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Proust et Ruskin de Proust

Publié le 27/11/2018

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Proust et Ruskin

 

Un article nécrologique publié dans la Gazette des beaux-arts (27 janvier 1900). Un article dans le Figaro (13 février 1900). Un essai paru en deux parties dans la Gazette des beaux-arts (avril et août 1900). Une traduction annotée de la Bible d'Amiens de Ruskin, précédée d’une importante préface (Mercure de France, 1904). Enfin, une traduction annotée de Sésame et les lys, précédée elle aussi d’une préface (« Journées de lecture ») : première partie dans la Revue des arts de la vie (mars-avril-mai 1905), préface dans la Renaissance latine (15 juin 1905), édition complète au Mercure de France (1906).

 

L’un des chapitres de la biographie de Proust par Painter est intitulé « le Salut par Ruskin ». Ruskin (1819-1900) donne en effet à Proust l’occasion d’approfondir et de préciser son propre projet esthétique. Lisons la fin de la préface à la Bible d'Amiens : Proust y développe l’idée que la pensée d’un autre, loin de nous empêcher d’être nous-même, nous permet au contraire d’accroître infiniment notre « puissance de comprendre et de sentir » : « Nous sommes simplement alors dans un état de grâce où toutes nos facultés, notre sens critique aussi bien que les autres, sont fortifiées. 

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« Enrichissant son étude de pèlerinages aux lieux décrits par Ruskin (Amiens, Rouen, Venise), découvrant pro­ g ress iv em ent toutes les œuvres du maître, Proust devient presque un spécialiste : article nécrologique, article sur les « Pè lerinag es ruskiniens »dans le Figaro, grand essai publié en deux parties dans la Gazetre des beaux-arts.

Enfin.

Proust aborde en même temps la Bible d'Amiens : il rédige d'abord la préface avant d'entamer la traduction proprement dite (aidé en cela par sa mère et, bien sûr, par Marie Nordlinger).

L 'ouvrage sort e n 1904, et c'est aussi vers cette époque que Proust traduit Sésame et les lys : comme on le sait, le texte est précédé d'une célèbre préface sur la lecture; elle figure, comme l'autre, dans Pastiches er Mélanges.

Point d'aboutissement et point de départ, Ruskin mon­ tre à Proust ce que peut être l'art dans sa définition la p lus haute : non pas un divertissement d'esthète, mais une «religion >> et une philosophie qui nous apprennent c e qu'est vraiment le monde; celui-ci ne nous est pas donné, et i 1 nous appartient de le (re- )créer nous-même, de l'enrichir uinsi d'une dimension mystique.

Car «la Beauté n'est pas un objet de jouissance, mais [ ..

.

] une réalité infiniment plus importante que la vrai e vie >> : elle révèle le secret de la nature.

Cette esthétiqu e va donc au-delà du Beau traditionnel puisqu'elle nous fait voir la réalité autrement, puisqu'elle nous offre un monde supérieur : «Et ce fut ain si, en effet; l'univers reprit tout d'un coup à mes yeux un prix infini».

Image du monde, l' œ uv re d'art nous restitue le monde, et l'on peut retrou­ ver l'idée de ce détour fécond à propos de la mémoire.

Ruskin meurt en effet.

mais son souvenir nous le rend pl us présent qu'aut re fois : en pensant à lui, nous accom­ plissons un véritable travail de l'esprit sur lui-même, et cela nous rend meilleur.

Le même phénomène se produit d'ailleurs dan� l'alchimie de la lecture : dans sa préface à Sésame er lt'S lys, Prou st commence par évoquer ces livres qui restt:ront liés pour nous aux lieux et aux jours où nous les aurons lus.

Mais, dès que le lecteur grandit, la fascination disparaît et laisse la place à un travail silencieux de 1' in te lli ge nce et de la mémoire.

Ruskin, sans aucun doute, fait ainsi partie de ces auteurs qui nous donnent l'envie d'ê tre meilleur et d'aller plus loin; comme tous les gran ds écrivains, il laisse une œuvre qui est à la fois ·> : «Nous sentons très bien que notre sagesse commence où celle de l'auteur finit, et nous voudrions qu'il nous donnât des réponses, quan d tout ce qu'il peut faire est de nous don­ ner des désirs ·>.

BIBLIOGRAPHIE Édition.

-Cell•! de La Pléiade.

dans le volume où l'on trouvera aussi les Pastiches et le Conrre Sainre-Beuve (par Pierre Clarac et Yves Sandre.

Gallimard, 1971).

Les mêmes textes ont été réunis dans les Pastiches er Mélanges (Gallimard, 1919.

rééd.

dans la coll.

«Idées »).

Études.- J.

Autre t.

l'Influence de Ruskin sur la vie.

les idées er l'œuvre de Proust.

Genève.

Droz.

1955; Ph.

Ko1b,. »

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