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PORTRAIT D'UN INCONNU. Roman de Nathalie Sarraute (résumé & analyse)

Publié le 07/11/2018

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PORTRAIT D'UN INCONNU. Roman de Nathalie Sarraute (née en 1902), publié à Paris chez Robert Marin en 1948, avec une Préface de jean-Paul Sartre.

 

L'inconnu du portrait anonyme d'un musée hollandais, c'est la figure dans laquelle aime se reconnaître le narrateur de ce roman ; mais ce pourrait être chacun des trois personnages prin cipaux, qui tous. à l'abri de leur anonymat. pré servent une part inaccessible aux mots. Le narra teur, qui se désigne par la première personne, épie, poursuit deux personnages qui le fascinent : un vieillard avare et sa fille, vieille demoiselle mesquine, qui finit par s'émanciper par un mariage de raison. Le lecteur suit avec le narrateur, au gré de souvenirs ou de rencontres, les drames invisibles qui se jouent au sein de ce cou ple dérisoire et sordide qui se défait sous nos yeux sans jamais cesserde se faire souffrir. Mystérieusement impliqué mais distant, le narrateur met à nu ce qui se cache sous la surface de ces êtres, de leur relation mutuelle, de leur relation avec d'autres personnages esquissés çà et là : des mouvements secrets, invisibles, sursauts intérieurs évanouis à peine nés, obsessions, ressassements, pulsions, sensations indicibles que leurs paroles ou leurs gestes tout à la fois masquent et révèlent. C'est une véritable fascination, maladive, anormale qu'ils exercent sur lui, dont il tente, en vain, de se défaire, catalyseur privilégié malgré lui de ces courants secrets. jusqu'à ce que le « vieux » l'attire dans ses rets, et, d'observateur des profondeurs cachées, le transforme à ses côtés en acteur de la comédie des apparences.

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« Pas plus que Tropismes (1939), ce roman de Nathalie Sarraute, son deux ième ouvrage publié, n'é veilla l' attention des critiques ou des lecteurs lor s de sa parut ion.

La Préface de Sartre mettait pourtant l'accent sur la nou­ veauté de cet >.

Le texte tout à la fois décrit et déjoue les pièges de la banalité, des lieux communs, qui constituent le terrain même de l'investigation de l'auteur, son enj eu.

Les conversations, les situa­ tions sont empruntées au quotidien, ou font parfois référence aux conven­ tions romanesques les plus courant es.

Pourtant, dans sa manière de les mettre en scène, Nathalie Sarraute leur ôte tout caractère rassurant.

Négligeant les guillemets, tirets et autres marques du dis cours direct et du dialogue, elle crée l' impression d'un flux ininterrompu et indistinct qui lie indissociablement monolog ues du narrateur, paroles par lui captées ou prononcées, souvenirs, échos intérieurs éveillés par ces paroles ou ces souveni rs.

Le lecteur s'avance en terrain mouvant : les banalités quoti­ diennes révèlent un univers de sensa­ tions troubles et confuses qu'elles mas­ quent mal.

Cet univers, c'est celui des >, clé de voûte, > de Natha­ lie Sarraute, qui n'avoue d'autre quête à mener au sein de l'écriture que celle de leur mise à jo ur tâtonnante.

Ses per­ sonnages, nécessairement anonymes, ne sont que le simple support de ces > (Pr éface à l'È re du soupçon, 1956).

Il s' établit ainsi un mouvement de va-et-vient entre les apparences (les pa roles, les gestes de tous les jours, les lieux communs, les petites intrigues qui unissent les personnages) et ce monde inconnu que traque l'auteur avec son narrateur.

Le texte progresse par glisse ments, par déplacements : déplacements temporels (du présent de la narration au passé des souvenirs du narrateur), déplacements dans l'espace (de la face émergée à la face immergée des êtres et des choses), déplacements enfin du point de vue du narrateur, d'a bord externe, ce qui lui permet de capter ce monde des profondeurs, puis, dans les dernières pages du livre, interne, ce qui l'en éloignera : de l'univers sarrautien.. »

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