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Que ma joie demeure

Publié le 05/04/2013

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joie

Que ma joie demeure date de 1935. Voyant avec inquiétude les effets de la crise des années trente, Giono tente d'y opposer la peinture d'une vie rurale et harmonieuse. Le titre de l'oeuvre peut être entendu comme une prière, que l'Histoire se chargera malheureusement de ne pas exaucer.

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« «-Nou s commencerons, dit Jourdan , par le Jas de l'érable près de l'étang.

» EXTRAITS ~~~~~~~- La profession de foi de Bobi -Alors, dit Jourdan, au fond c'est ton métier? -Oui , dit l'homme, etje ne sais pas si tu as remarqué cette longue corde avec des anneaux .

J e la mets comme ça d'un piquet à l'autre et puis je marche sur la corde.

- J'ai vu quelqu efois, dit Jourdan .

- Je marche sur la co rde raide, dit l' hom­ me, etje marche sur la corde molle.

C'est ma spécia lit é.

Plus encore qu e ce que je t'ai fait hier matin, ces trans­ formations de l' hom­ me.

Évidemment, dit-il après avoir allumé sa pip e, quand on con ­ naît le métier on sait qu e tout se tient et que tu mar ch eras d'autant mieu x sur la corde que tu sauras mieux te transformer.

L'h omme, tu co mprend s, moi je l'ai appris sur moi, si tu lui laisses l'habitude de sa facilité, il aime mieux êt re debout sur ses jamb es qu'être de­ bout sur ses mains.

Mais tu peux le forcer à tout fair e.

Même le bi en.

-Non, dit Jourdan .

- Qu'est-ce qu'il fait avec ses yeux ? dit Marthe.

- Il regarde, dit Bobi .

Et voyez, tous les deux comme ce qui est pur et sauvage éclaire l'ombre.

Voyez qu'il a les yeux de la même couleur que les bourgeons, et voyez comme notre regard à nous ne sert plus à rien quand nous sommes en pleine ombre mêlés aux choses sauvages, comm e nous n'avons plus que des pierres mortes sur les paupières parce que nous avons perdu la joie des saisons et la gentillesse naïve.

Regardez comme il a les yeux luisants ! A l'auberge, Randoulet prend conscience de vivre à l'écart On est retourné au « Lion ».

J'ai dit au pa­ tron: « On redescendra peut-être ces jours­ ci avec des moutons.

» Il m'a dit: « Ah! » Je ~-:--~-­ lui ai dit : « Oui, alors on les logera chez vous.

» Il m'a dit : « Logés ch ez moi, comment ? » -Dan s ces écuries-là .

- N'y comptez pas.

On ne loge plus de mou­ tons.

Il me faut toute la place pour les automo­ biles.

- Je lui dis: « Ça, c'est drô le ! » Il me dit : Bobi est allé chercher un cerf « Vous venez d'où ? » dans la for êt Je lui dis : « Plat eau C'était une bête moitié bête et moitié arbre.

Grémone.

»-Ah! c'est On voyait luir e de larges yeux doux mais mâles.

- Qu 'es t-ce que c'est? dit Jou rdan .

- U n ce rf, dit Bobi.

(Il portait de larges bois.) -Seulem ent, dit Bobi, j'ai été obligé d'en ch ercher un qui soit presqu e un homme pour qu'on fasse bien le m élan ge, tu comprends.

pour ça ! Eh bien, il m'a dit, il y a plus de quinze ans qu' on ne l oge plus de moutons ni chez moi ni ailleurs .

Je lui ai dit: « En 1903 ...

»Il m'a dit: « En 1903 c'était mon père.

» Grasset, 1935 « Zulma était devenue la reine de s mouton s.

» NOTES DE L'ÉDITEUR sait rassem bler toute s les voix, en un concert de plu s en plu s polyphonique e t a mbitieu sement ouvert, est une histoire s itu ée su r le plateau Grémone , elle est pr éc iséme nt située en un lieu aux frontières marqu ées, elle concerne une poignée d 'hommes.

Le roman est donc caractérisé par une tension entre l'univer sel et le régional.

» J.-M.

Gleize et A.

Roche, Giono aujourd'hui, Edi sud, 1982.

d 'allégresse, de tragédie et d'apot héose.

« Giono pe int d 'abord quelques hommes, pui s plu sieurs , pui s de s troupe au x d 'homme s, des aventures qui peu à peu se multiplient, de Colline et Regain aux Nouve lles en passa nt par Le Grand Troupeau.

Le Chant du monde est une éta pe, sy nth èse et orchestration symphoniqu e de " tou s ces matériau x é par s " ; Qu e ma joie demeure élargit encore l 'ambition , approfondit et enrichit le lyrisme .

( ...

) Mais en même temps cette œuvre dont le cha nt «C 'es t ici l'écri ture elle-même qui est porteu se de mythe et d'es poir , de vitalité et 1 Lipnitzki-V io llet 2, 3, 4 , 5 illu strat ion s de D.-A.

Steinlen , Pierre de Tartra s éditeur , Bièvres, 1974 Je me s uis aperçu, après avoir lu et relu ce roman, que j'avais attaché si peu d 'import an ce a u sujet qu'il ne m'en restait qu ' un souvenir diffus.

En revanche, son climat poétiqu e laissa it per sister en moi un rayonnement prodigieux.

Du reste, Giono n'ai mait pas que je lui clame mon enthousiasme.

Il portait sur Que ma joie demeure un regard sévère ...

»Jea n Carrière, Jean Giono, qui suis-je ? , La Manufacture, 1985 .

GIO 004. »

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