LÉGENDES ÉPIQUES (Les) de Joseph Bédier

LÉGENDES ÉPIQUES (Les). Recherches sur la formation des chansons de geste. Cours professé de 1904 à 1911 par Joseph Bédier (1864-1938), au Collège de France où il avait succédé à son maître Gaston Paris, et publié en quatre volumes de 1908 à 1915. Cet ouvrage, un des plus remarquables de la philologie moderne, démontre la nécessité d’une révision et d’une réorganisation complète des idées qui avaient alors cours sur la formation de l’épopée française. Ces idées étaient jusqu’alors dominées par une théorie née au début du xixe siècle et dont les frères Grimm en Allemagne et Fauriel en France avaient été les promoteurs. C’est Gaston Paris qui en avait donné la forme définitive dans sa Littérature française au Moyen Age. Cette théorie affirmait que les chansons de geste étaient nées spontanément, l’épopée étant la forme poétique et merveilleuse que les peuples jeunes donnent instinctivement de l’histoire. A l’appui de cette théorie, les savants apportaient de nombreuses preuves tirées de l’histoire littéraire de la Grèce archaïque et de l’Inde. La forme première des chansons de geste aurait été ces cantilènes épiques en latin populaire qui remontent aux premiers Mérovingiens, et même au baptême de Clovis (496). Ce sont ces épopées qui auraient transmis aux jongleurs des xie et xiie siècles, la matière historique de leurs chansons. Joseph Bédier établit tout d’abord qu’on n’a aucune raison valable de croire à l’existence de ces cantilènes, dont il ne nous est resté aucun texte authentique, et que l’existence de cette épopée spontanée n’est qu’une hypothèse arbitraire, inventée pour les besoins de la cause. De toutes manières, il y a solution de continuité entre ces cantilènes et les chansons de geste ; en effet, les éléments historiques qu’on trouve dans ces dernières témoignent d’une profonde ignorance des événements et des personnages réels.