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MALLARMÉ: Les Noces d'Hérodiade (Fiche de lecture)

Publié le 19/11/2010

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«Abolie, et son aile affreuse dans les larmes

Du bassin, aboli, qui mire les alarmes,

des ors nus fustigeant l'espace cramoisi,

Une aurore a, plumage héraldique, choisi

Notre tour cinéraire et sacrificatrice [...]«

 

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« De l' oeuvre, Mallarmé n'a laissé que trois fragments : «Ouverture ancienne», unmonologue de 96 vers, dans lequel la nourrice d'Hérodiade fait le portrait de sa maîtresse ;«Scène», dialogue de 135 vers, qui montre Hérodiade repoussant la nourrice qui veut lacoiffer, puis s'abîmant dans la contemplation d'elle-même ; «Cantique de saint Jean», unmonologue de sept quatrains prononcé par le saint lui-même pendant qu'on lui coupe latête. Mallarmé a écrit la «Scène» en premier.

C'est lorsqu'il se met à «Ouverture ancienne», unan plus tard, qu'il connaît la révolution intérieure qui l'amène à transformer radicalementsa conception de la poésie.

La confrontation de ces deux fragments permet decomprendre la nature de cette crise, durant laquelle Mallarmé se défait des influences deses débuts (Le Parnasse, Baudelaire) et affirme la liberté du langage poétique. 1.

UNE POÉSIE GLACÉE LA BEAUTÉ DU DIAMANT En créant le personnage d'Hérodiade, Mallarmé met en scène une incarnation de la poésie, en laquelle créateur etcréation ne font qu'un : jeune fille orgueilleuse et solitaire, Hérodiade est le propre agent de sa beauté — unebeauté qu'elle cultive pour elle seule et dont elle préserve l'absolue pureté en refusant tout ce qui n'est pas elle. Cette beauté est très différente de celle évoquée dans les premiers poèmes de Mallarmé : la transparence fluide etsans forme de l'azur a laissé place à une constellation d'objets brillants et durs — pierreries, ors, eau gelée — quienvahissent le poème.

À la différence du ciel, qui pouvait être brouillé par les nuages, ces pierres sont inaltérables,indestructibles. Hérodiade est froide et sans défaillance : elle repousse les tentatives de la nourrice pour l'aider, sans l'ombre d'unehésitation.

Pour elle, la pureté est comme un instinct, elle ne nécessite aucun combat.

C'est pourquoi tous sesregards peuvent se diriger vers son miroir : elle porte en elle-même la perfection, et n'a donc nul besoin de regarderau-dehors.

À la fin de la scène, la jeune fille ordonnera même que soient fermés les volets de la pièce où elle setrouve : «[...] clos les volets : l'azur Séraphique sourit dans les vitres profondes, Et je déteste, moi, le bel azur !» À travers ces images, Mallarmé élabore sa conception propre de la création poétique.

Pour écrire une oeuvre pure, ilfaut, selon lui, que les mots «s'allument de reflets réciproques comme une virtuelle traînée de feux sur despierreries» (Crise de vers).

Les mots doivent se refléter mutuellement en tant que vocables sonores, et laisser en suspens leur rapport aux choses réelles.

En cela réside leur pureté : ils n'existent que par eux-même et font dupoème un objet autonome, totalement refermé sur lui-même. L'HORREUR ASCÉTIQUE Le raidissement d'Hérodiade, soucieuse de préserver son intégrité, frappe par son caractère excessif: les mots«horreur», «effroi», reviennent souvent dans sa bouche pour désigner son lien à son propre corps : «J'aime l'horreur d'être vierge et je veux Vivre parmi l'effroi que me font mes cheveux» Une telle attitude symbolise l'extrême rigueur avec laquelle le poète doit pratiquer son art: de même qu'Hérodiade nesupporte aucun contact, pas même le rapport à soi, de même le poète pourchasse toute complaisance à soi dansl'acte créateur.

Cette sévérité peut l'amener à n'être jamais satisfait de ses oeuvres et n'en avoir jamais fini avecelles : de nombreux poèmes de Mallarmé (Hérodiade y compris) existent ainsi en plusieurs versions. Mais on décèle chez Hérodiade une haine de soi qui contredit sa volonté affichée d'observer «la froideur [...] dumétal».

La princesse avoue ultimement les limites de son auto-suffisance: «J'attends une chose inconnue» La Beauté symbolisée par Hérodiade dans la «Scène» ne correspond donc pas encore au plein accomplissement de lapoésie.

Dans «Ouverture ancienne», Mallarmé approfondira son exigence, inaugurant ce qui devait rendre sesoeuvres futures si difficiles : la recherche d'un langage incantatoire qui se rapproche de la musique. 2.

Du NÉANT AU SYMBOLISME LA BEAUTÉ STÉRILE La présentation d'Hérodiade comme un être intouchable, une ombre séparée du reste du monde, vise à identifier la. »

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