Poèmes saturniens
Publié le 30/03/2013
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Après avoir interrompu ses études de droit, Verlaine trouve un modeste emploi de fonctionnaire municipal qui lui laisse tout le loisir de fréquenter les salons littéraires, notamment celui de la marquise de Ricard, et de nouer des relations avec Banville, Heredia, Coppée, Mendès, dont l'influence parnassienne est sensible dans son premier recueil. En effet, malgré quelques ambiguïtés qui préfigurent son évolution future, la première manière de Verlaine est parnassienne, et il publie ses premiers textes dans des revues comme la Revue du progrès, bientôt remplacée par l' Art, ainsi que dans quelques livraisons du Parnasse contemporain, où il voisine avec Dierx, Mallarmé, Villiers de l'Isle-Adam.
«
MELANCHOLIA
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EXTRAITS --- ----~
PAYSAGES TRISTES
Promenade sentimentale
Le couc hant dardait ses rayons suprêmes
Et le ve nt ber çait les nénup hars bl êmes ;
L es grand s nénuphars , entr e les roseaux,
Tristement luisaient sur les calm es eaux .
Moi,}' errai s tout seul, promenant ma plai e
Au lo ng del' éta ng , parmi la sau laie
Où la brum e vag ue évoquait un gra nd
Fantôme laiteux se désespérant
Et pleurant avec
la voix des sarcelles
Qui se rappelaient en battant des ailes.
(.
..
)
« Le s petits ifs du cimetière /
Frémissent au vent hiémal,
Dans la glaciale lumière.
»
Souvenir, souvenir, que me veux-tu ? L'automne
Faisait voler
la grive à travers l'air atone,
« Baiser ! rose trémière
au jardin des caresses ! »
Et le solei l dardait un rayon monotone
Sur
le bois jaunissant où la bise détonne.
Nous étions seul
à seule et marchions en rêvant,
Elle et moi, les cheveux et la pensée au vent.
Soudain, tournant vers moi son regar d émouvant :
«Quel fut ton plus beau jour ? » fit sa voix d'or vivant,
ÉPILOGUE
Ce qu 'il nous faut à nous, les Supr êm es Poètes
Qui vénéro ns les Dieux et qui n
'y croyons pas,( ...
)
C'est la Volonté sainte, abso lue, éternelle,
Cramponnée au projet comme un noble condor
Sa voix douce et sonore , au frais timbre angélique.
Un sourire discret lui donna la réplique ,
Aux flancs fumants de peur d'un buffl e, et d'un coup d'ail e
Emportant son troph ée
à travers les cieux d 'or !
Et
je baisai sa main blanche, dévotèment.
- Ah ! les premières fleurs, qu'elles sont pa1fumées
!
Et qu'il bruit avec un murmure charmant Ce
qu'il no us faut
à nous, c'est l' étude sans trêve,
C'est l'effor t inouï, le combat nonpareil ,
C'est la nuit, l'âpre nuit du travail, d'où se lève
L enteme nt, lentem
e_nt ! [l' Œuvre, ainsi qu'un soleil!] L e premier oui qui sort de lèv res bien-aimées !
NOTES DE L'ÉDITEUR
Les Poèmes saturniens furent édités à
compte d
'auteur chez Lemerre en 1866 .
Ils
furent bien accueillis par Anatole France,'
Hugo , Mallarmé , Sainte-Beuve.
Mais
Barbey d
'Aurevilly les critiqua sévèrement.
Une préface de Verlaine pour une édition
postérieure nous renseigne sur l'opinion que
le poète avait de son œuvre de jeune sse :
«Vo ici, après vingt-deux ans de quelque oubli
, mon œuvre de début dans toute sa
naïveté parfois écolière non san
s, je crois,
quelque touche par-ci par-là du définitif
écrivain qu'
il se peut que je sois un jour.
J'ai abandonné ( ...
)certains choix de
s ujet s ; les historique s et les héroïque s par
exemple.
Et par conséquent
le ton épique ou
didactique pris forcément à Victor Hugo,
un
Homère de seconde main après tout, et plus
directement encore à
M.
Leconte de Lisle.
»
Verlaine, Critique d es Poèmes saturni ens,
1890.
1 Gir a udon 2, 3 , 4 , 5 aq ua re lle e t gra vures de B.
M ahn , é d.
Librairi e de Fra n ce , P ar is , 193 1 / B.N .
Ainsi , sans renier l'influence de Hugo et
de s parnass ien
s, Verlaine s'est sensiblement
éloigné d'eux.
A plus de vingt ans de
distance ,
il analyse avec lucidité les défauts
et qualité s d'une œuvre dont certain s
poème s ont atteint d
'emblée la perfection .
Ce s vers ont servi de message codé pour
annoncer le débarquement américain de juin
1944 :
« Les sanglots longs /Des violons /
De l
'automne ...
»
VERLA I NE02.
»
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