Devoir de Philosophie

Maurice Druon: Les Grandes Familles (Fiche de lecture)

Publié le 10/12/2010

Extrait du document

lecture
Les Rois maudits (1955- 1959). Les Grandes Familles a été porté à l'écran par Denys de la Patellière avec, comme interprètes principaux, Jean Gabin, Pierre Brasseur, Jean Desailly et Bernard Blier.
« Simon ignorait encore que la valeur personnelle, le talent, sont des chances nécessaires, mais jamais absolument suffisantes, et qu'il faut toujours à l'homme, pour s'élever parmi ses semblables, une petite chance supplémentaire, un mot de mourant prononcé au bon instant ou bien la rencontre, dans une allée de cimetière, d'un ministre vieillissant que son secrétaire n'a pas rejoint et qui aime qu'on lui tienne compagnie en voiture. «

lecture

« Accablé, le baron laisse tomber ses actions au plus bas pour les racheter en bloc et réaliser d'immenses bénéficesau détriment de son demi-frère.

On enterre son fils, au grand désespoir de Jacqueline, la veuve.

« Les deux vieux hommes qui avaient écrasé un grand garçon plein de projets et de vie entre leurs machines financières seserrèrent des mains irréconciliables.

» Il ne reste plus, à Noël, qu'à s'assimiler les idées de François pour rénover ses affaires. L'exécution de Lulu Maublanc Sylvaine prétend attendre un enfant de Maublanc mais elle est stérile.

Elle part alors en villégiature à Grasse, avecla fille du vestiaire, enceinte de trois mois.

Cependant, le baron Schoudler, nommé commandeur de la Légiond'honneur grâce à Lachaume et Rousseau, jure la perte de Lulu aux Leroy, une autre branche de la famille, qui netiennent pas vraiment à abandonner leurs droits à l'héritage en faveur d'un éventuel rejeton.

Noël introduit chez luiSimon, qui a accompli bien du chemin depuis son premier article, deux ans plus tôt.

Jacqueline se remet difficilementde la disparition de François tandis que Noël perpétue son souvenir en mettant en oeuvre ses idées à L'Echo de Paris, avec Lachaume. Ignorant tout de la conjuration qui le menace, Maublanc triomphe à la nouvelle de la naissance de jumeaux, ungarçon et une fille.

Sylvaine lui réclame alors deux millions, un pour chaque enfant et, les arrachant à leur mère, elle les confie à une nourrice du côté de la Malmaison.

Cependant, Noël consulte un grand avocat d'affaires, JeanRosenberg, et convient, avec les deux banquiers Leroy, de convoquer un conseil judiciaire pour déclarer Luluirresponsable.

Tous se liguent pour le mettre sous la tutelle d'un régent de la Banque de France.Les disparitions se succèdent : Siegfried Schoudler, le général Robert de la Monnerie.

Simon, lui, divorce etabandonne Mme Eterlin.

Quant à Maublanc, il s'éteint dans un asile, frappé d'aliénation mentale. Commentaire de l'oeuvre Histoire publique et histoire privéeLes Grandes Familles est un roman réaliste traditionnel qui reprend le schéma, très balzacien, de la grandeur et de ladécadence d'une famille.

De manière significative, le récit s'ouvre sur un prologue qui raconte une naissance, celledu fils Schoudler et de Jacqueline de la Monnerie.

Les quatre vieillards qui se penchent sur le nouveau-néapparaissent comme autant de « fées » qui contemplent le mystère de la création.

Du point de vue de l'histoirepersonnelle, l'enfant figure la résultante symbolique et complexe de l'union des deux familles.« En homme qui connaissait le prix des choses, le géant calculait tout ce que l'enfant réunissait sur lui, ou réuniraitun jour, tout ce qui se trouvait déjà dans le berceau : la banque, les sucreries, un grand journal quotidien, un titredu Saint Empire, la notoriété mondiale du poète et ses droits d'auteur, le château et les terres du vieil Urbain,d'autres fortunes moindres, et une place faite d'avance dans les milieux de l'aristocratie, de la finance, dugouvernement, de la littérature...

»Beau destin...

mais la narration va s'attacher à démentir ce pronostic et la morale du récit s'inspire donc de lavanité de tous les biens humains, si fragiles puisque les plus fortunés peuvent sombrer dans la misère.Quatre générations sont donc convoquées dans cet incipit : celle de l'arrière-grand-père fondateur de la lignéepaternelle, Siegfried Schoudler, celle des grands-pères paternel, NoëlSchoulder, et maternel, Jean de la Monnerie, celle du père (absent) et de la mère, et, enfin, celle du nouveau-né.En arrière-plan, l'Histoire fait planer la menace de la guerrepuisque le récit commence au début de l'année 1916.

L'absence, symbolique, du père annonce le destin qui va seprécipiter dans la suite de la narration.

Elle rend compte, sur leplan collectif cette fois-ci, de la disparition de la « génération » pendant la Première Guerre mondiale.

« Entre lessociétés de 1910 et de 1920 s'était ouverte une crevasse plusprofonde, plus certaine qu'entre la société de 1820 et celle de 1910.

» En ce sens, le récit s'impose, de manièregénérale, comme représentatif de la mutation profonde que connaît l'Europe après 1914-18.D'ailleurs, à la naissance du prologue succède, immédiatement dans la narration, mais quatre ans plus tard pour lachronologie historique, l'évocation de la disparition du poète, Jean de la Monnerie, comme si la vie et la mort semêlaient de manière indissociable, de façon à mettre en évidence la dynamique implacable du recommencementperpétuel.

Par ailleurs, aux funérailles du poète font écho les obsèques du jeune François écrasé par unemachination familiale.

La structure en miroir du roman signale à l'évidence la vanité des tractations humaines, le jeudes illusions sociales.Au sein de la narration, fait sens, surtout, l'idée que la décadence des Schoudler, famille d'industriels, s'accompagnede la promotion de Simon Lachaume, qui parvient grâce à son entregent plus que par ses mérites.

A l'inverse desrejetons qui s'autorisent de leur appartenance à une lignée pour revendiquer une situation, lui, il ne peut existerqu'en niant ses origines.

Aussi de manière symbolique, raccompagne-t-il sa mère à la gare lors de sa premièreapparition dans le cours du récit.Cependant, ce qui caractérise le récit, c'est que les personnages s'imposent comme les acteurs de leur propredestin.

La fatalité ne pèse pas sur eux de l'extérieur : ils la créent eux-mêmes, à leur image, à leur niveau.

En effet,la rivalité du père et du fils Schoudler amène non un conflit de générations mais l'élimination du plus jeune, incapablede soutenir la pression psychologique imposée par son père.

Au cours de la narration, le nombre important devieillards met en évidence la décadence d'une famille mais aussi de toute une époque, promise à l'extinction, parabus de pouvoir, comme Noël Schoudler, ou par goût de la débauche, comme Lulu Maublanc.

A la fin du récit, lespuissants révèlent leurs faiblesses intimes et leur déchéance signale la décadence de toute une génération et peut-. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles