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Les Aventures de Lazarille de Tormes

Publié le 21/02/2013

Extrait du document

Le hasard me fit rencontrer un cinquième maître ; celui-là était porteur de fausses bulles, franc scélérat s'il en fut jamais, et l 'homme du monde le plus habile àfaire marchandise des choses les plus saintes et à trouver des inventions pour la débiter. Quand il arrivait dans un village pour vendre ses bulles, il rendait sa première visite au curé ou à ses vicaires, pour les mettre dans ses intérêts par quelques petits présents, tels que citrons, oranges, melons, pêches, ou quelque autre fruit de la saison, ...

« ~------- EXTRAITS · 1 Lazarille valet Le hasard me fit rencontrer un cinquième maître ; celui-là était porteur de fausses bulles, franc scélérat s'il en fut jamais, et l'homme du monde le plus habile àfaire marchandise des choses les plus saintes et à trouver des inventions pour la débiter.

Quand il arrivait dans un village pour vendre ses bulles, il rendait sa première vi- site au curé ou à ses vicaires, pour les mettre dans ses intérêts par quelques petits pré- sents, tels que citrons, oranges, melons, pêches, ou quelque autre fruit de la saison, mais de peu de valeur; il les gagnait par ce moyen, afin qu'ils favorisassent son dessein en convoquant les paroissiens pour prendre ses bulles.

«Les bonnes voisines m'adressèrent à un moine de la Merci dont elles se disaient parentes.» Lazarille, mari complaisant J'ai l'honneur d'être employé présentement par monsieur le corregidor.

Mon patron est un vieux garçon ; je lui trie ses vins depuis quelque temps, et, m'ayant trouvé honnête et économe, il m'a marié avec sa servante.

Considérant qu'il ne me pouvait revenir que du bien d'un parti comme celui-là, je l'ai laissé faire ; je me suis marié, et je ne m'en repens pas.

Lafemme qu'il m'a donnée est une bonne ménagère, monsieur le corregidor m'aide et me protège de sa considération.

Il lui fait présent tous les ans de la valeur d'une charge de blé; la viande ne me manque pas à Pâques, et de temps en temps nous rece­ vons un panier de vin ; il me donne ses vieux habits, qui me sont un peu larges, mais ma femme, qui est fort adroite, les met à ma taille.

Il nous est loué une petite maison qui communique à la sienne, et nous dînons chez lui fêtes et dimanches.

« Laza rille se marie avec la servante d'un corregidor et devient un mari très complaisant.

» Les mauvaises langues, qui ne manquent ja­ mais et ne veulent point laisser vivre les gens en repos, firent toutes sortes de suppo­ sitions et de commentaires sur ce que ma femme allait faire la chambre et apprêter le souper du corregidor.

Mais Dieu bénisse les bavards et leur fasse connaître le tort qu'ils ont de médire du prochain.

Je comprends ce qu'ils veulent dire, mais je sais que ma femme est incapable de s'amuser à ces ba­ gatelles-là.

L azarille, monstre marin Les pêcheurs, ravis de voir si bien réussir leur intervention, et alléchés par le profit qu'ils avaient commencé à faire, projetèrent entre eux de me porter par toutes les villes et villages d'Espagne.

Pour cette fin, ils en­ voyèrent demander la permission aux sei­ gneurs de l'inquisition, de montrer au public un poisson qui avait le visage d'un homme ; ce qu'ils obtinrent assez facile­ ment, au moyen de quelques présents qu'ils firent à leurs seigneuries de la meilleure pêche qu'ils avaient faite.

NOTES DE L'ÉDITEUR «L'objet du livre, dit Ticknor, est de donner, sous le caractère d'un serviteur doué d'une perspicacité qui ne lui fait jamais défaut et si dépourvu d'honnêteté et de véracité que ni l'une ni l'autre ne l'arrêtent jamais dans la voie de ses succès, de donner, dis-je, une piquante satire de toutes les classes de la société, dont Lazarille nous dépeint fort bien la condition, parce qu'ils les a vues pour ainsi dire en déshabillé et dans les coulisses.

Le livre est écrit dans un style plein d'énergie, de cette richesse et de cette pureté castillane qui nous rappelle la Célestine.

Plusieurs de ses passages peuvent être placés au nombre des morceaux les plus frais et les plus vigoureux qui se trouvent dans toute la classe des romans en prose, passages tellement robustes et tellement libres que deux d'entre eux, celui du moine et celui du marchand de dispenses, tombèrent immédiatement sous la juridiction de l'Église et furent effacés des éditions portant le permis d'imprimer sous son autorité.

L'ouvrage entier est peu étendu, mais le ton est facile et enjoué; c'est une composition heureusement adaptée à la vie et aux mœurs des Espagnols.

Le contraste que forment la vivacité, la bonne humeur et l'audace flexible de Lazarille lui-même, personnage d'une parfaite conception originale, avec la solennité et la dignité inflexibles du vieux caractère castillan, lui donnèrent tout d'abord une immense popularité.

» I.

2.

3.

4.

5 grav.

de Bernard Roy, Scripta Manent, Paris, 19 29 ANONYME03. »

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