Poil de Carotte

« EXTRAITS-------~ «Boiras-tu aujourd'hui, Poil de Carotte ? ,.

• Hypocrite madame Lepic ...

Poil de Carotte donne ce conseil à la servante Agathe : - Pour vous mettre bien avec madame Lepic, dites lui du mal de moi.

- Il y a une limite.

Ainsi madame Lepic ne supporte pas qu'une autre qu'elle touche Poil de Carotte.

Une voisine se permettant de le menacer, madame Lepic · accourt, se fâche et délivre son fils qui rayonne déjà de gratitude.

- Et maintenant, à nous deux! lui dit-elle.

Un jour, la révolte MADAME LEPIC.- Mon petit Poil de Carotte chéri, jet' en prie, tu serais bien mignon d'aller me chercher une livre de beurre au moulin.

Cours vite.

On t'attendra pour se mettre à table.

POIL DE CAROTTE.- Non, maman.( ...

) MADAME LEPIC.- Comment ! tu n'iras pas au moulin ? Que dis-tu ? Qui te demande? ...

Est-ce que tu rêves? POIL DE CAROTTE.- Non, maman.

MADAME LEPIC.- Voyons, Poil de Carotte,je n'y suis plus.

Jet' ordonne d'aller tout de suite chercher une livre de beurre au mou­ lin.

POIL DE CAROTTE.- J'ai entendu.

Je n'irai pas.

MADAME LEPIC.- C'est donc moi qui rêve ? Que se passe-t-il? Pour la première fois de ta vie, tu refuses de m'obéir.

POIL DE CAROTTE.- Oui, maman.

( ...

) MONSIEUR LEPIC.- Qu'est-ce que tu attends pour m'expliquer ta dernière conduite qui chagrine ta mère ? POIL DE CAROTTE.- Mon cher papa, j'ai longtemps hésité, mais il faut en finir.

Je l'avoue : je n'aime plus maman.

MONSIEUR LEPIC.- Ah ! A cause de quoi ? Depuis quand ? POIL DE CAROTTE.- A cause de tout.

Depuis que je la connais.( ...

) Sans doute, les autres ont leurs peines.

Mais __ _____,,., "~ -~-..'"'----'" je les plaindrai demain.

oc;...;::.-:;J_ r~--C::::-- {, , J Je réclame aujourd'hui (ff) justice pour mon l compte.

Quel sort ne ~ ! serait préférable au ~~-, ..

!!"'; •.• '""-:-~=.

---~ mien? J'ai une mère.

-V~::;;:=:, Cette mère ne m'aime ·'$-.~ ~~~~:=\" pas et je ne l'aime pas.

- Et moi, crois-tu donc que je l'aime ? dit avec brusquerie M.

Lepic impatienté.

A ces mots, Poil de Carotte lève les yeux vers son père.

Il regarde longuement son vi- sage dur, sa barbe épaisse où la bouche est rentrée comme honteuse d'avoir trop parlé, son front plissé, ses pattes d'oie et ses pau- pières baissées qui lui donnent un air de dormir en marche.

Un instant Poil de Carotte s'empêche de parler.

Il a peur que sa joie secrète et cette main qu'il saisit et qu'il garde presque de force, ne s'envole.

Puis il ferme le poing, me­ nace le village qui s' as­ soupit là-bas dans les ténèbres, et il lui crie avec emphase: - Mauvaise femme ! te voilà complète.

Je te déteste.

Éditions Flammarion e. »