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RÊVE DE D'ALEMBERT (le) de Denis Diderot

Publié le 21/03/2019

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RÊVE DE D'ALEMBERT (le), ouvrage de Denis Diderot, composé de trois dialogues, intitulés la Suite d'un entretien entre M. d'Alembert et M. Diderot, le Rêve de d'Alembert proprement dit et Suite de l'entretien précédent. Cette trilogie composée en 1769 constitue une somme de la philosophie de l'auteur. Alors que le Système de la nature, à la rédaction duquel Diderot collabora avec d'Holbach, représente une somme dogmatique et systématique du matérialisme, le Rêve en est une version ouverte et dialectique. L'hypothèse de la sensibilité de la matière est lancée par le personnage du philosophe Diderot, discutée par le mathématicien d'Alembert, puis reprise et élargie par ce même d'Alembert rêvant et délirant, délivré de ses censures conscientes, affinée enfin par les interventions de la maîtresse de d'Alembert, Mlle de Lespinasse et du médecin Bordeu qu'elle a appelé à son chevet. Ainsi s'élabore la grandiose vision de l'Univers comme océan de matière, traversé de flux et travaillé de forces, sans Dieu ni centre. Les souvenirs de Lucrèce et de la pensée antique se mêlent aux ressources tirées des sciences de la vie du temps et à des intuitions de théories biologiques ultérieures. Le troisième dialogue, entre Bordeu et M1,e de Lespinasse, cherche à tirer des conclusions sociales et morales de ce matérialisme. L'auteur en vient à une éthique révolutionnaire qui admet l'onanisme, l'homosexualité et la bestialité (création de chimères, notamment). Ce texte qui constitue sans doute une des avancées limites de la philosophie des Lumières a été gardé par Diderot dans ses tiroirs. Le manuscrit n'en a été révélé au public qu'en 1831.

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« 214 Denis DIDEROT Nornteur tant par ses thèses que par sa forme, Le Rêve de d'Alembert (Garnier­ Flammarion, 1965) commence comme un dialogue socratique, mais prend vite un cours inattendu : d'Alembert, qui a refusé toute discussion des thèses matérialistes et vitalistes de son médecin et ami Théophile de Bordeu, est pris de fièvre et de délire pendant son sommeil.

Réunis à son chevet, Bordeu et Julie de Lespinasse l'entendent soutenir des thèses qu'il récusait la veille, et les commentent jusqu'à ce qu'il se réveille.

Un nouvel entretien a lieu le lendemain entre Bordeu et Julie de Lespinasse.

De quoi rêve d'Alembert, et pourquoi rêve-t-il ? Le rêve contient tout un système philosophique où sont expliqués les rapports complexes entre le corps et l'esprit, la matière et la pensée, l'individu et le monde, tels qu'on peut les envisager dès lorsqu'on renonce à l'existence de Dieu et de toute substance immatérielle.

Pourquoi faut-il un rêve pour penser tout cela ? La raison apparaît vite : l'inconfort de cette pensée matérialiste, mais aussi ses implications subversives, qui deviennent explicites dans le dernier entre­ tien: il n'y a pas de contre-nature, et la morale n'est qu' affaire de convention.

l A.

Contexte et enjeu du débat t Ce qui est discuté est la thèse de Bordeu : «La sensibilité est une propriété générale de la matière » (p.

881 ).

Il s'agit de savoir si l'on peut rendre raison des processus naturels, et plus particulièrement du phénomène de la vie, en se passant du postulat d'une substance inétendue, incorporelle: l'âme, que l'on oppose (depuis Aristote) à la matière inerte.

t Une autre question se pose : celle de l'insertion des individus dans un Tout (la Nature, le monde), et de l'adaptation des facultés individuelles aux conditions impo­ sées par le monde extérieur.

La réponse repose généralement sur l'existence d'un Dieu créateur et de« causes finales» de tout ce qui existe; la cause de l'oreille est sa fina­ lité : entendre.

Dieu, qui fait tout pour le mieux, a donné des oreilles à l'homme parce que l'homme devait entendre pour vivre.

Déjà récusées par Spinoza, les causes finales se voient remises en question au xvme siècle par les recherches en biologie, qui com­ mencent à découvrir le processus de la formation continue des organes.

On ridiculise la question « de !' œuf et de la poule '" et le concept d'évolution fait son apparition.

L'objectif de Diderot est de rejeter l'existence de Dieu, des causes finales ou des « germes préexistants ».

t L'enjeu du texte est finalement immense: peut-on se passer de Dieu pour rendre compte du monde ? L'hypothèse de Son inexistence est-elle plus ou moins tenable que celle de Son existence ?. »

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