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LES « SIX LIVRES DE LA RÉPUBLIQUE » DE JEHAN BODIN

Publié le 06/09/2018

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1576. Le massacre de la Saint-Barthélemy est antérieur de quatre ans. L'atrocité - machiavélique - du moyen n'a pu réaliser l'élimination des protestants, dissidents de la vraie foi. D'ailleurs les protestants, pour qui il n'y a de vraie foi que la foi réformée, n'admettent pas plus que leurs persécuteurs catholiques une dualité de religions dans le royaume de France. Et chacun des deux partis attend du roi qu'il embrasse sa cause, cause de Vérité. Que le roi, traître à la vraie foi, tyran, prenne garde : légitime est contre lui le régicide, qualifié tyrannicide !

Au lendemain de la Saint-Barthélemy, en 1573, François Hotman, juriste notoire, demi-Allemand, jette de Genève, cité de Calvin, sur la France un pamphlet vite célèbre : la Franco-Gallia. Le pamphlet se présente comme l'étude d'un érudit impartial, d'un 11 historien antiquaire )) sur les origines de la royauté française. Selon l'auteur, les anciens rois de France devaient leur couronne à l'élection, 11 étaient élus pour être rois sous certaines lois et conditions qui leur étaient limitées, et non point comme-tyrans avec une puissance absolue, excessive et infinie )). Le peuple pouvait donc enlever la couronne à qui ne respectait pas les conditions posées. Une royauté révocable n'était pas une royauté absolue, mais un gouvernement mixte, le meilleur type de gouvernement selon Hotman, 11 celui qui associe et tempère le triple élément royal, aristocratique et populaire ll, et dans lequel l'aristocratie sert d'intermédiaire, née entre l'autorité royale et l'autorité populaire, 11 naturellement ennemies ll. C'était, cette Franco- Ga/lia (qui donna le ton à bien d'autres écrits protestants, et même, plus tard, catholiques), une attaque directe à la prépondérance du pouvoir royal. C'était un défi à l'œuvre obstinée des légistes bourgeois qui, depuis Philippe le Bel, travaillaient à ressusciter l' imperium du droit romain impérial - pouvoir de commandement absolu, n'ayant de compte à rendre à personne - au profit du roi de France.

Qui relèverait cette attaque, ce défi ?

Un parti, dit des Politiques, dominé par la haute figure du chancelier Michel de l'Hôpital, se séparait à la fois du parti catholique et du parti protestant. Il acceptait ce fait accompli qu'était la rupture de l'unité chrétienne, il admettait 11 le fait protes­tant ll ; il prêchait la tolérance, germe timide de la liberté de conscience. D'autre part il plaçait le roi au-dessus du débat catholique-protestant, refusait d'en faire un chef de parti, ne voulait voir en lui que l'arbitre et le protecteur suprême de tous les cultes. Le roi fort, tenant vigoureusement entre ses mains, contre vents et marées des fanatismes affrontés, l'autorité souveraine : c'était, aux yeux des Politiques, la seule ancre de salut. Ainsi, et ainsi seulement, pourrait être assurée, maintenue, l'unité de la nation malgré la dualité de religion, - pourrait être évitée, en même temps que l'intolérance, l'anarchie.

Jehan Bodin, professeur de Droit, puis magistrat, mêlé activement aux affaires publiques et à la diplomatie de son temps, croyant fervent en un 11 grand Dieu de nature )) mal défini, se rattachait aux Politiques. Il allait apparaître, en cette année 1576 qui est sa grande année, à la fois comme l'homme d'action du parti et comme son robuste philosophe politique, son doctrinaire ferré à glace et hérissé d'arguments. L'homme d'action : en tant que député du Tiers État de Vermandois aux États


bodin

« La 11 Ré pu blique ll de Bodin guerres de religion, avait toujours maintenu sa passion de l'érudition et son inapaisable avidité intellectuelle.

* 15 76.

Le massacre de la Saint-Barthélemy est antérieur de quatre ans.

L'atrocité -m achiavélique -du moyen n'a pu réaliser l'élimination des protestants, dissidents de la vraie foi.

D'ailleurs les protestants, pour qui il n'y a de vraie foi que la foi réformé e, n'admettent pas plus que leurs persécuteurs catholiques une dualité de religions dans le royaume de France.

Et chacun des deux partis attend du roi qu'il embrasse sa cause, cause de Vérité.

Que le roi, traître à la vraie foi, tyran, prenne garde : légitime est contre lui le régicide , qualifié tyrannicide ! Au lendemain de la Saint-Barthélemy, en 1573, François Hotman, juriste notoir e , demi-All emand, jette de Genève, cité de Calvin, sur la France un pamphlet vite célèbre : la Franco- Gallia.

Le pamphlet se présente comme l'étude d'un érudit imparti al, d'un 11 historien antiquaire )) sur les origines de la royauté française.

Selon l' auteur, les anciens rois de France devaient leur couronne à l'él ection, 11 étaient élus pour être rois sous certaines lois et conditions qui leur étaient limitées, et non point comme- tyrans avec une puissance absolue, excessive et infinie )).

Le peuple pouvait donc enlever la couronne à qui ne respectait pas les con ditions posées.

Une royauté révocable n'était pas une royauté absolue, mais un gouvernement mixte, le meilleur type de gouvernement selon Hotman, 11 celui qui associe et tempère le triple élément royal, aristocratique et populaire ll, et dans lequel l'aristocratie sert d'int ermédiaire, née entre l'autorité royale et l'au torité populaire, 11 naturellement ennemies ll.

C'était, cette Franco- Ga/lia (qui donna le ton à bien d'autres écrits protestants, et même , plus tard, catholiq ues), une attaque directe à la prépondérance du pouvoir royal.

C'était un défi à l'œuvre obstinée des légistes bourgeois qui, depuis Philippe le Bel, travaillaient à ressusciter l' imperi um du droit romain impérial - pouvoir de commandement absolu, n'ayant de compte à rendre à personne - au profit du roi de France.

Qui relèverait cette attaque, ce défi ? Un parti, dit des Politiques, dominé par la haute figure du chancelier Michel de l'Hô pital, se séparait à la fois du parti catholique et du parti protestant.

Il acceptait ce fait accompli qu'était la rupture de l'unité chrétienne, il admettait 11 le fait protes­ tant ll ; il prêchait la tolérance, germe timide de la lib erté de conscience.

D'autre part il plaçait le roi au-dessus du débat catholiqu e-protestant, refusait d'en faire un chef de parti, ne voulait voir en lui que l'arbi tre et le protecteur suprême de tous les cultes.

Le roi fort, tenant vigoureusement entre ses mains, contre vents et marées des fanatismes affrontés, l'autorité souveraine : c'é tait, aux yeux des Politiques, la seule ancre de salut.

Ainsi, et ainsi seulement, pourrait être assurée, maintenue, l' unité de la nation malgré la dualité de religion, -pourrait être évitée, en même temps que l'intoléran ce, l'anarchie.

Jehan Bodin, professeur de Droit, puis magistrat, mêlé activement aux affaires publiques et à la diplomatie de son temps, croyant fervent en un 11 grand Dieu de nature )) mal défini, se rattachait aux Politiques.

Il allait apparaître , en cette année 15 76 qui est sa grande année, à la fois comme l'homme d'ac tion du parti et comme son robuste philosophe politique, son doctrinaire ferré à glace et hérissé d'arguments.

L'h omme d'action : en tant que député du Tiers État de Vermandois aux États. »

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