PRÉCIEUSES RIDICULES (Les) de Molière (résumé et analyse de l’oeuvre)

Comédie en un acte de Molière (Jean-Baptiste Poquelin, 1622-1673), représentée pour la première fois à Paris sur la scène du Petit-Bourbon, le 18 novembre 1659. Il n’y avait qu’un an que Molière, après douze ans de pérégrinations en province avec l’ « Illustre théâtre » (1646-1658), était rentré à Paris ; depuis son retour, il occupait concurremment avec la troupe italienne de Torelli, la salle du Petit-Bourbon, qu’il devait quitter un an plus tard, pour s’installer, cette fois à titre définitif, dans la salle du Palais Royal. Le programme qu’il présentait au public comprenait à la fois des tragédies et quelques farces de l’ancien répertoire de l’ « Illustre théâtre ». En novembre 1659, Molière lança une nouvelle pièce : les Préciel ses ridicules, qui fut jouée en même temps que Cinna. La petite pièce, qu’on appelait une farce puisqu’elle était écrite en prose, eut, semble-t-il, quelque

succès, mais d’un public restreint. Cependant, dès la seconde représentation, la foule accourut au Petit-Bourbon. La Grange nous apprend que Molière lui-même fut surpris par ce succès qui « passa ses espérances », et il ajoute : « Comme ce n’était qu’une pièce d’un seul acte qu’on représentait après une autre de cinq, il la fit jouer le premier jour au prix ordinaire. Mais le peuple y vint en telle affluence et les applaudissements qu’on lui donna furent si extraordinaires qu’on redoubla le prix dans la suite : ce qui réussit parfaitement à la gloire de l’auteur et au profit de la troupe ». Cependant les vraies Précieuses commencèrent à s’émouvoir et un « alcôviste de qualité » réussit a faire interdire la pièce pendant quelques jours. L’affaire fut référée au roi, alors absent ; pendant ce temps, Molière perfectionnait sa comédie : il semble, d’après l’analyse de la pièce lors de la première représentation, telle qu’elle nous est parvenue dans le Récit de la Farce des Précieuses de Mlle Desjardins, qu’une première scène entre les deux précieuses et leurs amants éconduits ait été alors supprimée. Mais Molière trouvait déjà en Louis XIV un allié, l’ordre arriva bientôt de laisser jouer les Précieuses. En moins d’un an, elles furent représentées quarante-deux fois au Petit-Bourbon, ce qui, pour l’époque, représentait une véritable performance. La troupe alla souvent en visite présenter la pièce à la cour et dans les salons ; pour son compte le Roi la vit trois fois. Malgré les attaques de ses ennemis et les accusations de plagiat, cette petite pièce consacrait Molière vis-à-vis du public et le succès ne s’en démentit pas jusqu’à nos jours malgré une éclipse à la fin du xviie siecle, due au fait que la préciosité n’était pas alors une question d’actualité. On raconte qu’après les Précieuses, Molière se serait écrié :