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LE PAYSAN PARVENU DE MARIVAUX (résumé et analyse)

Publié le 17/01/2015

Extrait du document

marivaux
l'entraîne pas vers la gloire, il sait l'épuiser en source de plaisir; il s'agit, comme le dit Jacob, d'une« vanité qui me rendait gai, et non pas superbe et ridicule; mon amour-propre a toujours été sociable, je n'ai jamais été plus doux ni plus traitable que lorsqu_ e j'ai eu lieu de m'estimer et d'être vain». LA CHASSE AU NATUREL Ce qu'il [Marivaux] exprime plus clairement que son rival (Crébillon fils), et longtemps avant Laclos, c'est l'attrait que des êtres habitués à l'insincérité et à l'artifice éprouvent pour le naturel quand ils le rencontrent: de là, le succès de Jacob auprès de la femme du financier, de Mme de Ferval ou de Mme de Fécour. Et du même coup, Marivaux décèle le vice secret de cette chasse au naturel : elle dissout son objet pour en jouir, car l'âme naïve ne peut éprouver certains sentiments qu'en se corrompant; elle «se raffine à mesure qu'elle se gâte"• comme le dit Jacob. Frédéric Deloffre, Introduction au Paysan parvenu, éd. Classiques Garnier. Autre étape importante pour M. de La Vallée que son passage à Versailles. Ce dernier apprendra que tout bourgeois qu'il est, il n'est qu'un vermisseau aux yeux des riches financiers. Il fera à nouveau l'épreuve de l'humiliation dont est toujours victime le subalterne. L'ÉLAN ROMANESQUE Cette fois-ci, Jacob ne peut se permettre une harangue, mais il se vengera par une action vertueuse. Il laissera le poste qu'on vient de lui promettre comme une faveur à M. d'Orville à qui on le refuse pour cause de maladie. Au manque de coeur dont fait preuve M. de Fécour, qui a oublié sa vertu sous les honneurs et la fortune, répondent la dignité et la bonté d'un jeune homme qui sait où se trouve le vrai mérite. M. Bono, autre financier présent lors de cette scène, se montrera plus sensible à cette action charitable et promet à Jacob une protection qu'il vient de perdre par son coup d'éclat. Mais ce n'est pas à lui qu'il devra sa fortune, comme si cette faveur était encore indigne. M. de la Vallée deviendra un « honnête homme "• par le biais du comte d'Orsan à qui il va sauver la vie par son épée. M. de La Vallée échappe au monde de la finance et de l'avarice pour accéder au monde des grands, de ceux qui ont une naissance, de ceux qui détiennent le pouvoir. Le comte, en effet, est un neveu d'un puissant ministre. Ultime étape alors pour Jacob, qui va affronter à la Comédie le regard des aristocrates. C'est alors qu'il ressentira son habit non comme une gloire mais comme une honte! Dernière humiliation, dont le sauvera la protection de son nouvel et puissant ami. Au terme de la cinquième et dernière partie, le narrateur a dressé un tableau critique de la société de son temps. Audelà des particularités liées à certaines conditions, des constantes apparaissent : hypocrisie des relations humaines où la vertu sert de masque au vice, vanité des hommes fondée non sur le
marivaux

« de leur maîtresse.

Les domestiques n'aiment pas leur maître et s'ils font semblant, c'est qu'il y va de leur inté­ rêt; ainsi Geneviève se laisse-t-elle cor­ rompre par son maître.

Elle accorde quelques privautés en échange d'une fortune qui, elle l'espère, favorisera ses ambitions : elle veut épouser Jacob et l'enrichir en lui portant une dot de conséquence.

Le paysan ne veut pas de ce mariage, qui pourtant favoriserait son sort; il laisse faire la femme de chambre, lâcheté de sa part, qu'il excuse de la sorte : Geneviève prend prétexte de sa personne pour assouvir sa cupidité.

Par ailleurs, le maître va tenter de le corrompre, mais il l'humi­ lie, en lui proposant ce mariage où il serait l'éternel cocu grâce à ce généreux maître! Jacob fait parallèlement la triste expérience de l'injustice sociale: « Quel misérable pays, Madame, où l'on met au cachot les personnes qui ont de l'honneur, et en chambre gar­ nie, celles qui n'en ont point.» La mort subite du maître arrive à point nommé pour Jacob, ce qui n'est pas le cas pour les domestiques, qui révèlent leur hypocrisie : quand le vieux laquais apprend la mort de son maître, il ne le pleure pas tant que l'argent qu'il arrivait à lui extorquer.

Les valets s'empressent de demander leur gages, pillent la maison, profitant du désordre qui y règne.

Seuls Jacob et une autre femme de chambre se montreront fidèles à l'égard de la veuve.

Si l'attitude des domestiques s'explique par leur état de servitude - ils sont trop souvent humiliés par leur maitre - et la différence de fortune qui devient insupportable quand elle s'affi­ che quotidiennement, il n'en va pas de L'~LAN ROMANESQUE même pour les amis de Madame.

À la mort du maître, sa fortune est vilipen­ dée, puis anéantie.

Les amis disparais­ sent sur le champ; ils n'étaient que glorieux et «le glorieux n'est ami de personne( ...

); ce n'est pas vous qu'il aime; c'est votre rang, c'est votre for­ tune, c'est l'éclat qui vous environne, et l'estime où vous êtes dans le monde » (Le Cabinet du Philosophe).

L'expérience apprendra à Jacob à se méfier des amitiés guidées par l'intérêt, il y apprend le retournement des for­ tunes, et s'il est devenu un grand de ce monde, comme il l'annonce dans son prologue, on ne peut plus douter de sa lucidité et de sa probité, après cette expérience.

Sa rencontre avec Mlle Haberd lui offre la possibilité d'échapper à la men­ dicité.

Sa charité très chrétienne et d'autant plus généreuse qu'il s'y mêle un certain go11.t pour le jeune homme va s'opposer à la charité très dévote de sa sœur et de M.

Doucin, leur directeur de conscience.

Quand l'une veut favo­ riser le sort de Jacob, les autres tentent de se débarrasser d'un homme qui nui­ rait à leurs intérêts de domination.

On trouve à cette occasion quelques pages acides et ironiques sur l'univers des dévots.

La retraite chez Mme d'Alain paraît fondamentale dans l'ascension sociale de Jacob.

Il ne paraît plus ni en pay­ san, ni en domestique mais en petit bourgeois, et son changement de nom favorise et signe ce progrès: Jacob se métamorphose en M.

de La Vallée.

Il va jouer ce rôle un certain temps, le temps que son mariage avec Mlle Haberd se conclue, dans un univers petit-bourgeois que Mme d'Alain 179. »

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