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RABELAIS: Pantagruel (Fiche de lecture)

Publié le 20/11/2010

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rabelais

«Mais, dès que le roi [Anarche] en eut avalé une cuillerée [de fruits macérés offerts par Pantagruel], il eut un tel échauffement de la gorge, accompagné d'une ulcération de la luette, que sa langue pela, et, quelque remède qu'on lui donnât, il ne trouva d'autre soulagement que de boire sans répit; car, aussitôt qu'il ôtait le gobelet de sa bouche, la langue lui brûlait. Aussi, on ne faisait que lui déverser du vin dans la gorge avec un entonnoir.«

on occupa tous les poêliers de Saumur en Anjou, de Villedieu en Normandie, de Bramont en Lorraine, ni comment on lui donnait cette bouillie dans une grande auge qui est encore à présent à Bourges, près du palais ; mais ses dents s'étaient déjà tellement développées et fortifiées qu'il brisa un grand morceau de l'auge, comme cela apparaît très nettement.« (Ch. 4)

rabelais

« Roman de 34 chapitres, le récit des Horribles et épouvantables faits et prouesses du très renommé Pantagruel Roi des Dipsodes, fils du grand géant Gargantua se présente comme une suite aux Grandes et Inestimables Chroniques du folklore.

Adoptant la structure traditionnelle des aventures de géants, Rabelais lui donne une tournure inédite, enfaisant varier de manière burlesque les styles et les tons, en suscitant à côté du personnage principal uncompagnon capable de toutes les impertinences, enfin, en multipliant les digressions, les passages dans lesquels lelangage prolifère et devient comme un personnage à part entière. Le roman commence par raconter l'origine et l'enfance du héros, puis sa jeunesse.

Au milieu du roman apparaît unnouveau personnage, nommé Panurge (ch.

9).

Devenu l'ami inséparable de Pantagruel, il concurrence désormais cedernier comme personnage principal. 1.

UN LIVRE DROLATIQUE ET BIGARRÉ Dès le seuil, le livre se place avec verve dans une tradition dont il réutilise nombre de procédés.

S'adressant aupublic qui avait aimé les Grandes et Inestimables Chroniques, le prologue parodie ainsi les propos des bonimenteurs qui vantent leurs marchandises sur la place publique et présente le nouveau livre comme doué de toutes les qualitésdu précédent : «Voulant donc, moi, votre humble esclave, augmenter encore votre passe-temps, je vous offre à présent unautre livre du même acabit, si ce n'est qu'il est un peu plus objectif et digne et digne de foi qu'est l'autre.» Le nom même de Pantagruel n'est pas inventé par Rabelais.

Dans les mystères du Moyen Âge, il désigne un diablotinqui verse du sel dans la bouche de ses ennemis pour les assoiffer.

Rabelais fait de lui le fils du Gargantua desGrandes et Inestimables Chroniques et n'hésite pas, tout en lui donnant la stature d'un géant, à lui conserver le stratagème de son ancêtre folklorique: «Mais, dès que le roi [Anarche] en eut avalé une cuillerée [de fruits macérés offerts par Pantagruel], il eut untel échauffement de la gorge, accompagné d'une ulcération de la luette, que sa langue pela, et, quelqueremède qu'on lui donnât, il ne trouva d'autre soulagement que de boire sans répit; car, aussitôt qu'il ôtait legobelet de sa bouche, la langue lui brûlait.

Aussi, on ne faisait que lui déverser du vin dans la gorge avec unentonnoir.» on occupa tous les poêliers de Saumur en Anjou, de Villedieu en Normandie, de Bramont en Lorraine, nicomment on lui donnait cette bouillie dans une grande auge qui est encore à présent à Bourges, près du palais; mais ses dents s'étaient déjà tellement développées et fortifiées qu'il brisa un grand morceau de l'auge,comme cela apparaît très nettement.» (Ch.

4) Le récit peut aussi prendre une dimension épique, par exemple lorsque Pantagruel affronte un autre géant commeLoup Garou : «Lorsqu'il les vit approcher, Pantagruel prit Loup Garou par les deux pieds, leva son corps en l'air comme unepique et, s'en servant comme d'une enclume, il frappait parmi ces géants armés de pierres de taille, et lesabattait comme éclats de pierre qu'on taille, si bien que personne ne se présentait en face de lui sans être jetéà terre [...].

Vous pensez bien qu'il n'en échappa pas un seul, et ainsi, Pantagruel ressemblait à un faucheurqui, de sa faux (c'était Loup Garou), abattait l'herbe d'un pré (c'étaient les géants), mais à cette escrime LoupGarou perdit la tête.» (Ch.

29) Chaque fois, Rabelais mêle à son écriture des éléments burlesques et paillards qui minent de l'intérieur l'éventuelsérieux du style utilisé.

Dans la guerre des Utopiens de Pantagruel contre les Dipsodes du roi Anarche (ch.

23 à 31),par exemple, il parodie les épopées antiques : «Oh ! qui pourra maintenant raconter comment Pantagruel se comporta contre les trois cents géants ! 0 mamuse, ma Calliope, ma Thalie, inspire-moi maintenant, redonne-moi mes esprits, car voici le pont aux ânes delogique, voici le trébuchet, voici la difficulté qui est d'exprimer l'horrible bataille qui eut lieu.» (Ch.

28) 2.

LE GÉANT, SON CHRONIQUEUR ET SON RUSÉ SECOND La multiplicité des styles et des niveaux de langage utilisés par Rabelais s'organise autour de trois pôles : lenarrateur, Alcofribas Nasier (anagramme de François Rabelais), qui se présente comme un fidèle sujet et chroniqueurdu géant et intervient parfois en tant que personnage à part entière (cf.

le chapitre 32, durant lequel Alcofribasvoyage dans le corps de Pantagruel) ; Pantagruel lui-même, dont les exploits constituent le sujet du roman ; enfin,Panurge, homme industrieux et beau-parleur, qui devient le serviteur préféré du géant (cf.

, ch.

9 «CommentPantagruel rencontra Panurge, qu'il aima toute sa vie»). Le chroniqueur est chargé de la plus grande partie du récit; néanmoins la présence de Panurge dans les chapitrescentraux du roman (ch.

9 à 22) aboutit par moments à éclipser sa fonction de narrateur, notamment au chapitre 14où Panurge, enfin décidé à révéler d'où il vient, tient son public en haleine en relatant ses mésaventures au paysdes Turcs.

En d'autres occasions, au contraire, Panurge devient l'interlocuteur direct d'Alcofribas :. »

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