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L'étape de Bourget

Publié le 27/03/2013

Extrait du document

bourget

Le psychologue :

« Goûter certaines beautés d' art avec une

certaine qualité d'enthousiasme, c'est

s' égaler à un créateur.«

Le fin lettré :

Dans un passage émouvant, Joseph

Monneron, que le malheur accable, cite

à son fils le très beau passage de l'Orestie

d'Eschyle: « De belles statues l'entourent

et redoublent sa douleur. Car une statue n'a

pas d'yeux, et, sans regard, plus

d'enchantement d'amour !«

. Le romancier à thèse et le penseur social :

L'ouvrier français « est un civi lisé

de médiocre espèce( ... ). Il n' y a lieu,

en revanche, de la redouter. «

En rompant avec ses racines paysannes pour devenir professeur de lycée et républicain militant, Joseph Monneron a brûlé les étapes de l'ascension sociale. De ce « péché originel «, Jean, son fils, et le reste de sa famille vont payer le prix, douloureux.

bourget

« « Victor Ferrand ( ...

) appartena it, comme M.

Monneron, au monde universitaire.

» EXTRAITS -------- Un amoureux Quoiqu'il .fït une matinée très .fi"aîche d'automne, on était exactement au Jer novembre, qui, dans cette année 1900, tom- bait un jeudi - Jean restait immobile sur le banc de bois où il s'était laissé choir plu­ tôt qu'il ne s'y était assis, sans prendre garde à !' humi­ dité pénétrante de !' atmo­ sphè r e.

La .fïèvre de l'attente qui mettait une flamme dans ses prunelles brunes su.ffïsait à réchauffer ses membres, dont la structu re se devinait un peu grêle sous le drap mince d'un de ces pardessus de demi-saison que !'argot faubourien appell e express i­ vemen t des« vinaig res ».

(.

.

.) Les choses autour de lui s'harmonisaient à la mélan­ colie passionnée dont il se senta it de plus en plus envahi, au fur et à mesure que les minutes avan­ ça ient.

Le cie l était voil é, comme tendu de n eige, avec de grands nuages plus noirs qui co uraient sur ce .fond grisâtre, chas sés par une brise rude.(.

.

.) Jean ne voyait que-des passants qui marchaient vit e, à cause du .fi"oid, et dont la plupart étaient vêtus d'étoffes so mbr es.

Ils allaient, eux aussi, au c im etiè re, ou ils en revenaient .

Tout, dans ce décor.funèbre d e!' automne commençante, achevait d'accabler l'amoureux.

Soirée mouvementée à l'Union Tolstoï où une cabale montée par l'ouvrier Riouffol s'élève contre la venue d'un abbé comme conférencier Dans !'atmosphère, irrespirable déjà, .flottait un rel ent an imal, presque de fauves .

Les interpellations se croisaient, furieuses et toujours les mêmes : « Lâch es ! ...

Mis é­ rables! ...

Bandits! ...

Jés uit es! » (.

..

)e t , brochant sur le tout, un nouveau couplet de l'hymne de mort 1 , dont le derni er vers pre­ nait une espèce de poésie sinistre à tomber ici, dans ce lab orat o ire des Communes futures.

1 L'hymne dont ils' agit est l'Internationale et le vers en question est le suivant : « Et aux puissants, la bombe! ...

» Derniers conseils de M.

Ferrand à Jean avant son union avec Brigitte « Vous entr erez en m éna ge avec cette dure ép reuve » , disait le traditionniste au je une homme après les premières effusions.

« Il faut toujours pa ye r une rançon pour l e bonheur .

Mais vous la payerez to us les deux bravement ...

Vous p ouvez ré u ssir maintenant où votre père a éc hou é, et .fonder une famille bo ur­ geoise.

Vous le po uv ez, parce que vous n'êtes pas de la première génération.

Il en faut plusi eurs pour cette œuvre, car c'e n est une, et qui ne s'im provise pas.

(.

..

) Votre père a été votre expérience .

L es souf­ frances qu'il a subies en lui et dans les siens ont fini de vous éclairer ...

(.

..

) Il est bien probable que vous aurez d es heures di.ffïciles, quand son esprit entre ra de nou veau, vis­ à-vis de Bri gitt e e t de vous , en lutte avec son cœur .

Mais c'es t vo tre pèr e e t il a fait l' Étape pour vous si douloureusement.

Ne l'oubliez jamais.

» « Il avait joué, et aux courses, et dan s le tripot.

Il avait gagné, en bloc, une somme, énorme pour lui.

» NOTES DE L'ÉDITEUR !'individu , !'écr ivain se fit connaître par ses Essais de psychologie contemporaine des milieux conservate urs et maurrassiens (L' Étape, 1902; Le Démon de midi , 1914).

Paul Bourg et ( 185 2-19 35) connut de so n v ivant un succ ès à la mes ure de!' oubli dan s lequel il est actuellement tenu.

Les derniers développements de sa carrière ne so nt pas é tran gers à ce retournement de faveur.

Car, jeune étudiant studieux, fils de nor mali en (to ut ~omme le héros de L' Étape), Paul Bourget ne fut pas toujours l'acadé micien réactionnaire qu'il devint par la s uit e.

Ému par la Commune, influencé par Taine et ses recherches s ur!' influ ence du mili eu sur 1 Roger-Yi o llct 2.

3.

4.

5 gravures de Robe rt Mahi as.

Hac he lle, 192 9 / B.N.

(l 883-1885).

Il est alor s un « moderne » apprécié des milieux intellectuels et avant-gardistes.

Mais ce sont ses romans d 'anal yse (au premier ra ng des qu els Le Dis ciple, 1889) qui lui procur èrent un réel succ ès de lib rairie .

D éjà, cependant, Je penseur réactionnaire se devin e sous l 'an alyste des cœurs .

Antidémocrate et a ntidr ey fusard conva incu , converti au catholicisme en 1901 , P a ul Bour get, devenu aut eur à thè se, s'a liène désor mais la partie éclair ée de so n public au profit «De l'analyse de la modernité à cette défense de la réaction, une vie s'é tend dont l 'évolution s'es t confondue avec la recherche et la reconnaissance -peut-être illu soire -de la certitude : enfermement, tant idéologique qu'esthétique, qui condamne finalement l 'œ uvre à ne pas tenir ce qu 'elle semblait promettre.

» Marie-Odile Germain ,« Paul Bourget », dan s Dictionnaire des littératures de lang ue Fançaise, Bordas, Paris, 1987.

BOURGET02. »

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