels, le culte des morts, lerespect de l'art et de la littérature (en particulier, John se réfère sans cesse à Shakespeare pour comprendre sapropre vie), les religions (mélange curieux de rites païens et de croyances chrétiennes), l'angoisse douloureuse de lamort et de la solitude.En Linda, Bernard reconnaît la femme perdue par le directeur, et en John leur fils.

John lui raconte longuement sa vieà la Réserve.

Bernard propose à l'Administrateur Mondial, Mustapha Ménier, de ramener Linda et John à Londres,sous des prétextes scientifiques (étude psychologique).

Il espère en réalité rétablir sa situation compromise enridiculisant le Directeur (dans le « meilleur des mondes », la reproduction naturelle passe pour une conduite animale).Du chapitre 10 au chapitre 18, toute la fin du roman est consacrée aux effets de la venue des deux sauvages àLondres, à la confrontation des « civilisés » et des hommes d'autrefois.

D'abord, comme Bernard l'avait prévu, leDirecteur est couvert de honte et obligé de démissionner (chapitre 10).

Et John devient la vedette que chacun veutvoir.

Bernard, qui l'a amené, a un énorme succès.

Mais les choses se gâtent vite.

Linda, grosse, vieillie, suscite de larépulsion et se réfugie dans l'euphorie procurée par des doses massives de soma qui ruinent sa santé (chapitre 11 ).Elle finira par mourir tout à fait abrutie devant une dizaine d'enfants criards que l'on a amenés pour les «conditionnerà la mort» (l'angoisse de la mort est obscène).

BernardLe Meilleur des Mondes I 345mesure la fragilité de son succès : il redevient très vite suspect, car trop individualiste (chapitre 12).

Finalement,avec son ami Helmholtz Watson, qui a, lui, l'audace d'écrire des textes personnels, et de les lire à des étudiants,après une longue discussion avec l'Administrateur mondial, il est exilé dans une île (chapitre 16).

Quant à John, il estfollement amoureux de Lenina.

Mais ce « sauvage » qui ne comprend la réalité que grâce à la poésie de Shakespeareest resté marqué par une image de l'amour jugée, ici, dépassée, et même grotesque : fidèle, mêlé d'admiration pourla personne de l'autre.

Il repousse brutalement Lenina qui se déshabille dès qu'il exprime ses sentiments (chapitre13).

Resté seul avec l'Administrateur mondial, il entame avec lui une longue discussion (chapitre 17) : celui-cijustifie par le bonheur permanent la stabilité sociale et la suppression de l'art, de la science, de la liberté individuelleet de la religion.

Le « sauvage » fonde son rejet du « matérialisme » de la vie à Londres sur sa foi profonde en Dieuet sur les valeurs humanistes.

Finalement, il se retire en pleine campagne, se flagelle publiquement (car une foule dejournalistes l'a suivi).

Après une ultime tentative de séduction de Lenina, il la frappe, puis assouvit son désir dans unétat de semi-hébétude, pendant que la foule se livre autour du couple à une orgie gigantesque.

Le lendemain, on leretrouve pendu. L'ANALYSE Le titre Le titre anglais, Brave New World, qui signifie littéralement « nouveau monde admirable » est tiré de La Tempête deShakespeare : l'exclamation est poussée par Miranda, élevée sur une île dans la seule compagnie de son pèreProspero, lorsqu'elle voit débarquer sur le rivage des inconnus inquiétants.

L'emploi de la formule est donc, ici,ironique, et constitue une antiphrase.

La traduction française rend compte de cette ironie : le meilleur des mondesest, en fait, atroce.

Elle renvoie, de surcroît, à la satire que Voltaire avait faite, dans Candide, de l'optimisme duphilosophe allemand Leibniz, pour lequel Dieu avait créé « le meilleur des mondes possibles ».

C'est aussi à certainesformes modernes d'optimisme que ne cesse de s'en prendre Huxley : l'optimisme du « fordisme », la confiance naïveau progrès par la science, la foi en l'utopie enfin réalisée, et, grâce à cette réalisation, l'accès au Bonheur pourTous. Notre Ford ! L'industriel américain est invoqué comme le Messie par, les habitants du nouveau monde, ou comme le prophète etle nouveau dieu.

Henry Ford (1863-1947), fondateur des célèbres usines automobiles, fut le premier à installer dansses usines des chaînes de montage, à utiliser les méthodes de l'ingénieur Taylor qui réduisaient à un petit nombre degestes simples le travail de l'ouvrier, à considérer que l'ouvrier idéal n'avait pas besoin de réfléchir.

My life and work,publié par Ford en 1922, étendait au citoyen ce que Ford pensait de l'ouvrier de l'usine taylorisée : le citoyen idéaln'a que faire de lucidité et d'esprit critique.

Ce livre est le texte sacré d'une religion dont Ford est le Messie ou leprophète.. »

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