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POURRAT Henri : Gaspard des Montagnes

Publié le 27/11/2018

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Gaspard des Montagnes. — Grange est un solide Auvergnat, qui, pour son malheur, doit avec sa femme s'absenter quelques jours de sa ferme. Sa fille Anne-Marie, demeurée au logis de Chenerailles, voit, au cours d'une nuit d'épouvante, un homme pénétrer dans la demeure à la recherche d'on ne sait quel papier précieux. L'homme sorti, elle lui laisse prendre sous la porte son couteau oublié mais lui tranche les doigts d’une main

POURRAT Henri (1887-1959). Tout dans la vie d’Henri Pourrat relève de la singularité. Né à Ambert, de santé fragile, il doit renoncer à une carrière d'ingénieur agricole et se replier sur sa ville natale, où son père tient un commerce de bimbeloterie. De sa retraite du Livradois, il décide alors de tenter la carrière des lettres, et, sous divers pseudonymes, il multiplie les efforts pour former une « pléiade ambertoise », dont il affirme l'autonomie en rompant des lances avec le félibrige. Il écrira en français, telle est sa résolution, et se fera chasseur de folklore pour dire l’Auvergne. Son premier essai littéraire. Sur la colline ronde (1922), n’est que la chronique de la vie ambertoise. En fait, il entretient des rêves autrement ambitieux. Il n’envisage rien de moins que de ressusciter l’Auvergne du début du xixe siècle, avec ses coutumes,

 

ses hantises et ses audaces, dans une sorte de « roman de chevalerie rustique » haut en couleur qui donnerait à la vie montagnarde ses lettres de noblesse. Ainsi naît son chef-d’œuvre, Gaspard des Montagnes, publié en quatre volumes : le Château des Sept Portes ou les Enfances de Gaspard (1922), l’Auberge de la Belle Bergère ou Quand Gaspard de guerre revint (1924), le Pavillon des amourettes ou Gaspard et les bourgeois d’Ambert (1928), la Tour du Levant ou Quand Gaspard mit fin à T histoire (1931).

« trouvé naturellement une illustration dans un ensemble d'essais qui en dégagent J'essence, en même temps qu'une forme privilégiée, dans un remarquable travail du style rustique.

Pourrat a accumulé une masse énorme de légendes qu'il a rassemblées dans le Trésor des contes ( 13 vol., 1948-1962); et dans une série de publications plus courtes, Ceux d'Auvergne (1928), la Ligne verte ( 1929), le Meneur de loups (1930), la Porte du verger ( 1930), le Bosquet pastoral ( 193 1 ), les Sorciers du can­ ton ( 1933), l'Homme à la bêche (1940), le Chemin des chèvres ( 1942), il a défendu la vocation humaniste du particularisme local, dénonçant «les danses et les plats régionaux », toutes « ces bizarreries, ce pittoresque>>, qui nous occultent la profondeur de 1 '>, le régionalisme ne pouvant être, à ses yeux, que « connaissance et amitié de 1' âme populaire ».

Enfin et surtout, Pourrat a créé une langue rustique accessible aux lecteurs de toutes les provinces.

Pour ce faire, il a recueilli des tournures utilisées dans une aire linguistique très vaste.

Tl les a dépouillées d'un phoné­ tisme local mais en a conservé le rythme et la syntaxe, repérés par une étude d'ensemble des parlers du Centre.

Ses «Cahiers d'expressions» rurales, qui rassemblent 30 000 syntagmes du terroir, constituent un extraordi­ naire travail de recherche sur Je parler régional -travail dont a bénéficié toute son œuvre.

La place de Pourrat est donc éminente dans l'histoire du roman rustique français et européen.

Par la vigueur de ses fresques et les mérites de son expression, il a conféré au genre une valeur esthétique indéniable; son œuvre a pris, en outre, une valeur de témoignage, invitant à la réflexion par sa fonction conservatrice de J'âme populaire comme par l'analyse profonde et subtile d'une qualité de vie terrienne dont les générations contempo­ raines mesurent le prix à l'heure de sa disparition.

BIBLIOGRAPHIE W.

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Gardes, Henri Pourrai au travail, Cler­ mont-Ferrand, Public.

de la fac.

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Vernois.

le Roman rustique de George Sand à Ramuz, Paris, Nizet, 1963, et le Style rustique dans les romans champêtres après George Sand, Paris, P.U.F., 1964; Cahiers Henri Pourrat, Clermont-Ferrand, Bibliothèque municipale et universitaire, vol.

n° 1, 1981; Nouvelle Revue de Paris, 12, 1 987; Centenaire d'Henry Pourrai, C.

Dalet et J.-M.

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Henri Pourrai et le trésor des contes.

Gallimard, 1992.

P.

VERNOIS. »

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