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MEILLEUR DES MONDES (Le) [Brave New World], Aldous Huxley (résumé)

Publié le 11/07/2016

Extrait du document

Ce roman publié en 1932 demeure certainement l’œuvre la plus populaire de l’écrivain anglais Aldous Huxley (1894-1963). Il s’agit d’une utopie futuriste et pessimiste, qui évoque en l’an 2 500 un monde uni gouverné par une oligarchie. Dieu est devenu Notre Ford auquel on voue un culte puisque le monde est voué à la surproduction, à la surpopulation et à la surconsommation. La technique règne pour assurer la réalisation de la devise de l’État : « Communauté, Identité, Stabilité », toutes les ressources de la science sont mises en œuvre. La génétique a progressé au point d’as-
surer la reproduction des citoyens dans des éprouvettes où chaque classe sociale est ainsi préconditionnée à son rôle futur. Une différence d’oxygénation produit des types Alpha, Béta, Gamma, etc. jusqu’aux Semi-Avortons et Avortons du prolétariat voués aux tâches répugnantes. Le processus de Bokanovsky permettant d’obtenir soixante jumeaux identiques d’un même œuf, les esclaves sont des


« Aldous Huxley et « Le Meilleur des Mondes » UN ÉCRIVAIN DANS SON SIÈCLE Né en 1894, à Goldaming, dans le Surrey, en Angleterre, Aldous Leonard Huxley appartenait à une famille illustre.

Son grand-père paternel, Thomas Henry Huxley, fut un des plus importants naturalistes anglais du XIXe siècle et le compagnon de Darwin.

Son père, le docteur Leonard Huxley, écrivit des biographies de savants célèbres ; sa mère, une des premières femmes diplômées de l’Université d’Oxford, se passionna pour les problèmes pédagogiques et fonda une école de filles très cotée.

Son propre frère, Julian, considéré comme l’un des biologistes influents du XXe siècle, fut de 1946 à 1948 le premier secrétaire général de l’UNESCO.

Aldous Huxley s’est donc formé dans un milieu largement ouvert au débat d’idées, fortement marqué par les préoccupations philosophiques et, surtout, scientifiques. D’ailleurs, le jeune Aldous, qui fit ses études à Eton et Oxford, se destinait à la recherche médicale lorsque, à l’âge de seize ans, il devint presque aveugle : sa vie entière sera marquée par la lutte contre la cécité.

Même si son état s’améliora par la suite, il ne recouvra jamais une vision normale.

La médecine et la recherche en biologie lui étant de ce fait interdites, il se consacra au journalisme, à la critique dramatique et à la littérature.

Mais il a continué de s’intéresser à la biologie et à la médecine qui ont toujours constitué pour lui un sujet de réflexion fondamental et une source d’inspiration littéraire.

Ainsi, l’intrigue du Meilleur des Mondes repose, pour une part non négligeable, sur une anticipation des progrès qui pourraient être accomplis dans ces disciplines. Les premiers succès On distingue généralement deux périodes dans la carrière d’Huxley écrivain. Dans une première période qui s’étend jusque vers la fin des années 1920, Huxley écrit surtout, outre deux recueils de poèmes, des romans satiriques et brillants : Jaune de chrome (1921), Cercles vicieux (1923), Marina di Vezza (1925). Huxley se veut alors l’artisan d’une double libération : celle des mœurs et celle de l’individu face aux pouvoirs.

Mais, en même temps, il exprime une vision assez pessimiste d’un monde, d’un avenir où l’humanisme et la culture sont menacés.

Toutefois, dans l’ensemble, la tonalité des œuvres de cette période demeure plutôt allègre, aimablement cynique : on peut y déceler l’influence de Marcel Proust, d’Anatole France, du romancier anglais Thomas Love Peacock, des philosophes du XVIIIe siècle.

C’est avec la parution de Contrepoint (1928) que s’achève la première période de l’œuvre d’Huxley ; sans se départir de son ton ironique, il approfondit dans ce texte des recherches de technique littéraire dont il usera, avec plus de discrétion, dans Le Meilleur des Mondes. En 1919, Huxley avait épousé une jeune Belge, Maria Nys.

Un peu plus tard, il devait se remarier avec une violoniste et psychothérapeute italienne, Laura Archera.

De 1923 à 1930, il vécut en Italie.

Puis il s’établit dans le Midi de la France où il demeura quelques années. Un écrivain se penche sur l’avenir C’est en 1932 que paraît Le Meilleur des Mondes.

Ce roman, sans conteste le plus célèbre d’Huxley, inaugure la seconde période de l’écrivain presque tout entière consacrée à une interrogation anxieuse sur l’avenir de l’humanité.

Le Meilleur des Mondes est un récit d’anticipation qui évoque une société future sinistrement uniformisée et techniciste, divisée en castes prédéterminées, un univers dont l’organisation signifie la fin de l’individu, de la personne.

En 1949, Huxley, qui, depuis 1937, s’est installé à Los Angeles, en Californie, imagine avec Temps futurs les débuts de l’ère post-atomique : après un ultime conflit nucléaire et bactériologique, les rares survivants américains ont fondé une société démoniaque, dominée par le culte de Satan.

En 1959, dans un essai au titre significatif, Retour au meilleur des mondes, il analyse l’inquiétante progression des nouvelles formes de totalitarisme et des techniques d’asservissement de l’homme, et il se déclare persuadé que la fiction qu’il avait imaginée près de trente ans plus tôt dans Le Meilleur des Mondes est en passe de devenir réalité : « [...] les prophéties faites en 1931 se réalisent bien plus tôt que je le pensais.

» En 1946, il avait déjà tiré des conclusions analogues dans une préface rédigée pour une nouvelle édition du Meilleur des Mondes. Contre ces menaces qui pèsent sur l’espèce humaine Huxley ne cesse de lutter avec ses armes d’intellectuel et d’écrivain.

Outre ses romans, il multiplie, des années 1930 à sa mort en 1963, les essais, articles, conférences.

Il dénonce le militarisme, les idéologies totalitaires, l’accroissement incessant du pouvoir des Etats et des grandes entreprises.

Pour que soit sauvegardée la liberté de l’homme, il propose les remèdes de la décentralisation politique et économique, de l’exigence morale comme critère nécessaire de toute action, du pacifisme. Cependant, il ne fut pas toujours facile à Huxley d’assumer ses opinions pacifistes.

Quand éclata la guerre de 1939, cet Anglais résidant en Californie, cet intellectuel anti-totalitaire connut des moments de doute et d’angoisse.

Il n’en resta pas moins convaincu de la justesse de ses positions...

Bien sûr, on peut aujourd’hui juger l’attitude d’Huxley difficilement défendable et pour le moins contradictoire.

Face à l’agression hitlérienne, le pacifisme n’était-il pas le plus sûr moyen de hâter l’avènement d’un « Meilleur des Mondes » nazi ? Il ne faut cependant pas oublier, en l’occurrence, qu’Huxley appartient à une génération profondément marquée par le premier conflit mondial et prête à bien des concessions pour éviter que pareil drame ne se reproduise.

Beaucoup d’artistes et d’intellectuels, peu suspects de sympathie pour le nazisme, ont adopté à la même époque une attitude semblable à la sienne.

Ce fut le cas, en France, d’André Gide comme de Jean Giono, et en Angleterre du compositeur Benjamin Britten qui, mobilisable, refusa de porter les armes. Quoi qu’il en soit, les débuts de la guerre froide, juste après que les anciens alliés eurent écrasé la tyrannie nazie, ne firent que conforter Huxley dans son pacifisme intégral : l’extrême tension entre les U.S.A.

et l’U.R.S.S., entre deux puissances dotées de l’arme atomique, signifiait clairement que toute guerre comporterait dorénavant un risque de totale destruction de l’humanité. Un esprit aux multiples facettes Dans son combat pour l’homme et pour la paix, Huxley s’est souvent appuyé sur les religions orientales, comme le taoïsme ou le bouddhisme ; il y voyait une forme de pensée harmonieuse, conciliant l’esprit et la nature, associant le mysticisme à une philosophie rigoureuse, un art de vivre et une morale politique et sociale.

Pendant les dernières années de son existence, ses écrits témoignent d’une volonté de concilier la pensée traditionnelle orientale avec les acquis de la science occidentale. Idéaliste rationaliste, c’est ainsi qu’Huxley s’était lui-même défini dès 1937 dans un essai intitulé La fin et les moyens.

Idéaliste, il l’est par sa croyance en l’homme, par la place prédominante qu’il accorde à la morale, par ses inquiétudes métaphysiques et religieuses.

Mais en même temps son sens du concret, son intérêt pour les sciences exactes, son souci constant d’étayer, d’argumenter les positions qu’il prend font de lui un rationaliste, proche des philosophes du XVIIIe siècle.

Aussi la réflexion d’Huxley se situe-t-elle au croisement de la politique, de la religion, des sciences et de l’art.

Esprit encyclopédique, il a tenté de penser les rapports entre ces différents domaines afin de mieux armer la conscience des hommes contre les abus des pouvoirs et les différentes formes d’aliénation.

Quand il mourut à Hollywood d’un cancer de la gorge le 22 novembre 1963, il laissait une œuvre abondante où réflexion rigoureuse, lucidité et imagination s’allient. « LE MEILLEUR DES MONDES » DANS SON CONTEXTE HISTORIQUE Nous avons déjà souligné que Le Meilleur des Mondes revêt dans l’œuvre d’Huxley une importance primordiale.

D’abord, parce qu’il en est le titre le plus connu.

Ensuite, parce qu’il marque le tournant décisif de l’évolution intellectuelle et artistique de l’écrivain.

C’est dans ce roman qu’Huxley pose (et se pose) pour la première fois, à propos de l’avenir de l’humanité, un certain nombre de questions que l’on retrouvera en filigrane dans tous ses ouvrages ultérieurs. Contrairement aux écrits précédents où le pessimisme n’était qu’un motif à variations ironiques, Le Meilleur des Mondes traduit une angoisse profonde : de nombreuses pages sont empreintes d’une gravité morale, voire métaphysique, que l’on chercherait en vain dans les textes antérieurs.

Enfin, on devine, dans ce nouveau roman, une volonté très claire d’agir sur le public, de l’avertir, de le mettre en garde : manifestement, Huxley a conçu son œuvre comme une arme contre tout ce qui lui semble menacer la dignité humaine.

En somme, il est devenu, au sens non partisan du terme, un auteur « engagé ».

Nous savons qu’il le restera désormais jusqu’à sa mort. Les causes d’une telle évolution, chez l’écrivain, sont diverses.

Elles sont d’abord en partie, naturellement, d’ordre personnel.

Quand il rédige le texte qui, aux yeux de beaucoup, sera son chef-d’œuvre, Huxley a trente-sept ans, il a déjà connu deux mariages et un divorce ; l’expérience l’a assagi, l’a rendu plus lucide : il n’est plus tout à fait le jeune littérateur brillant et mondain de ses débuts.

Mais à ces raisons individuelles s’ajoute l’influence décisive d’un contexte politique général qui s’assombrit et inquiète de plus en plus l’intellectuel humaniste qu’est, avant tout, Huxley. Le Meilleur des Mondes paraît en 1932 : il a donc été conçu et rédigé au milieu de l’entre-deux guerres, alors que s’amorce une période de crise dont l’aboutissement sera le second conflit mondial.

Cette crise est d’abord une crise économique : elle éclate, on le sait, aux États-Unis en 1929.

Mais elle gagne ensuite la plupart des pays européens où elle a une conséquence politique majeure, celle de favoriser l’essor des mouvements, des partis totalitaires. La montée des totalitarismes Elle constitue le phénomène historique le plus frappant des années 1930.

Toutefois, les origines dudit phénomène remontent en fait à la fin du premier conflit mondial.

Ce sont les difficultés de la Grande Guerre qui ont provoqué dans la Russie de 1917 la chute du régime tsariste et la prise de pouvoir par les bolcheviks.

La création du premier Etat « socialiste » entraîne bientôt par contrecoup une radicalisation d’ensemble du mouvement ouvrier et la formation, dans plusieurs pays européens, de partis communistes dont certains ne tardent pas à s’organiser très puissamment, comme en France ou en Allemagne. Pour faire face aux progrès de l’extrême gauche et aux risques d’extension du communisme soviétique, les membres des classes possédantes et certains partisans traditionnels de la démocratie libérale envisagent alors le recours à des régimes d’autorité.

Ce mouvement de réaction suscite dans toute l’Europe l’apparition d’un totalitarisme de droite dont le fascisme en Italie et le nazisme en Allemagne constituent les exemples les plus frappants. A bien des égards, l’histoire politique de l’entre-deux-guerres en Europe peut se réduire à un affrontement entre bolchevisme et fascisme — autrement dit, entre deux forces qui, au-delà de leurs différences et de leur haine réciproque, partagent un même mépris de l’individu, des libertés et de la démocratie.

La crise de 1929 a bien sûr pour effet d’exacerber à l’extrême ce conflit : elle entraîne à la fois une nouvelle avancée des idées socialistes et surtout un essor décisif des fascismes.

Un seul exemple permettra d’évaluer l’impact de la crise.

En Allemagne, la plus puissante, industriellement, des nations européennes, c’est entre 1928 et 1932 que le parti nazi progresse de la façon la plus spectaculaire, passant de 150000 à 850000 adhérents, et de 800000 à 13,8 millions d’électeurs.

Hitler deviendra chancelier du Reich en janvier 1933. On comprend qu’aux environs de ces mêmes dates, Huxley ait été particulièrement inquiet devant la situation politique en Europe.

Vers 1930, les dangers que représentaient bolchevisme et fascisme devaient paraître de plus en plus pressants ; et on trouve d’assez fréquentes allusions à ces systèmes politiques dans Le Meilleur des Mondes — même si Huxley semble parfois s’alarmer moins du succès des idéologies en question que du climat de relâchement moral qui encourage leur progression. Une crise morale profonde La période de l’entre-deux-guerres souffre en effet d’une crise morale profonde dans laquelle il faut voir, là encore, une conséquence du premier conflit mondial.

Car la grande tuerie de 1914-1918 a ébranlé la plupart des valeurs et des principes qui formaient l’armature idéologique de la pensée européenne au XIXe et au début du XXe siècle. Ainsi la croyance en une amélioration politique et morale continue des sociétés humaines, communément admise avant la guerre de 1914-1918, n’a pas résisté à cette dernière.

La croyance au progrès n’a pas résisté à un conflit aussi absurde, aussi meurtrier, déclenché essentiellement pour de sordides motifs financiers et économiques.

De même, la foi dans la science comme force civilisatrice, largement répandue avant 1914, a été ruinée par l’apparition au cours des combats de terrifiantes armes nouvelles (gaz toxiques, blindés, avions de combat...), par l’utilisation des progrès scientifiques à des fins militaires.

Quant à la religion et aux systèmes moraux, ils ont été eux aussi dévalorisés par un déferlement de barbarie qu’ils s’étaient montrés impuissants à endiguer — lorsqu’ils ne lui avaient pas servi de prétexte.

Enfin, la confiance même que les Européens avaient en leur propre civilisation n’est pas sortie indemne des quatre années de batailles qui ont bouleversé les structures politico-sociales du Vieux Continent tout en faisant perdre à ce dernier la suprématie mondiale qui avait jusqu’alors été la sienne. Voilà pourquoi les lendemains de la guerre sont marqués par un profond scepticisme.

Dans l’Europe ruinée, exsangue, se répand l’idée que les civilisations sont fragiles, mortelles, à la merci du moindre soubresaut de l’histoire, et que les valeurs que ces civilisations sécrètent sont par nature relatives et transitoires.

De manière plus générale, les systèmes de valeurs apparaissent même non seulement comme périssables mais encore comme dérisoires, sans aucune efficacité contre la violence et la barbarie. Dans un tel climat idéologique, beaucoup de gens se mettent à penser que la ligne de conduite la plus raisonnable consiste à jouir égoïstement de l’existence tant que cela est possible.

Et il résulte de cet état d’esprit une sorte de frénésie de plaisirs, démultipliée par l’amélioration des conditions d’existence, par le développement des distractions de masse comme la T.S.F.

et le cinéma.

Frénésie de plaisirs qui se manifeste surtout par une considérable évolution des mœurs, particulièrement sensible en Grande-Bretagne où elle bouscule les vieux principes puritains qui ont si longtemps imprégné le pays ! Durant les années 1920, que l’on a appelées non sans raison les « Années Folles », domine ainsi en Europe une atmosphère de cynisme, caractérisée par la recherche égoïste du confort, des jouissances et du bonheur individuel. On comprend qu’un pareil vide moral ait ouvert la voie aux totalitarismes quand la crise de 1929, mettant fin aux Années Folles, a donné à ces derniers une nouvelle et irrésistible impulsion.

Les idéologies totalitaires ont progressé dans l’exacte mesure où elles ne trouvaient, face à elles, aucune valeur, aucun idéal susceptibles de leur résister. C’est la raison pour laquelle Huxley, qui considérait, au début des années vingt, l’effondrement des valeurs traditionnelles avec une indulgence amusée, voire approbatrice, souligne au contraire dans Le Meilleur des Mondes, quelque dix ans plus tard, l’absolue nécessité d’une éthique, d’une morale. La métamorphose des sociétés industrielles En dernier lieu, il convient de souligner que la crise des valeurs et la progression des totalitarismes, vers 1930, s’inscrivent dans le cadre d’une modification en profondeur, d’une métamorphose des sociétés industrielles. Pendant le premier tiers du XXe siècle, le développement incessant des techniques et l’apparition de nouvelles méthodes de production industrielle permettent l’instauration, aux Etats-Unis essentiellement, de la première société de consommation de masse de l’histoire mondiale.

La rationalisation du travail industriel dont le chef d’entreprise nord-américain Henry Ford s’est fait le champion et que nous étudierons en détail au chapitre 7, engendre ce que les historiens appellent « la seconde révolution industrielle ». Cette « seconde révolution industrielle » entraîne une hausse considérable de la productivité et multiplie les biens matériels.

Il en résulte, pour des secteurs toujours plus larges de la population, une évolution très importante du niveau et du mode de vie.

La possession d’automobiles, d’appareils ménagers, de postes de radio, d’appartements dotés de sanitaires perfectionnés, caractérise une nouvelle façon de vivre : l’« american way of life ».

Ce mode d’existence, d’abord typiquement américain comme son nom l’indique, n’en commence pas moins à toucher bientôt certains pays européens — l’Angleterre en particulier.

Et au bout du compte, tous ces changements contribuent à faire d’une économie hyperrationalisée et d’une consommation effrénée les nouvelles valeurs suprêmes des sociétés occidentales modernes. Bien sûr, la crise de 1929 affecte les économies des nations industrialisées et amène beaucoup de gens à réfléchir aux questions économiques, mises en évidence par les difficultés mêmes du moment.

Certains, comme Huxley, trouvent sinistrement ridicule que l’on ait déployé tant d’efforts de rationalisation et de développement technique pour que l’économie mondiale sombre dans le chaos.

Mais de nombreux économistes et hommes politiques pensent, au contraire, que c’est parce que l’on n’a pas suffisamment organisé et développé la production que la crise s’est produite.

Et ils préconisent, comme remèdes, un productivisme encore accru et une rationalisation toujours plus poussée des mécanismes économiques.

Ce qui montre qu’ils considèrent l’économie comme un but en soi, non comme un outil au service des hommes. 2 Résumé du « Meilleur des Mondes » CHAPITRE 1 Nous sommes à Londres, six siècles dans le futur.

L’action du roman débute dans le gigantesque Centre d’Incubation et de Conditionnement, là même où l’on « fabrique », avant de les éduquer, les sujets de l’État Mondial.

Dans la civilisation du Meilleur des Mondes, en effet, les êtres humains sont désormais obtenus par reproduction artificielle (ou ectogenèse), selon des principes comparables à ceux de l’industrie.

Le Directeur du Centre (D.I.C.2) fait visiter son établissement à un groupe d’étudiants ; de la sorte, le lecteur découvre lui aussi, tour à tour, les différents services. Au cours de la visite, le D.I.C.

demande à un jeune technicien, Henry Foster, de donner aux étudiants quelques explications complémentaires.

Aussitôt, Foster se lance avec enthousiasme dans des commentaires d’une grande précision : il est visiblement passionné par son travail.

Il s’interrompt cependant pour donner un rendez-vous amoureux à Lenina Crowne, une jeune biologiste également employée du Centre. CHAPITRE 2 Toujours sous la conduite du D.I.C., la visite continue.

Nous voilà maintenant dans les pouponnières où les enfants sont éduqués en fonction de la place qui leur est destinée dans la société.

Les étudiants assistent à diverses séances de conditionnement.

Le Directeur affirme alors sur un ton triomphal que l’esprit des enfants – des futurs adultes – est fait de ce que l’État leur suggère. CHAPITRE 3 Dans les jardins qui entourent le Centre, des centaines de fillettes et de garçonnets s’ébattent, nus.

Beaucoup s’amusent à des jeux sexuels.

Le Directeur évoque la totale liberté de mœurs qui est de règle désormais.

Un des Administrateurs les plus haut placés dans la hiérarchie de l’État Mondial, Mustapha Menier, intervient dans la conversation : il révèle les raisons de cette liberté sexuelle et les causes de la disparition de la famille.

De manière plus générale, il explique comment s’est instaurée la forme d’organisation sociale du Meilleur des Mondes. Pendant ce temps, Lenina avoue à son amie Fanny qu’elle éprouve une attirance pour un de leurs collègues, le psychologue Bernard Marx.

Mais Marx a mauvaise réputation : petit et plutôt laid, il ne correspond pas aux critères physiques de la caste supérieure à laquelle il appartient.

En outre, il fait montre d’un esprit critique excessif et a tendance à se replier sur lui-même — attitude fort mal tolérée dans la société du Meilleur des Mondes.

Pourtant Bernard Marx a invité Lenina à venir avec lui au Nouveau-Mexique, durant leurs vacances, visiter une Réserve à Sauvages. Il existe en effet certaines zones soigneusement isolées, auxquelles, pour des raisons de rentabilité économique, l’État Mondial n’a pas jugé bon d’imposer son type de civilisation.

Les habitants de ces « Réserves », des Indiens pour la plupart, vivent encore dans le respect des anciennes traditions et restent fidèles à des systèmes de valeurs et à des idées religieuses qui ont disparu du reste du monde. CHAPITRE 4 Lenina rencontre Bernard dans l’ascenseur du Centre.

Elle lui dit qu’elle accepte de l’accompagner au Nouveau-Mexique et lui fait comprendre qu’elle souhaite l’avoir pour amant.

Marx, qui désirait secrètement Lenina depuis plusieurs semaines, est cependant déçu par la légèreté avec laquelle elle vient de s’offrir à lui.

D’ailleurs, la jeune femme le quitte aussitôt pour aller au rendez-vous fixé par Foster. De son côté, Marx passe le début de la soirée en compagnie de son ami Helmholtz Watson.

Helmholtz est Ingénieur en Emotion (l’équivalent approximatif de nos écrivains ou scénaristes de cinéma) ; il ne doit produire que des divertissements superficiels.

Watson souffre des limites qui lui sont imposées.

Sans en avoir clairement conscience, il rêve de créer des œuvres véritables. Quoique très différents de caractère, les deux hommes partagent une même hostilité confuse à l’égard de la société. CHAPITRE 5 En fin de soirée, Bernard se rend à un Office de Solidarité, sorte de rite pseudo-religieux où les participants sont censés oublier leur moi, se fondre dans une personnalité collective, voire dans le système social tout entier.

Mais Bernard n’éprouve aucune extase, aucun sentiment de communion.

Au sortir de l’Office, il se sent au contraire plus isolé et inadapté que jamais. CHAPITRE 6 Lenina et Bernard sont amants depuis plusieurs semaines.

Mais Bernard se comporte d’étrange façon, du moins en regard des règles de conduite du Meilleur des Mondes : il cherche à s’isoler avec la jeune femme et n’hésite pas à critiquer devant elle, au nom de la liberté, le système du conditionnement. La conduite de Bernard est jugée de plus en plus sévèrement.

Le D.I.C.

lui adresse une sévère mise en garde : s’il ne change pas d’attitude, s’il ne fait pas preuve d’un « meilleur esprit », on le déplacera dans une région désolée, en Islande par exemple.

Le D.I.C.

en veut d’autant plus à Bernard que, dans un moment de faiblesse, il lui a révélé un secret déshonorant : voilà bien longtemps déjà, au cours d’une excursion dans une réserve indienne (celle, précisément, où Bernard veut se rendre), la jeune femme qui l’accompagnait s’est égarée et il a été incapable de la retrouver. Lenina et Bernard sont au Nouveau-Mexique, à Santa-Fé, dans un hôtel confortable à proximité de la réserve.

Malheureusement, une communication téléphonique apprend à Bernard une terrible nouvelle : le Directeur a mis ses menaces à exécution, on va bel et bien le transférer en Islande. CHAPITRE 7 Lenina et Bernard visitent la réserve.

Ils se rendent au village de Malpais.

Ils y découvrent la nature sauvage, la misère, la maladie, la reproduction vivipare.

Ils assistent à une cérémonie religieuse au cours de laquelle un jeune homme se fait fouetter pour renouveler la fertilité de la terre.

Mais surtout ils rencontrent deux blancs : John et Linda.

Linda n’est autre que l’ancienne compagne du Directeur, John le fils qu’elle a eu de lui. CHAPITRE 8 John raconte à Bernard son enfance à Malpais : les nombreux amants de sa mère, l’hostilité des gens du village, son premier amour malheureux, son apprentissage de la lecture à travers un vieil exemplaire des œuvres complètes de Shakespeare, ses expériences mystiques.

Parce que blanc, donc différent des autres, John a toujours été tenu à l’écart, exclu de la collectivité. Aussi, quand Bernard lui propose de l’emmener à Londres, accepte-t-il avec enthousiasme : il ne connaît bien sûr du monde civilisé que ce que lui en a dit sa mère, Linda. CHAPITRE 9 John est tombé amoureux de Lenina : amour véritable, profond et respectueux.

Avant le départ pour Londres, il la regarde dormir longuement, dans sa chambre d’hôtel, sans oser la toucher. Bernard compte se servir de John et de sa mère Linda pour rétablir sa situation.

Il montrera en public que le D.I.C.

a un fils d’une de ses anciennes maîtresses.

Dans une société où la reproduction naturelle n’est plus le fait que des animaux, le Directeur sera ridiculisé, déshonoré : il devra très certainement démissionner de ses fonctions et Bernard pourra peut-être conserver sa place. Bernard commence à mettre son plan en application : il téléphone à l’Administrateur Mondial, Mustapha Menier, pour lui demander l’autorisation de ramener avec lui John et sa mère.

Menier, dont la curiosité intellectuelle a été piquée, accepte : il pense que les réactions de John face aux réalités du Meilleur des Mondes constitueront un passionnant objet d’études psychologiques. CHAPITRE 10 Londres, le Centre d’Incubation et de Conditionnement.

Devant une nombreuse assistance, Linda se jette dans les bras du Directeur et déclare qu’elle a eu un enfant de lui.

John, à son tour, se précipite sur le D.I.C.

qu’il appelle « mon père ».

Le scandale est énorme : couvert de honte, le Directeur démissionne, ainsi que l’avait prévu Bernard.

La machination de ce dernier a donc parfaitement réussi : il n’est plus question de l’expédier en Islande. CHAPITRE 11 John devient la vedette du Tout-Londres des castes supérieures qui l’appelle « le Sauvage ».

Chacun veut voir un être humain si différent, si extraordinaire, qui est né de façon naturelle et qui a été éduqué hors du Meilleur des Mondes.

Pour cela, il faut passer par Bernard à qui la garde du Sauvage a été confiée.

Bernard se retrouve ainsi au premier plan, lancé dans la haute société ; il exhibe le Sauvage au cours de brillantes soirées.

Mais son succès lui attire beaucoup d’ennemis secrets. Quant à John, il découvre peu à peu que le monde civilisé ne ressemble guère à l’idée qu’il s’en faisait dans sa solitude de Malpais.

Lenina se sent fortement attirée par lui ; mais elle ne comprend pas l’attitude du Sauvage qui ignore ses avances alors que, pourtant, il semble la désirer.

En réalité, pour John, élevé chez les Indiens, le désir est inséparable de l’amour, de l’admiration, de la fidélité et tout homme doit mériter la femme qu’il aime. Quant à Linda, la mère de John, affaiblie par son séjour dans la Réserve, elle se réfugie dans les paradis artificiels que lui procure le soma, une drogue euphorisante très répandue dans le Meilleur des Mondes, et dont elle absorbe des doses si massives qu’elle achève ainsi de ruiner sa santé. CHAPITRE 12 Exaspéré d’être traité en phénomène de foire, John refuse de se montrer à une des soirées de Bernard.

Les invités, des notables pour la plupart, sont furieux et s’en prennent à leur hôte.

Dégrisé, Bernard mesure la fragilité de son succès. Helmholtz Watson, l’« ingénieur en émotion » ami de Bernard Marx, s’est mis, pour sa part, à écrire des textes véritablement personnels.

Mais il a eu l’imprudence d’en lire un devant une assemblée d’étudiants.

Dénoncé, il est maintenant un homme repéré. Présentés l’un à l’autre, Helmholtz et John sympathisent. CHAPITRE 13 De plus en plus éprise, Lenina décide de s’offrir à John.

Ce dernier ne comprend pas tout d’abord, les intentions de la jeune femme et se laisse aller à lui avouer son amour.

Folle de joie et réagissant selon les usages du Meilleur des Mondes, Lenina commence aussitôt à se dévêtir.

Après un instant de stupeur, John est saisi d’une colère folle.

Pour lui, une telle facilité dans les rapports sexuels avilit l’amour, dégrade les sentiments qu’il éprouve. Il repousse brutalement Lenina qui lui semble désormais indigne de son affection. CHAPITRE 14 Un appel téléphonique en provenance d’un hôpital vient d’informer John que sa mère est à l’agonie. John se rend à l’Hôpital pour mourants où Linda a été transportée.

Mais celle-ci, abrutie de soma, ne reconnaît même pas son fils.

Aveuglé par le chagrin, John secoue l’agonisante pour la contraindre à le reconnaître.

Effectivement, Linda retrouve un peu de lucidité, mais c’est pour mourir presque aussitôt.

Et John ne peut s’empêcher de se sentir responsable de sa mort. Durant toute cette action, des dizaines d’enfants criards jouent dans la salle commune autour des moribonds : on les conditionne à la mort. CHAPITRE 15 En sortant de la salle d’hôpital où sa mère vient de mourir, John croise un groupe d’employés auxquels on distribue des rations de soma.

Il les exhorte à ne pas aliéner leur liberté en consommant cette drogue euphorisante et se met à jeter par une fenêtre les boîtes de soma.

Furieuse, la foule se rue sur lui.

A ce moment, arrivent Bernard Marx et Helmholtz Watson.

Helmholtz se précipite pour aider John, tandis que Bernard reste indécis. L’intervention de la police évite aux deux hommes d’être lynchés.

Mais ils sont mis en état d’arrestation, ainsi que Bernard. CHAPITRE 16 Mustapha Menier reçoit dans son bureau John, Helmholtz et Bernard.

Il essaie de les convaincre de la justesse des principes qui régissent le Meilleur des Mondes.

Il s’ensuit une longue discussion à la fin de laquelle Menier prononce son verdict : Marx et Watson seront déplacés dans une île.

Il ne s’agit pas, pour l’Administrateur, d’une punition, mais au contraire d’une chance offerte aux deux jeunes gens : dans un milieu moins contraignant, leurs trop fortes personnalités pourront s’épanouir. CHAPITRE 17 Menier et le Sauvage restent seuls.

La discussion se poursuit.

Menier soutient que le monde civilisé assure le bonheur universel.

C’est ce bonheur permanent qui justifie la suppression de la liberté, de l’art, de la science pure et même de la religion. Mais le Sauvage a du bonheur une conception plus exigeante.

Et surtout il nourrit une foi profonde en Dieu, ce qui l’entraîne à repousser avec horreur le mode de vie matérialiste du Meilleur des Mondes. CHAPITRE 18 Helmholtz Watson et Bernard Marx ont quitté Londres pour leur lieu d’exil.

On n’a pas permis à John de les accompagner, comme il le souhaitait.

Alors ce dernier s’est retiré en pleine campagne, dans le Surrey.

Il cherche à sauver son âme et à se laver des souillures de la civilisation.

Mais l’image de Lenina l’obsède et, pour lutter contre les exigences de la chair, il se livre à des pratiques de mortification.

Des travailleurs agricoles le surprennent tandis qu’il est en train de se flageller.

La nouvelle de ces étranges pratiques se répand et bientôt le Sauvage est harcelé par les journalistes et une foule de curieux. Une ultime tentative de séduction de Lenina précipite le dénouement : le Sauvage roue la jeune femme de coups, puis, dans un état de semi-hébétude, il assouvit son désir tandis que la foule, autour du couple enlacé en une étreinte brutale, s’abandonne à une orgie gigantesque... Le lendemain, John est retrouvé pendu. 3 Organisation sociale, politique et économique du Meilleur des Mondes Le Meilleur des Mondes est avant tout la description d’une société imaginaire que l’auteur présente comme le possible aboutissement de certaines tendances du monde moderne.

Le roman d’Huxley appartient donc à la tradition philosophique et littéraire de l’Utopie.

Si cette tradition remonte à l’Antiquité, le terme lui-même a été forgé à partir du grec au XVIe siècle par l’écrivain anglais Thomas More qui en a fait le titre de son œuvre la plus célèbre, Utopia ; ce terme signifie exactement « nulle part ».

Ce qui est logique, puisque les utopies se consacrent à l’invention de sociétés idéales qui n’existent donc « nulle part » dans la réalité — mais que les auteurs situent souvent, pour les besoins de l’ouvrage, dans quelque lieu fictif et conventionnel (île, vallée inaccessible) ou dans un lointain futur. Ces formes imaginaires d’organisation sociale sont généralement érigées par leurs auteurs en modèles - modèles que, selon eux, les hommes devraient s’efforcer d’appliquer.

Il peut donc sembler paradoxal de ranger parmi les utopies la société du Meilleur des Mondes dont Huxley fait davantage un repoussoir qu’un objectif.

C’est pourtant le mot d’« utopie » qui lui a toujours servi pour désigner ce type de société, en particulier dans la préface de 1946 (p.

10).

Et en y regardant de plus près, on constate que cette organisation sociale présente la caractéristique majeure de l’utopie : elle constitue un système. Ce qui distingue en effet l’utopie d’un simple programme politique, c’est qu’elle offre un projet de société global et détaillé à la fois — il faudrait dire une société, toute faite.

Car l’utopie entend définir tous les aspects de la vie humaine, y compris les plus modestes3. Or la société dépeinte par Huxley dans Le Meilleur des Mondes forme bien un système dont les moindres composantes ont été entièrement pensées, entièrement organisées : elle répond sans conteste à la définition de l’utopie.

Toutefois, dans l’œuvre, les caractéristiques de cette société n’apparaissent au lecteur que de façon progressive et fragmentaire, selon les développements de l’action romanesque (même si les trois premiers chapitres en décrivent les aspects les plus significatifs). Aussi nous a-t-il paru utile de rassembler ces éléments épars et de proposer ici un tableau d’ensemble de la structure sociale, des mœurs et des institutions du Meilleur des Mondes. ORGANISATION SOCIALE Une société hiérarchisée La société du Meilleur des Mondes est essentiellement inégalitaire puisqu’elle repose sur un système de castes. Cinq castes principales désignées par les cinq premières lettres de l’alphabet grec (alpha, bêta, gamma, delta et epsilon) se subdivisent à leur tour en sous-groupes (par exemple, alpha plus plus, alpha plus, alpha moins, etc.).

A chacune de ces catégories correspondent des niveaux de responsabilité et des types de profession bien définis. Les Alphas constituent la classe supérieure : ils occupent les postes les plus importants, ils exercent les métiers réclamant une formation intellectuelle poussée.

Au-dessous d’eux, le rang social des divers groupes s’abaisse progressivement, jusqu’aux Epsilons, réduits aux tâches les plus humbles, purement physiques et répétitives.

En dehors des Alphas qui constituent l’élite dominante, et des Bêtas qui forment une sorte de classe moyenne, c’est par conséquent la grande majorité de la population qui appartient aux trois castes inférieures.

Une société aussi hiérarchisée ne peut se maintenir que dans la mesure où elle s’appuie, comme nous allons le voir, sur la reproduction artificielle (ou ectogenèse) et sur un conditionnement sans faille de ses sujets. Une humanité artificielle Le Meilleur des Mondes ignore la reproduction naturelle.

Les femmes sont rendues stériles (on les désigne alors par le terme de neutres) ou éduquées à des pratiques contraceptives systématiques.

Des ovaires excisés à l’état vivant sont conservés grâce à des techniques appropriées ; c’est par fécondation artificielle des ovules qu’ils produisent que sont obtenus les embryons.

Ensuite, ces derniers se développent dans des flacons où l’on a reconstitué les conditions d’une grossesse naturelle.

Toutefois, avant même la fécondation, les ovules et le sperme utilisés ont été choisis de qualité biologique très différente selon la future appartenance sociale des êtres humains qu’ils permettront d’obtenir.

En gros, ovules et sperme « donnés » par les sujets d’une caste servent à produire les nouveaux sujets de cette caste.

Il y a donc une certaine continuité génétique globale entre les différentes générations de chaque caste — même s’il n’y a pas continuité sociale au sens strict puisque, précisément en raison, entre autres, de l’ectogenèse, la famille a disparu du Meilleur des Mondes.

Après la fécondation, l’inégalité génétique initiale est encore accentuée : par toute une série d’interventions biologiques ou chimiques, les embryons, les futurs bébés sont déjà dotés d’aptitudes physiques ou intellectuelles très diverses, déterminées en fonction de la place qui leur sera attribuée dans la société.. »

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