Le Soulier de satin 1928-29 Paul Claudel (1868-1955)

Un chef-d'oeuvre

Une genèse tourmentée

Claudel commença Le Soulier de satin lorsqu'il était à Paris, en 1919, et le termina au Japon, en décembre 1924. La troisième partie avait été détruite pendant le tremblement de terre de Tokyo en 1921, et il dut la réécrire entièrement.

Il fallut attendre 1928-29 pour que l'oeuvre fût publiée. Elle serait restée pourtant méconnue de longues années encore. Si la critique en effet avait célébré le génie de la pièce (à l'exception de Gide qui la commentait dans son journal intime en écrivant «consternant ! «), ce n'est qu'en 1943, après le succès sur la scène de L'Annonce faite à Marie, que Jean-Louis Barrault se proposa de monter Le Soulier de satin.

Comme le texte d'origine aurait exigé neuf heures de représen­tation, Claudel accepta de remanier sa pièce afin d'obtenir un spec­tacle réduit à cinq heures. Et dès novembre 1943, en dépit de la guerre Le Soulier de satin fut applaudi à la Comédie Française, pendant toute une saison !

Une passion réelle

La vie a souvent fourni les événements déclencheurs des oeuvres d'art : ce fut le cas pour Claudel. On connaît en effet, malgré sa discrétion, la crise passionnelle qu'a vécue l'auteur en 1901: dans le bateau qui le ramenait en Extrême-Orient, il rencontra une femme mariée, d'origine polonaise, Rosalie Vetch, dont il s'éprit