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On tue un enfant de Serge Leclaire

Publié le 22/02/2012

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L'enfant-roi, tyran, est la représentation idéale, même si elle demeure inconsciente, du petit qui habite le coeur de toutes les mères en particulier, des parents en général. C'est l'enfant de leurs espoirs, de leurs rêves, de leurs désirs les plus profonds : «L'enfant merveilleux, c'est cette représentation inconsciente, primordiale où se nouent, plus dense qu'en tout autre, les voeux, nostalgies et espoirs de chacun. » Puis Serge Leclaire ajoute, à propos de cette représentation : « Dans la transparente réalité de l'enfant, elle donne à voir, presque sans voile, le réel de tous nos désirs. » Renoncer à cette représentation signifie perdre toute raison de vivre, mais : « Feindre de s'y tenir, c'est se condamner à ne point vivre. »

« «Qui croit avoir, une fois pour toutes, réglé son compte à la figure du tyran, s'exile des sources de son génie,et se tient pour un esprit fort devant le règne de la jouissance.

» Mais qu'entend-on par vie? Ceux qui exercent une profession, se marient, ont des enfants à leur tour, ne vivent-ilspas? Pour Serge Leclaire, vivre, c'est se construire.

L'auteur évoque à ce propos le cas de Pierre-Marie.

Ce jeune garçon,second de la famille, remplace, dans le coeur de sa mère, le frère aîné, Pierre, décédé.

Or la représentation dePierre-Marie, enfant consolateur, est différente du Pierre-Marie être vivant.

Il faudra tuer l'enfant consolateur pourparvenir à la construction du sujet Pierre-Marie, enfant de chair.

La psychanalyse tient ici tout son rôle. Mais vivre, c'est aussi s'ouvrir à l'amour.

C'est le passage à la jouissance qui « est l'expérience du rapport au phallus ».

Cette jouissance ne s'atteint « pour chacun, homme ou femme, que par l'autre ».

C'est ainsi que «s'ouvre l'espace de l'amour » et que l'on rencontre le phallus.

Il symbolise l'amour et se différencie de l'organe pénis.

Il est « le chiffre d'or qui ordonne la vérité de l'inconscient ». Référent de l'ordre inconscient, le phallus ne se traduit ni par un texte ni par une image.

Il ne se rencontre que parla jouissance des corps et « l'orgasme témoigne de l'extraordinaire de cette rencontre ». Rompre avec le représentant narcissique primaire Serge Leclaire différencie le représentant narcissique primaire de la représentation du représentant narcissique que l'on peut comprendre, d'une façon imagée, comme la subdivision du premier.

C'est ainsi que l'on parvient à appréhender les différentes figures de l'enfant : « l'enfant à glorifier », « l'enfant tout-puissant », « l'enfant tyran », « l'enfant terrifiant »... Tuer cette représentation narcissique primaire, c'est-à-dire l'infans, c'est provoquer l'éveil du sujet. «C'est dans l'exacte mesure où l'on commence à la tuer qu'on commence à parler; dans la mesure où l'on continue à la tuer, qu'on continue à parler vraiment, à désirer.

» Ainsi, tuer un enfant signifie détruire cette représentation narcissique primaire, l'enfant qui est en nous. Le moteur de cette rupture avec cette représentation narcissique primaire est la pulsion de mort.

Si la pulsion de vie se joue sur le théâtre de nos désirs, de notre sexualité, de la quête du phallus, la pulsion de mort travaille ennégatif.

Certes, il est difficile de la saisir en tant que concept, on ne peut pas bien se la représenter mentalement,mais nous en faisons l'expérience, notamment dans l'angoisse.

La pulsion de mort s'en prend à l'enfant immortel denos rêves. Ainsi, rompre avec le représentant narcissique primaire, c'est briser la figure de l'enfant imaginé, idéalisé, qui règne sur le destin de l'enfant de chair.

Cette guerre déclarée aux représentants inconscients constitue une relationobligée que nous entretenons avec eux. « "Tuer" ces figures consiste à rendre au représentant inconscient son véritable statut et à prendre en compte ladette insolvable qui nous lie au référent phallique.» LA PSYCHANALYSE ET LE PSYCHANALYSTE Pour Tuer un enfant, les armes des rêves, voire celles de l'association libre, se soldant par une interprétation bien conforme aux sillons tracés par la psychanalyse classique, ne semblent pas suffire.

Si les symptômes persistent, si lepsychisme reste malade ou tout simplement dans un état de mal-être, il faut utiliser d'autres armes. Certes, la psychanalyse est le seul moyen de défaire, de briser quelque chose qui a le statut d'inconscient, ici lefantasme originaire de tuer l'enfant.

En effet, cette méthode thérapeutique, d'après Serge Leclaire, consiste à faireparler cet inconscient, constitué d'un nombre indéfini de représentations ou signifiants, à faire en sorte que derrièrel'histoire apparente, l'autre histoire, celle qui est dissimulée, puisse s'exprimer. Or, le représentant inconscient produit des « rejetons » dont l'individu est plus ou moins conscient, même s'ils sontrefoulés après coup, c'est-à-dire qu'ils font l'objet d'un refoulement secondaire cette fois.

C'est donc par le biais deces « rejetons » du représentant inconscient que s'élabore la démarche psychanalytique, car ils offrent une prise.Mais le traitement ne s'en tient pas là, ce serait un travail trop superficiel.

Son but est « la prise en compte du processus primaire comme tel». La psychanalyse dévoile le fantasme du meurtre de l'enfant.

Elle est un des moyens d'échapper aux symptômes, dese sortir de l'ornière du discours du refoulement, de recréer un espace où renaît la parole, où résonnent de nouveaules voix du désir.

Pour cela, il faut passer par le transfert : «La cheville ouvrière de la psychanalyse impose que soit interrogé le fantasme secret qui pousse l'analyste àfaire profession de chasseur de démons.». »

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