MAUPASSANT - Une Vie (résumé)
Publié le 06/04/2013
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Publié en 1883, Une Vie est le premier roman de Maupassant - qui s'était déjà fait connaitre depuis deux ans par ses contes - et sans doute celui qui lui a donné le plus de difficultés. Une Vie est à mi-chemin de Madame Bovary (1856) de Flaubert et du conte Un Coeur simple (1876). Il est également très proche . par l'intrigue de La Joie de vivre, composé l'année suivante par Zola (1884). Mais si Zola est naturaliste. Maupassant est un réaliste, il n'applique pas de système à ce qu' il voit.

«
"Je ann e s'a battit s ur les gen oux dan s un e
c r ise ho rrible de
d ésespo ir . ,.
...---- - -- - -EXTRAITS - - -- ----
Jeanne, sortie du couvent où elle a fait
s e s étud es,
s'apprête à partir pour
Les Peuples
Jeanne, ayant fini ses malles, s'approcha de
la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas.
L'ave rse, toute la n uit, avait sonné contre
les carreaux
et les toits.
Le ciel bas et chargé
d'eau semblait crevé, se vidant sur la terre ,
la délayant
en bouillie , la fondant com-
m e du sucre.
Des rafales passaient
pleines d'une chaleur lourde.
Le
ronflement des ruis
seaux débordés emplis
sait les rues désertes où
les maisons, comme des
éponges, buvaient
l'hu
midité qui pénétrait au
dedans et faisait suer
les murs de la cave au
grenier.
J eanne, sortie la veille
du couvent, libre enfin
pour toujours , prête à
saisir tous les bonheurs
de la vie dont elle rêvait
depuis si longtemps,
craignait que
son père
hésitdt à partir si le
temps
ne s'éclaircissait
pas ; et pour la centième fois depuis le matin
elle interrogeait l'horizon.
Voyage de noce s en C or se
et premier s émois
Tout à coup le soleil les inonda ; ils crurent
sortir
de l'enfer.
Ils avaient soif , une trace
humide les guida, à travers un chaos de
pierres , jusqu'à une source toute petite
canalisée dans un bâton creux pour l'usage
des chevriers.
Un tapis de mousse couvrait
le
sol alentour.
J eanne s'agenouilla pour
boire ; ·et Julien en fit autant .
Et comme elle savourait la Jrafcheur de
l'eau, il lui prit la taille et tdcha de lui voler
sa place au bout du conduit de bois .
Elle
résista ; leurs lèvres se battaient, se ren
contraient , se repoussaient.
( ...
)Des gout
telettes pareilles à des perles luisaient dans
leurs cheveux.
Et des baisers coulaient dans
le courant.
La neurasthénie de Jeanne
Alo rs elle ne sortit plus, elle ne remua plus.
E lle se levait chaque matin à la même heure,
regardait le temps
par sa fenêtre, puis des
cendait s'asseoir devant le
feu dans la salle.
( ...
)Elle revivait surtout dans le passé, dans
le
vieux passé, hantée par les premiers
temps de sa vie et par son voyage de noces ,
là-bas
en Corse.
Nouvelles lueurs d'espoir : Jeanne
et
sa petite-fille
Et soudain une tiédeur douce, une chaleur
de vie traversant ses robes, gagna ses
jambes , pénétra
sa chair ; c' était
la chaleur du petit
être qui dormait
sur ses genoux.
Alors une émo
tion infinie l' enva
hit.
Elle découvrit
brusquement la
fi
gure de l'enfant
qu'elle n'avait pas
encore vue : la
fille de son fils.
Et comme la frêle
créature.frappée
par la lumière vive, ouvrait ses yeux bleus
en remuant la bouche, Jeanne se mit à
l'embrasser fu.rieusement, la soulevant dans
ses bras , la criblant de baisers.
« Alo rs e lle ne sortit
pl us, e lle ne r emu a plus.•
NOTES DE L'ÉDITEUR
Le récit d'u ne vie: « Le drame de Jeanne
n
'est pas ce qui lui anive et qui, pour un
pessimiste comm e Ma upassant, est
simplement la norme, mais le décalage
e n tre le rêve
et la réa li té.
» Pierre Cogny,
préface à
Une Vie, Garnier-Flammarion,
1 97 4.
Jeanne
finit sans avoir vécu, sans s'être
jamais trouvée
au temps présent.
»
André Vial, cité par Pierre Cogny, op.
cit.
Un grand styliste : « Cette prose ( ...
) me
paraît
plu s que jamais " franche, souple et
forte " : Exubérance de santé, style ch aud
comme du sang, phrase musclée
et
d'ap lomb, attaches solides d'athlète, j'ai
retrouvé to ut Guy de Maupassant.
»
principale originalité formelle est de ne pas
alterner les descriptions
et l'action, comme
le faisait couramment le roma n du temps,
mais
de les imbriquer étroitement.
»
Armand Lanoux, Maupassant le « Bel
Ami », Fayard , 1967.
« Une Vie n'est au tre ch ose q ue l'étude du
passage impossible d'un esprit, du rêve
d'avenir au festi n lame ntab le du souve n ir.
Toujours
en avance ou toujours e n retard, Pau
l Alexis,
le Réveil, 15 avri l 1883 .
«Dan s Une Vie, l'art du romancier
s'invente à mesure , devant nous.
Sa
1 Harlingue-VioUet 2 .
3.
4.
S dessins de Leroux .
grav ures de l..emoine, Albin Miche l, Paris .
1930
Maupassant et le réalisme : « Si être réaliste
consiste
à observer la réalité et à la
transcrire, [il) veut bien être réaliste , mais il
ne reconnaît pas à la littérature d'autres
missions que
l'art.
» Pierre Cogny , Garnier
Flammarion , 1974 .
MAUPAS S ANT04.
»
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