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Maîtres dautrefois (les), d'Eugène Fromentin

Publié le 24/01/2019

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Maîtres dautrefois (les), essai d'Eugène Fromentin publié initialement dans la Revue des Deux Mondes (1876) puis la même année en volume. Le lecteur est sensible à l'écriture métaphorique qui tente de restituer l'originalité de chaque peintre à partir d'un vocabulaire de critique littéraire. On sait que chez Fromentin l'écrivain a chronologiquement relayé le peintre et que la relation de l'écriture et de la peinture a fait l'objet d'une réflexion théorique dans la « Préface » ajoutée à la réédition d'Un été dans le Sahara (1875) : avec les Maîtres, le pinceau du peintre s'efface sous les traits de la plume de l'écrivain. Tout le voyage à travers les musées belges ou hollandais devient ainsi lecture d'un « livre d'art » dont celui de Bruxelles est la « préface ». Rubens est analysé comme un « lyrique », ses peintures perçues comme « des pages exceptionnelles », son style décomposé en « syntaxe » et en « phrases »... Au terme de ce déplacement conceptuel, la peinture semble bien se soumettre à la littérature, autant parce que celle-ci peut dire ce que celle-là tait que parce qu'elle propose une grille de lecture dont la structure est susceptible de transgresser son propre domaine. Les Maîtres d'autrefois apparaissent ainsi comme le premier manifeste d'une esthétique pluridisciplinaire appelée à connaître une grande faveur au xxe s.

fromentin

« La Rond e de mlir, R embrandt.

Photo Edimédia.

Les peintures de Delacroix appar­ tiennent à un cou­ rant qui fut im­ portant au X/Xe siècle : l'orienta­ lisme.

En effet, les voyages en Afrique et en Palestine s'étaient banalisés depuis le premier séjour de Dela­ croix au Maroc.

L'H omme au Chapeau , Fran z H al s.

Pho to L auros-G ir audon .

Le livre L'écrivain face au peintre D 'emblée , Eugène Fromentin prévient son lecteur: il n'est ni historien ni penseur, tout juste peintre! Et ce n'est pas fau s se modestie de la part d'un homme déjà célèbre par son roman Dominique.

Mais qui sont ces « Maîtres d'autrefois >> ? Ils appartiennent à 1 'École du Nord , c'est-à-dire à la Flandre et aux Pays-Bas, et plus particulièrement à l' âge d 'or de ces provinces: le XVIIe siècle.

Pour écrire ce petit livre, Fromentin est allé sur place, à Bruxelles, Anvers, Amsterdam, visitant les musées le matin et rédigeant le soir.

Aussi son livre a-t-illa simplicité et l'imprévu des souvenirs de voyages.

Les deux parties essentielles , Belgique et Hollande , sont chacune longue­ ment dominées par Rubens et Rembrandt.

Mais les disciples et les nombreux maîtres du paysage , des scènes d'intérieur et du portrait sont également présents.

C'est l'occasion pour Fromen­ tin de décrire leurs œuvres et, discrètement, d 'y inclure ses réflexions théoriques sur l'emploi des valeurs et du clair-obscur, ainsi que sur la notion de réalisme.

Les ch armes du passé S i Fromentin examine avec tant d'amour 1 'art du passé, c'est souvent pour l'opposer à l'art de ses contemporains, notamment aux artistes qui, tels Courbet ou Manet, accordaient, selon lui, trop de place aux nouvelles techniques picturales.

Les Maîtres d'autrefois paraît en 1876, soit deux ans après la première exposition impressionniste .

C'est au nom du beau métier, fait de discrétion et d'humilité, que Fromentin admire les toiles purement anecdotiques des Hollandais.

Que dire alors des derniers portraits de Franz Hals , dont la pâte, épaisse , accroche la lumière, où le geste se devine sur la toile , où l'art , en un mot, devient expression plutôt que méditation ? Pour Fromentin la violence des sentiments ne doit pas entraîner la violence du pinceau : «La main n'y est plus.

Il [Hals] étale au lieu de peindre ; il n 'exécute pas, il enduit.

» On peut ne pas approuver le conservatisme de Fromentin, mais on doit admettre qu 'il est, sur bien des points, l 'égal d 'un autre phare de la critique d'art de l'époque: Charle s Baudelaire.. »

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