Les Faux-Monnayeurs 1919-1925 André Gide (1867-1951)

Dans cette oeuvre polymorphe, André Gide se devait d'introduire un des thèmes qui lui tenaient le plus à coeur : celui de l'écriture. C'est par le biais d'une technique empruntée à l'héraldique, la mise en abyme, consistant à reproduire dans un blason, un bla­son semblable mais plus petit, qu'il aborde cette réflexion théori­que. Le journal d'Edouard, journal d'un écrivain qui ne parvient pas à écrire Les Faux-Monnayeurs, permet à André Gide d'expri­mer ses propres préoccupations en évoquant ce qui constitue le sujet principal du livre : le conflit entre le réel et l'effort du roman­cier pour le styliser.

 

L'écriture des Faux-Monnayeurs s'est faite en deux phases, tou­tes deux marquées par l'influence de Roger Martin du Gard avec lequel l'auteur entretenait une correspondance suivie ; de 1919 à 1921, André Gide prépare son roman sans le rédiger, en se ména­geant de longues périodes d'aération, et c'est de 1921 à 1925 que la rédaction proprement dite s'effectue, au fil des notes, sans régu­larité. Ce travail est parallèle à la rédaction de ses Mémoires et, comme pour la notation quotidienne de ses faits et pensées, c'est l'expérience même de Gide qui fournira la matière de son livre. Il expliquera d'ailleurs ce phénomène dans un passage très révé­lateur du Journal des Faux-Monnayeurs: «Tout ce que je vois, tout ce que j'apprends, tout ce qui m'advient depuis quelques mois, je voudrais le faire entrer dans ce roman et m'en servir pour l'enri­chissement de sa touffe «.