Pour qui sonne le glas 1940 Ernest Hemingway (1898-1961)

« Pour qui sonne le glas 1 83 Un chef-d'oeuvre Un livre-charnière Désabusé par les horreurs de la guerre 14-18 à laquelle il parti­ cipa très jeune, Hemingway rejoignait dans ses premières oeu­ vres tous les écrivains de la Génération perdue.

Avec Le Soleil se lèvre aussi et L'Adieu aux armes notamment, il se faisait le chantre de l'individualisme à tout crin, préoccupé seulement par la condition tragique de l'homme.

Nihilistes désespérés, buttant sans cesse sur le néant, ses héros étaient bien indifférents aux vicis­ situdes de 1 'Histoire.

Pourtant, en 1936, Hemingway prend parti contre le fascisme en Espagne ...

Un net revirement donc qui s'affirme déjà dans la bouche de son héros de En avoir ou pas (1937): Harry l'aventu­ rier, qui a nié toute solidarité humaine, avoue au seuil de la mort que «un homme seul est foutu d'avance».

Correspondant de guerre en Espagne dès février 37, couvrant toute la guerre, Hemingway va aller jusqu'au bout de l'engage­ ment politique.

Pour qui sonne le glas, tiré de cette expérience, prône la communion humaine dans la lutte.

La citation de John Donne, qui donna son titre à l'ouvrage, annonçait clairement la position d'Hemingway: «Chaque homme est fragment d'un con­ tinent, une partie du Tout; (.

..

)la mort d'un homme, elle, me diminue, parce que je suis lié à l'espèce humaine.

Et par consé­ quent n'envoie jamais savoir pour qui sonne le glas.

ll sonne pour toi.» Un style nouveau Ecriture simple, directe, en phrases courtes et percutantes, direc­ tement héritées de 1' expérience du journalisme : Hemingway, dès ses premiers romans, refusa toute concession à la sophistication, laissant se déployer sans artifices les sentiments et les émotions.

Un style limpide qui permettait de recréer en somme la vision d'un témoin réel.

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