Le Pays des canailles
Publié le 12/04/2013
Extrait du document
« Essenine me disait que, à New York, il avait voulu aller voir la célèbre bourse newyorkaise ( ... )." C'est plus terrible que d'être entouré d'une meute de loups, disait Essenine. Que sont nos petits voleurs et bandits en comparaison avec eux ? Voilà où il se trouve, le pays des canai lles ! " « Témoignage de sa troisième et dernière femme, Sophia Tolstoï, dans la revue lounost, n° 4, Moscou, 1957. Sergueï Aleksandrovitch Essenine (1895- 1925) fait partie de ces jeunes poètes russes avant-gardistes qui mirent un grand espoir dans la révolution, mais qui furent fatalement déçus. Il se suicida en 1925, à l'âge de trente ans.
«
«Je suis venu dans
cette ville les mains
vides,
mais
le cœur plein ...
»
EXTRAITS -------~
Le communiste Zamarachkine cherche
à faire la leçon à Nomakh
ZAMARACHKINE
Mais tu dois suivre les autres .
NOMAKH
Quels autres ?
Une meute de miséreux affamés.
Tout leur
est égal ...
Dans ce monde sor
dide, le rouble rend meil
l eure
!'âme humaine ,
et s'il est criminel ici
d'être bandit,
ce la ne !'est
pas plus
que d'être roi ...
J'ai entendu comme
ce coquin
t'a parlé de Ham/ et.
Que peut-il com
prendre de lui ?
Ham/ et s'est révolté
c ontre le mensonge,
où s'enfonçait la cour du roi.
Mais
s'il vivait aujourd'hui ,
il serait voleur
et bandit .
Car la vie humaine ,
c'est aussi une co ur,
sinon de roi, alors de bétail.
Nomakh, arrivé à Kiev, vient
d'apprendre par son ami Barsouk ·
qu'il a été suivi par un agent
soviétique
Écoute ! Moi aussi j'ai c ru un temps
au sentiment :
à!' amour , à!' héroïs me , au bonheur,
mais à présent j'en suis revenu , ou du moins
j'ai compris que tout ça
n'est rien que saleté.
( ...
)
A tous ceux qui sont plus pauvres d'esprit ,
qui
au g ré du destin n 'ont connu ni la misère
ni!' impud ence,
je les laiss e glorifier villes et femmes,
quant à moi , je vais honorer
l es criminels
et le s vagabonds .
( ...
)
Il
fut un temps où,
j
oyeux drille,
lab
ouré jusqu'aux os
de !'herbe de la steppe,
je suis venu dans cette ville les mains vides,
mais le
cœur plein
et non sans rien dans la tête.
J e croyais ...
je brûlais ...
J e partis p
ou r la révolu tion.
J e pensais que la fraternité n
'était ni un rêve
ni un songe,
que tout, !'ensemble des peu
ples,
des races
et des tribus,
se dissoudrait dans une
mer unique.
Mais au diable tout cela !
J e suis l
oin de me
plaindre.
Traduction de
Nath alie Pighetti ,
Edito-Service ,
1992
« Je croyais ...
je brûlai s ...
Je partis pour la
révolutfon.
»
ENDANT QU 'UN -0€S
DUC.îEUR.S ACîiON·
E LE SîFFLE.î DE LA C.OMOîÎVE L1 Al!Tl.
»
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