Les Thibault de Martin du Gard (résumé & analyse)

Les Thibault

Il serait difficile de résumer en quelques lignes cette œuvre monumentale qui popularisa ce que l’on a appelé le « roman cyclique », très prisé en France pendant l’entre-deux-guerres. Sa structure est pourtant simple : elle repose sur une double opposition. Deux frères, Jacques et Antoine Thibault, sont aux prises avec les valeurs de l’ancien monde, celui d’avant 1914, symbolisé par la figure autoritaire de leur père, Oscar Thibault. Jacques est, au début, encore adolescent, et il va incarner la révolte, le refus de se soumettre. Antoine, de neuf ans son aîné, est déjà entré dans la vie. Et s’il ne se fait aucune illusion sur la société qui l’entoure, il s’y est fait une place : il est médecin — précisément pédiatre — et il peut s’imaginer qu’il prépare ainsi l’avenir. Dans les six premiers tomes de l’ouvrage, jusqu’à la Mort du Père, on le voit, quoique troublé par la révolte de son frère, s’efforcer de la canaliser.

L'Été 1914 introduit une rupture — souvent étudiée — dans le déroulement de l’œuvre et amène une seconde opposition. Cet ancien monde, il s’était condamné lui-même. Les individus sont de peu de poids : Jacques mourra sous les balles d’un gendarme, alors qu’il milite dans une organisation pacifiste pour essayer d'empêcher la guerre. Et Antoine lui-même se verra rappeler qu’on ne peut pas, dans les temps modernes, assurer son avenir tout seul. Il reviendra gazé du front, et son journal, dans l'Épilogue, achèvera le cycle romanesque sur sa prise de conscience.