POLYEUCTE de Corneille

POLYEUCTE, tragédie de Corneille (1641-42). Polyeucte, seigneur arménien, s'obstine, malgré sa femme, Pauline, et les tentatives pour le sauver, de son beau-père, Félix, gouverneur romain d'Arménie, à vouloir la palme du martyre. Son sacrifice entraînera la conversion de Pauline et de Félix, et lui vaudra l'admiration de Sévère, noble romain, qui, sans renier la paganisme, comprend la grandeur de la foi chrétienne. Au milieu des controverses théologiques du temps (action des jésuites, spiritualité bérullienne, naissance du jansénisme), la pièce apparaît comme une tragédie de la grâce, qui transpose les vertus terrestres d'un Rodrigue ou d'un Horace sur un plan métaphysique et religieux. Elle apparaît aussi comme répondant parfaitement à l'idéal dramatique classique : « À mon gré, dit Corneille lui-même, je n'ai point fait de pièce où l'ordre du théâtre soit plus beau et l'enchaînement des scènes mieux ménagé. »