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« L'économie Contre La Société » de Bernard Perret et Guy Roustang

Publié le 05/08/2012

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Avec le vieillissement de la population et l’augmentation continuelle des exclus, notre système de protection sociale ne peut plus faire face à l’accroissement et la diversification des demandes en matière de services sociaux. A côté de l’état garant de la protection des individus doit s’affirmer progressivement un état médiateur de l’échange social et partenaire de la société civile. Alors que les militants des services sociaux s’épuisent d’un manque de reconnaissance du dévouement lié à leur profession, il s’agira dorénavant pour l’état de développer, de renforcer et de soutenir les partenariats sociaux et de redonner sens et prestige à un engagement au service de la société.    2) Les moteurs du changement social    L’économie a tendance à constituer un système normatif de représentation de la société. Fournir une norme permettant de clarifier les termes de l’échange social (la valeur monétaire) en est une force. Il faut cependant critiquer la domination de l’échange monétaire sur d’autres formes d’échanges sociaux et savoir aujourd’hui inventer de nouveaux outils de connaissance et de représentation de la réalité.    Les auteurs soulignent en ce sens le rôle de l’évaluation pour légitimer les interventions publiques et activités non marchandes, et justifier la pertinence des actions sociales de l’Etat et leur impact sur la société.

« 1) Le renforcement du style de vie, des fonctionnements sociaux et de la mesure du bien être Repenser l'équilibre entre politique, culturel et économique implique un certain recul quant aux mécanismes ancrés qui tendent à orienter les choix individuels etsociétaux selon les habituelles valeurs de l'économie monétaire, à savoir la satisfaction du consommateur individuel au détriment de choix citoyens et responsables.a)Les auteurs remettent également en question la représentativité de la comptabilité nationale, dont les calculs se basent sur le PIB et la consommation des ménagespour témoigner du niveau de vie et de l'activité économique mais occultent la part d'économie non marchande et d'activité collective.

Suivant ce précepte, « ce qui nese paie pas n'a pas de valeur » et inversement, le travail rémunéré constitue un « gage d'augmentation de la productivité et de la richesse ».Cette représentation partielle et biaisée, renforce le système dont il est issu en favorisant les dépenses individuelles et la détérioration de l'environnement naturel qui àleur tour entraînent d'autres mécanismes de marché pour remédier aux conséquences qui en résultent.b)Les français adoptent de préférence un mode de consommation individualiste qui conduit souvent à des dépenses démesurées en rapport à l'utilisation souventrestreinte des biens ainsi acquis.

Les auteurs évoquent également le coût lié aux dépenses suscitées par les effets néfastes de notre mode de vie tels que pollution,défauts d'urbanisme, délinquance stress ; comme par exemple la consommation massive de psychotropes.

Si de nos jours « logique individualiste et mode de calculéconomique se renforcent mutuellement pour privilégier les solutions privées et les mécanismes de marché », cette escalade consumériste pourrait être en grandepartie enrayée par le choix d'investissements collectifs et publics qui auraient par ailleurs l'intérêt de recréer du lien social.c)L'automobile nous offre un exemple révélateur du culte de l'autonomie de notre société.

Fort symbole d'émancipation individuelle, l'automobile est à la source denombreux préjudices tels que pollution bruit, accidents, tension nerveuse, fatigue.

Pourtant, sous la pression des lobbys du secteur économique (constructeurs,salariés, publicitaires, etc.) et des usagers, les autoroutes continuent de fleurir au détriment d'une politique ambitieuse de transports en commun. 2) Vers une autre manière de consommer a) Rationalité civique et principe de responsabilité La protection de l'environnement et la préservation des ressources constituent un enjeu majeur qui doit être la responsabilité de toute la collectivité humaine.

Il estprimordial que la politique englobe ce facteur dans son processus décisionnel.

Aussi, les auteurs préconisent de développer une comptabilité nationale qui engloberaitles destructions de ressources, les pollutions et les coûts de protection et de remise en état de l'environnement, qui, déduits du produit intérieur net, constituerait unproduit intérieur net écologique.

Mettre à jour les coûts réels de l'activité économique actuelle devrait peser sur les choix politiques. b) Un cauchemar pour le technocrate : et si le consommateur choisissait la frugalité ? Le sentiment d'autonomie tant social que matériel que provoque l'individualisation de la consommation est sans doute à la base de cette frénésie consommatoire.Or, s'il est vrai que l'accessibilité de biens tels que l'automobile ou les appareils ménagers ont pu être une véritable source de libération de certaines contraintes,aucune innovation révolutionnaire ne permet aujourd'hui de justifier comme libératrice une telle accumulation matérielle.

Devenue absurde et superflue, laconsommation n'est plus synonyme d'une meilleure qualité de vie et de bien être, qu'il est maintenant important d'aller chercher au niveau des rapports sociaux.

Letravail lui-même ne doit plus être une source de sacrifice pour le gain de l'argent mais doit redevenir une source même d'épanouissement personnel et de créativité. c) Réguler socialement la consommation, éduquer à la convivialité pour former des personnes aptes à résister à l'emprise de la logique marchande Entre intérêt général et intérêt économique, l'état doit prendre ses responsabilités quant à l'acceptation ou la prohibition de mesures contraires à l'intérêt général et nepas plier aveuglément aux lois de l'économie.

L'état se doit d'assurer la protection de l'environnement envers l'intérêt économique, de préserver l'intégrité del'éducation, de la santé, de la sécurité et de la citoyenneté.

On attend également qu'il s'interpose à certains débordements au nom de l'emploi et de l'activitééconomique lorsque ceux-ci vont à l'encontre de principes moraux ou portent atteinte à la santé publique.Enfin, les auteurs fustigent l'emprise de la télévision sur les jeunes qui en sont de très gros consommateurs, notamment dans les milieux défavorisés.

Ils considèrentcomme une priorité de l'état d'investir une part de budget bien plus importante dans ce médium afin d'en revaloriser les programmes et de faire de la télé un véritableoutil d'éducation populaire et d'éducation à la citoyenneté. d) Pour une écologie du temps. L'enjeu principal et contradictoire de l'organisation du temps consiste à permettre à la fois une maîtrise personnelle du temps (un des grands privilèges de nos modesde vie actuels) tout en préservant une organisation sociale des rythmes collectifs (imposés par l'organisation du travail et de la société).

Les rythmes sociaux etl'organisation sociale du temps de travail et du temps libre sont d'importants facteurs de coordination et de cohésion sociale.

De même pour l'individu, il est importantde pouvoir faire coïncider son rythme de travail avec ses propres rythmes biologiques et psychologiques.

Flexibiliser et individualiser ces rythmes afin de favoriser lacroissance économique doit être étudiée avec une attention critique car selon les auteurs, « la désynchronisation des temps sociaux est un facteur d'anomie,d'affaiblissement du lien social ». CONCLUSION : Visibilité de l'échange social et nouvelles solidarités L'objectif de ce livre annoncé par les auteurs est la formulation d'une nouvelle problématique des rapports entre économie et société mettant en évidence lesreprésentations collectives de l'économie et de la société. 1) L'état et l'emploiLa remise en question de l'emploi comme condition d'une existence sociale autonome n'est plus à l'ordre du jour, celle d'un revenu attribué aux exclus de l'emploihors de toute forme de participation à l'échange social ne représente pas non plus selon les études une solution permettant l'émancipation des individus.

L'escalade dela consommation dans le but de créer des emplois est source de destruction de l'environnement, du lien social et de la qualité de vie.

Il faut impérativementaujourd'hui reconsidérer, intégrer et valoriser d'autres formes d'activités socialisatrices telles que le bénévolat, les activités d'insertion, les services de proximité etl'économie informelle. Au-delà des exclus de l'emploi, nombre de travailleurs ne trouvent pas de sens et de reconnaissance dans leur activité professionnelle.

Précarité et paupérisation sontaussi le lot d'une partie croissante des actifs.

L'inévitable partage de l'emploi doit accompagner le temps ainsi libéré d'une relance de la vie culturelle authentique, dessociabilités locales et de voisinage, du militantisme associatif et politique, qui doit être reconnue socialement comme d'utilité publique, complémentaires et égale àl'activité professionnelle et source d'identité sociale.. »

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