Les boueux sont en grève, Raymond Queneau
Publié le 17/12/2012
Extrait du document
«
Raymond Queneau (X X ème
)
« C’est en écrivant qu’on devient écriveron » déclare Raymond Queneau, cofondateur du groupe
l ittéraire Oulipo, l ’écriture est pour lui un véritable métier technique et un continuel exercice de style.
En 1967 parait Courir les rues , recueil en vers l ibres où l ’auteur errant dans la vil le, prend la rue et les
spectacles qu’elle offre comme source d’inspiration.
Le texte, clairement provocateur bien qu’humoristique
et d’apparence naïve, est à replacer dans son contexte : les années 60, marquées par d’importants
mouvements sociaux fortement soutenu par les syndicats (mai 68).
Provocateur habile, Queneau s’emploie
ici à décrire comiquement une situation habituellement peu agréable : la grève des éboueurs.
I.
Enfance, chanson, comptine
Dès le titre > les boueux (et non pas éboueurs)
La forme et le son invite à un vagabondage de l ’esprit, à un rapprochement des termes > Zéro, compresseur
rouleau > O + rrr
Indifférent au monde des adultes et aux réalités sociales se réjouit de la grève > « i l joue à » + nom de
métier > vocabulaire de l ’enfance.
Rythme vif + l ’absence de ponctuation > impatience et joie de l ’enfance > fait penser à une comptine.
Impatience « là, là, là » > émotion d’enfant
Univers enfantin (poupée, boîte de petit pois qui a perdu en chemin tous ses petits pois > comme une
histoire pour enfant)
Enumération d’œuvre d’art + artiste > récite une leçon
Style global du poème > très enfantin : répétitions, énumérations, reproduction de la mise en forme.
Idée d’une comptine > répétitions, allitérations très marquées « poupée, boite de petit pois » « d’art, d’art,
d’art » > d’ail leurs mis en chanson par Gilles Maugenest.
II.
Provocation et humour
Provocation > se réjouir que se soit jour de grève > contraire à l ’opinion commune > grève des éboueurs =
grand désagrément.
Contexte > années 60 : mouvement sociaux > ensemble de mouvements et manifestations, caractérisées par
une vaste révolte spontanée, de nature à la fois culturelle, sociale et politique…
Poème commence par « C’est jour de grève » > impose dès le début un ton enjoué « c’est jour de fête »
Provocation sociale > Provocateur à l ’égard des 2 partis > se moque des usagers, mais ne s’intéresse
absolument pas aux revendications sociales de la classe ouvrière.
Association du mot « grève » et « jouer » > provocation envers les ouvriers qui manifestent, proteste et
perdent un jour de salaire.
Provocation artistique > trouver agrément, beauté, plaisir dans les poubelles
> I nversion des valeurs où les ordures sont bonnes à jeter > surtout pendant les 30 glorieuses (1945-1973)
Toute la 1 ère
strophe est dédiée aux ordures elles-mêmes > énumération détaillée et précise du contenu des
poubelles > valorise le contenu, en prenant bien soin de montrer que se sont des ordures.
Répétitions de « sans » et « perdu » > indiquant la privation répété, le caractère dépourvu de toute valeur >
caractère d’ordure « déchiré » + « zéro » > absence d’intérêt du devoir.
Tube à dentifrice V IDE (« a passé sous plusieurs compresseurs rouleaux ») ; « l ’os », « l ’arête » > plus rien
à manger «≠ toutes pleines de choses bonnes à cueillir » > seules les poubelles sont pleines.
Les déchets deviennent de plus en plus dégoûtants, irrécupérables.
I ls touchent à l ’alimentation, à
l ’hygiène..
»
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