MANUEL DES ANTIQUITÉS ROMAINES de Wilhelm Becker

C’est une reconstitution de l’organisme social romain digne d’un biologiste. Ce livre n’est pas seulement une introduction à la science du droit romain ; il a une portée philosophique, parce qu’il suppose une conception du droit pour laquelle les concepts juridiques restent indépendants de l’histoire. C’est d’ailleurs ce qui déroute le lecteur moderne : l’édifice juridique de Rome est reconstruit par Mommsen dans l’ordre idéal ; le fonctionnement concret des institutions n’est pas décrit. Le peuple romain n’entre en scène qu’au troisième livre. Mommsen décrit les catégories idéales, les essences  juridiques, dans lesquelles se meut l’histoire romaine. Son Droit pénal est une synthèse aussi hardie. Mommsen s’y élève à des considérations philosophiques : « Le droit pénal repose sur la notion morale de devoir dans la mesure où l’État est chargé d’en assurer la réalisation : « Le concept de délits repose sur la moralité de la nature humaine Le droit pénal apparaît lorsque la loi d’État pose des limites à l’arbitraire de celui qui est investi du pouvoir de punir. Avec le droit pénal apparaissent les notions de personne, de volonté, de délit. Le livre II est consacré aux autorités répressives : la juridiction est un attribut de la magistrature. Mommsen étudie les différentes formes de procédure pénale dans le livre III : lieu et temps des procès, introduction de l’accusation, procédure de la preuve, reddition de la sentence, obstacles à l’exercice de l'action pénale. Le livre IV énumère les délits : crimes d’État ou religieux, meurtres, faux, délits sexuels, etc. Les différentes sortes de peine font l'objet du livre V. L’ouvrage a encore sa valeur aujourd'hui et représente une véritable somme, une mine de renseignements ; Mommsen est un des témoins les plus marquants de la science allemande du xixe siècle.