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Lettres de Mme de Sévigné (résumé & analyse)

Publié le 10/11/2018

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La grâce dans l'expression, un naturel et une spontanéité contrôlée digne d'une prose moderne caractérisent les Lettres de Mme de Sévigné (1626-1696). Elle séduit ses lecteurs quand, avec l'allure et les agréments d'une conversation mondaine, elle relate des événements mémorables - l'affaire Fouc-quet, la mort de Turenne, l'exécution de la Brinvilliers -, raconte des anecdotes ou des potins, et défend Corneille, qu'elle admire, les Fables de La Fontaine ou La princesse de Clèves. Ses lettres à sa file reflètent la blessure d'une mère hantée par sa séparation avec un \"être de fuite\" et expriment une adoration maternelle insatiable et torturée.

« SÉVIGNÉ (Mme de) : Lettres (Analyse et Résumé) I.

L'auteur et l'oeuvre 1.

Mme de Sévigné en son tempsIl ne faut pas oublier, lorsqu'on étudie les lettres de Mme de Sévigné, que celle-ci n'a été à aucun titre, de sonvivant, un « auteur », et que son « oeuvre » ne s'est constituée comme telle qu'à partir de 1725. a/ Les lettres à Mme de GrignanLes quatre cinquièmes des lettres que nous avons conservées sont adressées à Mme de Grignan.

Il s'agit là d'unecorrespondance strictement privée : « Ce n'est jamais pour d'autres Li que je les écris [...].

Il me semble que noussommes à un degré de parenté qui ne donne point de curiosité » (18 novembre 1671 ; lettre 16, p.

78).

Un intimepeut parfois lire par-dessus l'épaule de la Marquise ce qu'elle vient d'écrire avant d'y ajouter quelques mots ; Mmede Grignan peut montrer à certains de ses proches tel ou tel fragment de lettre qui ne leur était pas directementdestiné — mais sa mère la trouve « bien plaisante » d'agir ainsi.

Il faut des circonstances exceptionnelles pour quele cercle des lecteurs — ou des auditeurs — s'élargisse un tout petit peu : Mme de Sévigné trouve une nouvelle foissa fille « trop plaisante d'avoir lu en public (sa) relation des Chevaliers » (19 janvier 1689), mais elle sait très bienqu'une telle lecture ne pouvait que contribuer au prestige de M.

de Grignan, qui venait justement d'être promuchevalier (cf p.

163, note 3).

Souvent achevées — pour ne pas dire interrompues —trop hâtivement pour êtrecorrigées, à plus forte raison pour être recopiées, les lettres à Mme de Grignan ont été conservées en Provence et,très longtemps, n'ont pu être connues du public. b/ Les lettres adressées à d'autres correspondantsMais, dira-t-on, les lettres adressées à d'autres correspondants ? Et en particulier ces morceaux si brillants et sisouvent cités : la relation à Coulanges des péripéties de « l'histoire romanesque de Mlle et de M.

de Lauzun » (voirles lettres 40 et 41, pp.

134-137) ou la lettre dite des foins adressée au même Coulanges (22 juillet 1671 : « Savez-vous ce que c'est que faner ? »).

De telles lettres ont sans doute, suivant la coutume du temps, circulé dans lessalons.

Mme de Coulanges rapporte à la Marquise (10 avril 1673) que Mme de Thianges lui a envoyé un laquais laprier de lui communiquer « la lettre du Cheval de Mme de Sévigné, et celle de la Prairie » (lettres aujourd'huiperdues) ; un fragment de lettre de Mme de Sévigné à son cousin Bussy-Rabutin fait, en même temps qu'une lettrede Bussy lui-même, l'objet d'une lecture publique à l'hôtel de Guise en 1687.Si elle se met volontiers au diapason de correspondants plus réputés qu'elle pour leur plume ou plus en vue dans lemonde, jamais Mme de Sévigné ne songe à une possible publication.

Bussy-Rabutin lui fait-il part d'annexerquelques-unes des lettres qu'elle lui a adressées aux Mémoires manuscrits qu'il présente au Roi pour sa justification? Elle s'alarme aussitôt : « Mais, mon cousin, vous me mandez une chose étrange ; je n'eusse jamais deviné le tiersqui est entre nous Je n'ai jamais vu de lettres, entre les mains d'un tiers, qu'on ne pût tourner sur un méchant ton »(12 janvier 1681 ; voir « Commentaires », p.

204).

Qu'eût-elle dit s'il s'était agi non de ce tiers royal, mais d'unefoule de tiers anonymes ? 2.

La publication des lettres« Vous louez tellement mes lettres au-dessus de leur mérite, écrit Mme de Sévigné à Mme de Grignan, que si jen'étais fort assurée que vous ne les refeuilletterez ni ne les relirez jamais, je craindrais tout d'un coup de me voirimprimée par la trahison d'un de mes amis » (15 février 1690).

Elle n'évoque une telle éventualité que parplaisanterie et, effectivement, elle ne se verra jamais « imprimée ».

Il faudra même une « trahison » pour que, prèsde trente ans après sa mort et vingt ans après celle de Mme de Grignan, le public commence à avoir ses lettresentre les mains.M.

Roger Duchêne a minutieusement reconstitué dans son édition de la Pléiade l'histoire de cette divulgation quis'est étendue sur plus de cent cinquante ans, et Mme Jacqueline Duchêne la rappelle dans ses « Commentaires »(voir pp.

203-211). Contentons-nous ici d'en rappeler les moments essentiels : — 1725-1726 : les deux éditions subreptices.

Mme de Simiane, fille de Mme de Grignan, a communiqué une partiedes lettres de Mme de Sévigné au fils de Bussy-Rabutin qui travaillait à la mise au point des oeuvres de son père.Recopiées à son insu, ces lettres font l'objet de deux éditions pirates : de l'une à l'autre, le corpus s'accroîtsensiblement et l'intérêt se déplace des « particularités de l'histoire de Louis XIV » à l'amour idolâtre de la mère pourla fille.— 1734-1754 : les deux éditions Perrin.

Outrée par le procédé, Mme de Simiane a confié à un homme de lettresnommé Perrin le soin de confectionner l'édition officielle des lettres de sa grand-mère.

Pour les rendre présentablesau public, Perrin les raccommode avec l'art et le soin que, selon lui, l'auteur y aurait apportés s'il « avait eu le tempsd'y mettre la dernière main » : il corrige toutes les négligences et les irrégularités qui le choquent dans le style del'épistolière, supprime tous les détails qu'il estime « purement domestiques et peu intéressants pour le public », ou. »

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