Le personnage de SIGISMOND

SIGISMOND. Le prince Sigismond, héritier imaginaire du trône de Pologne et principal personnage de La vie est un songe (1631-35), drame de Pedro Cal-derôn de la Barca, est une des plus fortes créations du théâtre espagnol. Basile, roi de Pologne, qui se pique d’astrologie, s’est laissé prédire que son fils Sigismond deviendra un prince indigne et qu’après avoir, en naissant, coûté la vie à sa mère, il le privera de son trône. Pour conjurer ce sombre destin, le roi enferme secrètement Sigismond dans une tour environnée de montagnes inaccessibles, sous la garde du fidèle Clotalde. De nombreuses années après, Basile, tourmenté par le doute et nourrissant un vague espoir, fait endormir son fils : et Sigismond se réveillera à la cour avec toutes ses prérogatives de prince héritier. Mais le jeune homme, aussitôt, se comporte en funeux et sa conduite prouve bien que les astres n’ont pas menti. Le prince, préalablement endormi, est reconduit en prison, mais le peuple indigné le libère et, bafouant le roi, fait monter Sigismond sur le trône. Tout le drame se déploie autour de la figure et du destin de Sigismond, avec ses réactions alternées, selon qu’il se réveille prince, ou que, replié sur lui-même, il se trouve de nouveau dans un cachot. Le philtre aidant, une confusion s’empare de son esprit au sujet de ses deux états successifs. Alors il ne sait plus si la vie est une réalité ou un songe : quand donc sera-t-il sûr de vivre une vraie vie ? Sinon, existe-t-il un point fixe où se raccrocher ? Plus que dans l’action même, le drame prend sa source dans