Louis-Ferdinand CÉLINE : D'un château l'autre

« Photo H aut 1 Sipa lcono Un mandat d'arr êt p o ur haut e trahis on e t une demand e d'ex­ tradition furent déli­ v r és contr e Céline l o rsqu ' il éta it au Dan emark .

Apr ès quator ze m ois de pri­ s o n là-ba s, il fut con­ damn é en Fran ce à un an de pri son, c in­ quante mille fran cs d ' amend e, e t à/' indi­ g nit é nati onal e .

Il b én éfi cia un an plus tard de/' amni s tie.

Pierre Laval Photo Ke ystone, Paris Le livre La débâcle et le retour C éline, fuyant la libération de la France par les troupes alliées, se retrouve en Allemagne, puis au Danemark , pour revenir enfin à Paris.

Siegmaringen, Copenhague , Meudon , voilà ses "châteaux " successifs.

En novembre 1944, Céline accompagne Pétain au château de Siegmaringen .

Médecin , il soigne les membre s du gouvernement et leurs fidèles .

Il est nommé gouverneur de Saint-Pierre-et-Miquelon par Laval pour lui avoir fourni du cyanure , il assiste à 1 'enterre­ ment de Michelonne , dernière cérémonie de cet État français fantôme.

La débâcle se poursuit pour Céline et sa femme qui se réfugient au Danemark où lui est bientôt arrêté : il effectuera quatorze mois de prison.

Affaibli par son emprisonnement qui s 'est avéré éprouvant physiquement et psychologiquement, il regagne la France après son amnistie en 1951.

Redevenu le docteur Destouches, il s'installe à Meudon où, entouré d'ani­ maux, il devient le médecin des pauvres et des misérables .

Le misanthrope A près son engagement collaborationniste et sa fuite en Allemagne qu'il décrit dans ce livre , Céline était consi­ déré comme un écrivain fini.

Pourtant, sa vie lui inspire trois livres , D'un chât eau l'autr e (1957) , Nord (1960) et Ri godon (posth., 1969) qui, tous trois, se déroulent pour l'essentiel en Allemagne.

Le premier d'entre eux est une confe ssion non objective d' un écrivain qui, à plus de soixante ans, se déclare g âteux .

Oscillant perpétuellement entre amertume et cynisme, ce livre n'est pas un roman, ni un recueil de mémoires , encore moins un livre de guerre comme l'est Voy a ge au bout de la nuit (1932).

C'est un cri , un témoignage débordant tantôt de vitalité, tantôt d'aigreur.

Les caricatures des hommes politiques y abon­ dent.

Il finira sa vie à Meudon , misanthrope , avare, à l'écart de toute activité humaine , protégé par ses animaux.

Céline est un écriv ain ma jeur de la littér ature française , ne s erait-ce que par son style, syncopé, haché, où fusent les points d 'exclamations , de suspension , les onomatopées et les néolo­ gisme s.

Sa place est pour toujour s celle des mauvai s garçon s, des Rabelais , des Villon .. »