Le Rêve dans le pavillon rouge
Publié le 10/04/2013
Extrait du document
Les quatre plus grands romans chinois classiques sont, outre Le Rêve dans le pavillon rouge: Histoire des trois royaumes, Au bord del' eau, Pèlerinage en Occident et Jin Ping Mei. Le titre du roman s'explique ainsi : l'expression « pavillon rouge « désigne en chinois le gynécée dont la couleur dominante était pour les murs extérieurs le vermillon, tandis que le terme « rêve « fait allusion à la fois à un passage essentiel du roman où frérot Jade lit en songe le destin futur de ses compagnes, mais aussi et surtout au thème récurrent de la vanité des passions humaines.
«
Pavillon de jardin d'époque T'sing
EXTRAITS
Frérot Jade apparaît une dernière fois
à son père
La soubrette Nuée d'Azur ayant donc, la
veille au soir, refusé de lui ouvrir
la porte de
l' Enclos égayé
Rou ge, la sœurette Lin en
avait, à tort, imputé l'offense au frérot Jade
lui-même.
Par mau
vaise coïncidence, sui
vit
le jour des offrandes
d' Adieu aux Fleurs.
De
sorte que rien
n'avait
fait lumière en elle, et
qu'elle n'avait pu se
soulager de son ressen
timent.
Pri se, outre, de
tristesse et du regret du
printemps à son décès,
elle était allé enterrer
quelques corolles flé
tries et pétales effeuil
lés.
A force de
pitié
pour les fleurs, n'avait
pas manqué de s' affli
ger de son propre sort,
gagnée
par les san
glots, en était venue à
moduler au gré de
l'inspiration ,
la lamen
tation
qu'à son insu frérot Jade avait en
tendue.
Il n'avait d'abord fait que scander
le rythme de signes de tête et soupirer
d'émotion.
Mais lorsque lui parvinrent aux
oreilles des vers tels que :
Moi dont on raille la folie
Pour les fleurs que j'ensevelis
Sais-je pour qui viendra le jour
De m'ensevelir à mon tour ? ( ...
)
il ne fut plus maître de sa douleur et se
laissa choir renversé
sur le versant de la.
colline, en répandant tout autour de lui, les
pétales qu'il tenait amassés dans
le creux de
sa robe.
En guise de conclusion
Il arrêta son pinceau, releva la tête et aper
çut tout à coup à la proue, sous un léger
duvet de neige, un
personnage au crâne
rasé,
pieds nus, drapé dans une cape de
feutre écarlate,
quis' abattit sur le pont,
prosterné vers lui.
Sans prendre le temps de
l'identifier, il sortit précipitamment du châ
teau de proue pour le relever et lui deman
der qui il était.
Mais le quidam avait déjà
battu quatre fois du front
le plancher.
Il se
releva et adressa finalement au Politique
le
salut bouddhique en joignant les paumes
des deux mains.S'apprêtant à le lui rendre,
le Politique le regarda bien en
face : ce
n'était autre que
le frérot Jade en personne.
Saisi d'un violent émoi, le Politique s' em
pressa de demander :
« Serais-tu donc mon
fils Jade magique
? »
L'autre ne répondit pas, mais parut balan
cer entre
la joie et la tristesse.
«Si tu es vraiment mon fils Jade magique ,
reprit le Politique,
comment peux-tu te
montrer ici en tel
appareil
? »
Avant que le frérot
Jade
n'ait eu le
temps de répondre,
apparurent
sur le
pont de proue deux
autres personnages,
un bon ze et un moi
ne taoïste ,
qui se
placèrent
l'un à sa
gauche, l'autre à sa
droite, et lui dirent :
« C'en est à présent
fini de tes affinités avec le monde du vul-
gaire
! Que ne te hâtes-tu de partir ? »
Traduction de Li Tche-Houa
et Jacqueline Alézaïs, 1981
Cao Xueqin aurait
rédigé 110 chapitres,
sous le titre Le roman
du rocher.
Très vite,
cependant, les trente
derniers manquèrent.
Répondant
à l'attente
d'un public nombreux ,
l'éditeur Gao E ajouta
40 chapitres, trente ans
après la mort de Cao
Xueqin (édition de
1791 ).
Respectant
l'esprit du roman,
i1s
diffèrent cependant par
le style et le détail de
l 'intrigue finale telle
qu'elle est connue.
Une des étapes
impériales entre Pékin et Hanchow.
NOTES DE L'ÉDITEUR
« Ce roman long, diffus, rempli d'allusions
inintelligibles comme la plupart des grands
romans chinois, est rédigé dans une langue
très pure , avec un talent poétique et un sens
psychologique remarquable.
» La littérature
chinoise,
Odile Kaltenmark , P.U.F., 1948.
de
s soieries, monopole impérial.
Le brusque
déclin de la famille Cao qui frappa Xueqin
dans son enfance n'est pas sans rappeler le
destin de la maison Jia.
Réduit à la misère ,
Cao aurait mené une existence bohème un
peu fantasque, à l
'imagination féconde et
aux talents multiples.
Poète, calligraphe,
conteur, acteur, mais aussi buveur invétéré,
il aurait commencé sa carrière de romancier
par une œuvre érotique,
Les Amours de
brise et de lune, dont les éléments auraient
été réintégrés dans
Le Rê ve.
Après dix
années consacrées à son chef-d'œuvre,
il
travailla à l'élaboration de manuels
pratiques , dans un but semble-t-il social.
Ce fut là son dernier avatar : ultime
beuverie aurait, dit-on, eu raison de son
existence terrestre
!
De la vie de Cao Xueqin (1715-1763), on
ne sait pas grand-chose de certain,
si ce
n'est qu'il était issu d'une famille de lettrés
et de mandarins enrichis dans l'intendance
1, 2 grav ures de L.
Massard, BPU, Genève/ N.
Bouvier 3, 4 B.N .
/ N.
B ouvier
« Le Rêve dans le pavillon rouge est
considéré
jusqu'à aujourd'hui comme le
plus haut point de développement jamais
atteint par le roman chinois.
»A History
of chinese literature, Herbert G.
Giles,
Turttle Edition, 1973.
CAO XUEQIN 02,.
»
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