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Résumé de Jacques le fataliste de Diderot

Publié le 08/01/2020

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Le xviiie siècle méprisait le roman pour ses invraisemblances. Pour avoir l’air vrai, Diderot nie donc être romancier. Le lecteur n'est pas dupe pour autant. L'œuvre qu’il découvre reste une fiction, mais qui modifie les rapports traditionnels avec l'imaginaire.

Le réalisme social

L’épisode paysan revêt d’évidents aspects comiques : satire des médecins, comique de répétition, préliminaires plaisants aux ébats des époux. Mais sa valeur documentaire n’en est pas moins réelle. Diderot se montre attentif à la misère du monde paysan, frappé en 1770 par une grave crise économique : «L’année est mauvaise; à peine pouvons-nous suffire à nos besoins et aux besoins de nos enfants. Le grain est d’une cherté! Point de vin! Encore si l'on trouvait à travailler; mais les riches se retranchent1 ; les pauvres gens ne font rien ; pour une journée qu’on emploie, on en perd quatre» (p. 53).

Diderot s’indigne et s'émeut, d'autant que la pauvreté provoque une insécurité générale : « Ils traversaient une contrée peu sûre en tout temps, et qui l'était bien moins encore, alors que la mauvaise administration et la misère avaient multiplié sans fin le nombre des malfaiteurs» (p. 41).

Fatalisme et liberté

Avec la lenteur de Jacques à quitter l’auberge et les clés qu’il emporte dans sa poche, Diderot traite sur le mode plaisant une question philosophique majeure sur le déterminisme et la liberté. En effet, si, comme le soutient Jacques, «tout est écrit là-haut», à quoi bon agir, lutter, penser? Pourtant Jacques se comporte avec prudence en neutralisant les brigands. Il affirme sa liberté et entre, par là même, en contradiction avec ses principes. Certes, dit-il, «le calcul qui se fait dans nos têtes, et celui qui est arrêté sur le registre d’en haut, sont deux calculs bien différents» (p. 46). C’est en tout cas une première entorse au fatalisme dont il se réclame.

lui faire de le savoir? S’il «entame le sujet de leur voyage, adieu les amours de Jacques» (p. 37).

Jacques reprend donc son récit. Sa blessure au genou le faisait terriblement souffrir. Son maître en doute. Jacques proteste. Une rencontre inopinée avec un cavalier, portant une femme en croupe, interrompt leur débat. L'homme, chirurgien de son état, confirme que la blessure au genou est une des plus douloureuses qui soit. D’ailleurs, pour le «démontrer»... Dans son dos, la femme le presse d'aller de l’avant. Le chirurgien s’entête, veut «démontrer». Et sur un geste maladroit, la femme se retrouve à terre, «les cotillons renversés sur sa tête». Jacques l’aide à remonter à cheval. Diderot imagine les développements romanesques qu’il donnerait à cet épisode, s'il lui en prenait la «fantaisie».

Le chirurgien et la femme s'éloignent. Jacques reprend son récit. Avec d’autres blessés, il fut chargé dans une charrette pour être transporté à l’hôpital. Lors d’une halte, une paysanne le prit en pitié, et finalement ('hébergea. Non, contrairement à ce qu’avance son maître, il ne tomba pas amoureux de son hôtesse. Que dire d’ailleurs si tel avait été le cas ? Est-on libre « de devenir ou de ne pas devenir amoureux?» (p. 40). S'ébauche alors une discussion philosophique : si «tout ce qui nous arrive de bien et de mal en ce monde est écrit là-haut» (p. 40), de quoi sommes-nous responsables?

Le soir tombe. Jacques et son maître s'arrêtent dans une auberge, qui se révèle être un repaire de brigands. Indigné que ceux-ci aient tout dévoré à leur dîner et qu’ils maltraitent un valet, Jacques, pistolets aux poings, les enferme à double tour dans leurs chambres et emporte leurs vêtements. Au moins lui et son maître pourront dormir en paix !

REPÈRES POUR LA LECTURE

La fiction romanesque de nouveau dénoncée

Les commentaires de Diderot sur la chute de la femme soulignent l'arbitraire des conventions narratives : «Je donnerais de l'importance à cette femme; j'en ferais la nièce d’un curé du village voisin;

Un auditoire passionné

Jacques et son maître ne se contentent pas d’écouter leur hôtesse aubergiste : ils réagissent à son récit et, par là, ils y participent. Tantôt pour Juger le marquis ou sa maîtresse :

Le MAÎTRE, en frappant sur sa tabatière et regardant à sa montre l'heure qu'il est. - Voilà une terrible tête de femme! Dieu me garde d’en rencontrer une pareille (p. 167),

tantôt pour anticiper sur la suite des événements :

JACQUES. Si elles [M™ d’Aisnon et sa fille] continuent comme elles ont débuté, monsieur le marquis des Arcis, fussiez-vous le diable, vous ne vous en tirerez pas (p. 174).

Ces commentaires de l'auditoire renforcent l’impression de vérité du récit, d’autant plus qu’ils pourraient être ceux du lecteur. L’intérêt s’en trouve accru.

La relativité de la morale

À peine l’aubergiste a-t-elle achevé son récit que Diderot intervient et interpelle le lecteur pour le contredire. Comment juger le comportement des protagonistes de cette vengeance? Mme de La Pommeraye peut apparaître comme une femme inquiétante, cruelle, dont la «vengeance est atroce» (p. 198). Diderot prend sa défense :

Elle touchait au moment où la perte d’un amant ne se répare plus. Tel était son caractère, que cet événement la condamnait à l’ennui et à la solitude. Un homme en poignarde un autre pour un geste, pour un démenti; et il ne sera pas permis à une honnête femme perdue, déshonorée, trahie, de jeter le traître entre les bras d’une courtisane? (p. 199).

M™ d’Aisnon et sa fille se prêtent certes sans beaucoup de scrupules de conscience à ces manœuvres vengeresses. Mais peut-on les blâmer, la première de vouloir échapper à la vie d'un tripot, et la seconde de vouloir fuir la prostitution? Quant au marquis des Arcis, il ne fut jamais méprisable. Comment, dès lors, juger autrui? Toute morale est relative.

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« Deux hommes, Jacques et son maître, chevauchent sur une route, quelque part en France.

D'où viennent-ils? Où vont-ils? On l'ignore.

Pour meubler le temps, Jacques entreprend le récit de ses amours.

Mais les réflexions de son maître, les interventions personnelles de Diderot, de menus incidents de voyage et de nombreux récits secon­ daires effectués par des personnages rencontrés chemin faisant l'in­ terrompent sans cesse.

Jacques, d'ailleurs, adore tellement parler que lui-même s'écarte souvent de son sujet pour philosopher ou pour raconter une aventure survenue à l'un de ses amis.

Discours et péripéties s'enchevêtrent ainsi dans le plus grand désordre apparent.

Jacques le Fataliste est un roman de la route ...

qui déroute les lecteurs habitués à découvrir dans le texte roma­ nesque une intrigue suivie : la chronologie y est bafouée, la trame décousue et l'action inexistante.

L'établissement d'un résumé n'en devient que plus nécessaire.

Le voyage des deux personnages durant neuf jours, on le détaillera jour après jour.

PREMIÈRE JOURN~E (pages 35 à 37) 1 RÉSUMÉ Diderot refuse avec désinvolture de présenter ses personnages 2• Sans transition, Jacques approuve l'opinion de son capitaine qui, du temps où il était soldat, lui disait que tout est écrit à l'avance sur le registre du destin.

Jacques en veut pour preuve ses propres mésa­ ventures.

S'il ne s'était pas querellé avec son père, il ne se serait pas engagé dans l'armée; s'il ne s'était pas engagé, il n'aurait pas été blessé au genou lors de la bataille de Fontenoy 3; et s'il n'avait pas été blessé, il ne serait jamais devenu boiteux ...

ni amoureux.

1.

Page 37 jusqu'à: «Mais ils en seront quittes l'un et l'autre pour une mauvaise nuit, et vous pour ce délai"· 2.

Le résumé des interventions de Diderot dans le récit apparaît en italique, et le résumé des histoires racontées par les différents personnages ou Diderot lui-même est composé dans une typographie plus petite.

3.

Fontenoy : village de Belgique, dans le Hainault, où, le 11 mai 17 45, les Français bat­ tirent une coalition anglo-hollandaise.

Cette victoire permit à la France de conclure trois ans plus tard, en 17 48, la paix d'Aix-la-Chapelle.

12 RËSUMË ET REPÈRES POUR LA LECTURE. »

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