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Les Confessions, les Dialogues, les Rêveries du promeneur solitaire : une quête autobiographique

Publié le 28/11/2018

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Les Confessions, les Dialogues, les Rêveries du promeneur solitaire : une quête autobiographique

 

Après trois grandes œuvres tournées vers l’extérieur et ouvertes au monde, Rousseau s’avance, s’aventure dans une quête intérieure dont le rapport au lecteur devient de plus en plus problématique. En se repliant sur soi, dans la richesse de la mémoire, puis dans le dépouillement de l’instinct et de l’instant, il semble s’éloigner de tout public. Un premier essai autobiographique, sous la forme de Quatre lettres..., est adressé à M. de Malesherbes; les Confessions sont lues dans quelques cercles restreints; les Dialogues recherchent, dans un ultime recours aux anciens garants religieux et politiques, T interlocution mythique de Dieu ou du roi; les Rêveries se suffisent à elles-mêmes, sans souci de communication extérieure. Un tel éloignement du public fonde le statut moderne de l’écriture littéraire. La communication ne vise plus des visages identifiables, mais un public anonyme, inconnu, à la fois présent et absent. C’est la fermeture de l’écriture sur une conscience individuelle qui, paradoxalement, l’ouvre à l’avenir.

 

Ayant rompu toute attache avec les modèles rhétoriques classiques, le projet de Rousseau, tout à la fois, se rétrécit et s’élargit. Il se rétrécit dans la mesure où il ne s’agit plus que d’exprimer une individualité, mais cette limitation prend la forme d'une ambition accrue, celle de « dire tout ». On connaît l’attaque de Pascal contre le propos de Montaigne, ainsi que la formule des Pensées, « Le moi est haïssable... ». Le classicisme postule l'universel dans le refus des particularités. Ce cadre idéologique autorise une écriture à la première personne, tendue par le souci apologétique de relater une errance spirituelle et la conversion à la vraie foi — sur le modèle des Confessions de saint Augustin — et la narration d’un «je» moraliste ou historien qui réduit son expérience personnelle à une réflexion sur la conduite des hommes ou la marche des événements. Dans un cas comme dans l’autre, la dispersion des souvenirs doit passer au crible d'un choix qui n’en retiendra que les plus significatifs. La première personne, sinon, est vouée au romanesque.

« concrètes qui l'ont occupé d'un bout à l'autre de sa vie et qui interdisent de répéter les récupérations roman­ tiques de l'homme et de l'œuvre.

Jean-Jacques est sans doute ce rêveur dérivant loin de son temps; sa rêverie s'inscrit au terme d'un itinéraire philosophique dont on ne peut la couper, entre la rigueur technique des essais sur la notation musicale et le sérieux scientifique des Lettres sur/a botanique, entre le dictionnaire de musique et le dictionnaire de botanique.

Le pur plaisir des mots ne se sépare jamais, chez lui, de l'exactitude d'un effort lexicologique.

Les préjugés et les pesanteurs des dis­ cours tout faits ont tendu à occulter cette dimension de l'œuvre rousseauiste, mais l'homme des Confessions, des Dialogues et des Rêveries ne peut être dissocié de 1' ancien collaborateur de 1' Encyclopédie.

BIBLIOGRAPHIE Sur les Confesrions, voir les minutieuses études de texte pro­ curées par Philippe Lejeune dans le Pacte autobiographique (Le Seuil,. »

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